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Extrême droite/gauche : le face-à-face explosif de ce samedi

2500 personnes sont attendues ce samedi à Lyon. L'extrême droite qui a même mobilisé à l'étranger se retrouvera à St-Jean pour dénoncer l'interdiction par le préfet de la marche des cochons qui visait la filière halal. La gauche et l'extrême gauche organisent une contre-manifestation. La police craint des affrontements et la présence de manifestants encagoulés ou portant des masques porcins, pressés d'en découdre.

Lyon sera ce samedi le théâtre d'un face-à-face tendu. D'un côté l'extrême droite va stationner à St-Jean "pour la liberté". Un intitulé changé à la suite de l'interdiction par le préfet de la marche des cochons qui visait à dénoncer "l'islamisation de la France" (lire ici). De l'autre, une contre-manifestation organisée par des formations de gauche (PS, Europe Ecologie, MRAP, Planning familial…) et d'extrême gauche qui refusent que Lyon devienne "un laboratoire de l'extrême droite". La police s'attend à voir 2500 personnes dans les rues, 600 venant de l'extrême droite, 2000 de la gauche. Et espère que ce face-à-face restera à distance.

"Montrer les dents plutôt que mordre"

Pour ce faire, 300 agents de la paix seront à pied d'oeuvre dont 200 CRS (trois compagnies). "Il vaut mieux montrer les dents que d'avoir à mordre", indique Jean-Marc Rebouillat, directeur de la sûreté départementale. Celle-ci a même mis en place une cellule exceptionnelle pour recevoir les "prises" effectuées ce jour-là. Parmi les délits attendus, le port d'armes, l'absence de papiers d'identité et la dissimulation de visage. Les organisateurs des deux manifestations ont été prévenus : la police ne tolèrera pas que des visages soient cachés, conformément à la règlementation en vigueur depuis la fin de l'année dernière. Les arrestations seront alors "systématiques". C'est ce même message de fermeté qu'a fait passer le préfet qui a reçu les organisateurs du rassemblement pour la liberté mercredi, et ceux de la contre-manifestation le jeudi. Eux-mêmes pourraient être tenus responsables d'éventuels débordements. Les autorités craignent des échauffourées : sur Internet, les deux camps se sont adonnés à une surenchère verbale, poussant à des "opérations commandos".

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Masques de cochons et slogans anti-halal ?

L'extrême droite a donné rendez-vous à ses militants à 14h30 à St-Jean, pour un rassemblement sur la place pendant deux heures. Cachez ce cochon que je ne saurai voir : il n'est plus question de porter des masques porcins pour dénoncer la filière halal et "l'islamisation" de la France. Interdit par le préfet, cet événement est rebaptisé "rassemblement pour la liberté". Est-ce si sûr qu'aucune bête ne montrera son museau ? Le site identitaire Rebeyne s'attend à ce que certains viennent avec leur masque. De la même façon, des slogans hostiles au halal ne sont pas à exclure. Braveront-ils la consigne préfectorale ? "Tout dépend du nombre que l'on sera", souffle Damien, le porte-parole de Rebeyne.

Sur le groupe Facebook, 1100 personnes affirment vouloir rejoindre la manifestation d'extrême droite. "Si on est 600, ce sera réussi", indique le porte-parole. C'est justement le chiffre estimé par la police. Un car de militants va venir de Nice. Rebeyne table aussi sur une cinquantaine de Parisiens, une vingtaine d'Auvergnats, une vingtaine de Bretons. "C'est quasiment une mobilisation européenne, avec des personnes de pays étrangers", ajoute une source policière. La médiatisation de l'événement a joué à plein. Le changement d'intitulé pourrait toutefois décourager certains. "C'est moins rigolo que la marche des cochons. Les gens qui viennent de loin peuvent être moins motivés", estime le porte-parole de Rebeyne. Ce renfort de militants étrangers à Lyon inquiète les organisations de gauche. "Ce ne sont pas des gens qui viennent pour rester gentiment trois heures place St-Jean", craint Philippe Bouvard, membre de Sud Education. Le syndicaliste relève par exemple que le Front National organise à 11h un rendez-vous en l'honneur de Jeanne d'Arc, place Chavannes (Lyon 6e).

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Dans le viseur, deux locaux d'extrême-droite

La contre-manifestation part de 14h place des Terreaux. "Pour que Lyon ne soit pas un laboratoire de l'extrême droite", peut-on lire en slogan. Les participants regagneront Bellecour où des prises de parole vont se succéder devant le veilleur de pierres. Le cortège va atteindre la place Guichard vers 16h30 avant de se disperser.

Outre l'événement organisé par l'extrême droite, le collectif veut dénoncer les agressions récentes menées par des néo-nazis, comme à Villeurbanne où une femme avait été frappée à coups de batte de base-ball le 15 janvier dernier (lire ici). Ils souhaitent aussi réclamer la fermeture de deux locaux "qui propagent la haine", à St-Jean et à Gerland. "Nous avons vérifié qu'il n'y aurait pas de velléités d'affrontement", affirme Jeff Ariagnon, engagé au sein du collectif pour le parti socialiste. La manifestation ne partira pas tant que des gens encagoulés seront à l'intérieur". Ceux qui enfreignent les règles auront le choix entre quitter leur masque ou le défilé. Le collectif vise les 2000 participants, venus de la région. "Il existe 450 militants anarcho-libertaires à Grenoble, très mobilisés", précise une source policière.

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