Alors que cet après-midi à Lyon Emmanuel Macron était au centre de l’attention, les militants LR se réunissaient au siège du parti, avant de lancer des opérations de tractage. Si les arguments de François Fillon font mouche auprès de ses fidèles, l’accueil sur le terrain est mitigé.
"Aujourd'hui Fillon est candidat, c'est sa décision",affirme-t-on chez Les Républicains, ce samedi 4 février. Une décision qui ne plaît pas à tout le monde. Les militants sont venus en nombre, preuve que la base reste mobilisée, mais des mécontents ont déjà quitté la permanence. "Je refuse d'entendre parler de Fillon", lance un militant passablement en colère. "Allez-y, partez, vous avez raison !" lui répond-on, avant de reprendre la réunion.
Les militants sont informés des arguments à tenir
Finalement, il y aura peu de défections. La réunion avait surtout pour but de briefer les militants sur les éléments de langage à utiliser pour la défense de leur candidat. François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône, résume la position du parti : "On soutient notre candidat, on ne se laissera pas déstabiliser par une opération professionnellement organisée." Il se félicite du nombre de personnes présentes. "Nous sommes debout", sourit-il.
Les Républicains sont formels : il n'y a pas de plan B. "François Fillon a le programme pour sauver la France", répètent-ils. Hors de question de le remplacer par un perdant de la primaire, ou un lieutenant d'un de ces perdants – Baroin n'est pas une option, Wauquiez est à peine évoqué. "Il y a eu une primaire, on ne veut pas se la faire voler", expliquent-ils.
La thèse du complot a pris auprès des militants
Alors que le rendez-vous touche à sa fin, les troupes se rassemblent devant la permanence. "On va gagner ! Fillon président !" crient-ils devant la fédération. Malgré le Penelope Gate, les militants défendent leur candidat bec et ongles. "C'est un complot de Taubira et Macron", est persuadée une militante à la retraite. "Il va s'expliquer, il a demandé un peu de temps, explique un militant de longue date. On ne parle que de ça depuis quinze jours, c'est du lynchage médiatique."
D'autres invoquent la loi. "C'est légal !" martèlent les jeunes militants. "Ce n'est pas normal, mais tout le monde fait ça, s'énerve-t-on. Pourquoi s'acharner sur François Fillon ?" Les militants attendent le dénouement judiciaire de l'affaire. "Tout ça ne tient pas, ça va se dégonfler", explique un enseignant de droit pénal à l'université Lyon 3, persuadé que ce qui est reproché à François Fillon n'est pas condamnable par la justice.
Sur le terrain, difficile pourtant de convaincre
Sur le terrain, la position est plus compliquée à tenir. Les militants se sont dispersés pour des opérations de tractage et, près du métro Foch, l'accueil est mitigé. "Ah, je l'attendais !" lance une dame, sortant du métro, ramassant un tract au passage. "On n'a pas trop de rejets", se félicite un jeune militant en veste bleue et cravate rouge.
"Vous nous avez débarrassés d'un clown pour élire un menteur !" s'énerve pourtant une jeune femme, avant de filer. D'autres s'arrêtent pour argumenter leur position. "Je mérite chaque euro que je gagne, de quel droit donne-t-il de l'argent à sa famille ? s'agace une mère célibataire. J'ai voté pour lui à la primaire, mais maintenant je suis très mal à l'aise. Il s'est présenté comme l'homme de la probité, ce qu'il a fait n'est pas acceptable sur le plan moral."
"Je suis chef d'entreprise et je ne gagne pas 900 000 euros en huit ans, s'énerve un quarantenaire. C'est honteux, il aurait dû s'excuser et se retirer. Quand on se présente à la magistrature suprême, on se doit d'être exemplaire." Quelques militants avouent également avoir été un peu déçus par la défense de François Fillon. "Ses deux premiers discours n'ont pas convaincu", admet une militante. "Sa communication a été catastrophique jusqu'ici", finit par lâcher un étudiant qui distribue des tracts.