Faut-il en finir avec le PS ? Jean-Louis Touraine répond (5/5)

Que nenni ! Les querelles intestines ont redoublé. Fiasco des européennes, guerre de phrases assassines, des cadres qui se prennent pour des incendiaires, la vie du PS est un peu devenue un soap opéra. A Lyon, nous n'échappons pas à la règle. Gérard Collomb, le sénateur-maire de Lyon, n'a pas manqué une occasion en 2009 pour rajouter de l'huile sur le feu. Il a contesté l'ordre des listes pour les européennes avant d'avouer qu'il voterait PS "avec difficulté". A quelques semaines de l'université du PS à La Rochelle, l'avenir du parti socialiste paraît bien compromis. Toute la semaine, un élu socialiste répond à la question : faut-il en finir avec le PS ?

Ce mercredi, Jean-Louis Touraine, premier adjoint au maire et député de la 3ème circonscription du Rhône.

'Ce qui est plus important que l'avenir du PS, c'est la pérennité de la démocratie. Pour rester en démocratie, il faut une majorité au pouvoir et une opposition suffisamment organisée et forte. Quand il n'y a pas ça, il y a des risques d'aventures personnelles, de pouvoir excessif et de non démocratie. C'est toujours comme ça qu'ont émergés les extrêmes dangereux.
Nous assistons actuellement à un affaiblissement du PS, qui représentait pendant les dernières décennies cette alternative possible. Il est affaibli parce qu'il se livre trop de combats internes. Pour autant, faut-il le supprimer ? Je n'en suis pas sûr parce qu'il a une symbolique historique assez intéressante. Avec l'effondrement successif du communisme et du capitalisme, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut mettre en place autre chose. Cette autre chose, qui ne soit ni le communisme, ni le capitalisme pur et dur, se rapproche qu'on le veuille ou non du socialisme. Il a besoin d'être modernisé, c'est évident, mais c'est le cas dans tous les pays européens. Il faut réinventer ce qui va succéder à la social-démocratie.
Le PS ne peut pas représenter l'alternance à lui seul mais avec un rassemblement de plusieurs partis. Il faut quitter les travers du passé, le parti ne peut prétendre dicter absolument tout aux autres. Je pense à une sorte de fédération dans laquelle le PS à une place, tout comme les autres. On peut changer le nom si certains le veulent : l'appeler mouvement socialiste, rassemblement socialiste peu importe. L'alternative que nous proposerons doit par contre être crédible. Ensuite, il nous faudra un porte parole qui soit le plus visible possible. Cette personne doit être meilleure que ce que nous offre la droite actuelle. Je ne vais pas dire qui mais ce sera à l'ensemble de la gauche de le décider.
Gérard Collomb peut par ailleurs jouer un rôle important parce qu'il ne se retrouve pas dans ces conflits à distance des réalités concrètes que vivent les français. Je crois qu'il peut peser pour que soit pris en compte le problème des collectivités locales, des difficultés à gérer les villes, les régions, et pas seulement les grandes idées nationales.
Nous devons donc élaborer une vraie plateforme d'actions indispensables sur lesquelles nous nous engageons tous. Nous verrons après qui en est le porte parole qui devra l'appliquer. Nous avons le travers en France de chercher l'homme ou la femme providentielle, je pense qu'une démocratie aboutie est forcément un programme élaboré par plusieurs, et qui est ensuite porté par le plus susceptible de diriger l'équipe.'

Propos recueillis par Sébastien Gonzalvez

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