Fonds secrets : la colère de Sarkozy contre Guéant

20 000 à 25 000 euros en liquide ont été retrouvés chez Claude Guéant lors d’une perquisition, dans le cadre d’une enquête sur le financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Une somme qui proviendrait de fonds “spéciaux” datant de son passage au cabinet de la place Beauvau entre 2002 et 2006.

“Avant le décret de décembre 2001, chaque ministre recevait tous les mois une enveloppe ou une valise d’argent liquide de la part du Premier ministre, pour alimenter ce qu’on appelait les fonds spéciaux”, explique l’ancien député (PS) René Dosière, spécialiste de la gestion des finances publiques. De mémoire de membres de cabinet, cette pratique était tolérée depuis des décennies sous la Ve République et communément appelée “fonds spéciaux”.

“J’allais à Matignon récupérer de l’argent”

En clair, chaque mois, comme nous le révèle un ancien chef de cabinet en exercice dans un ministère au milieu des années 1980, “j’allais chercher à Matignon de l’argent liquide pour rétribuer le cabinet du ministère”. Environ 150 000 francs étaient répartis entre une vingtaine de personnes. “L’argent sortait directement de la Banque de France, les billets n’avaient jamais servi”, indique cette personne. Cet argent était considéré comme une prime donnée aux collaborateurs qui “travaillaient beaucoup” et “dont le poste était en sursis”. Selon l’ancien ministre du Budget, Alain Lambert, les conseillers étaient ainsi rémunérés à 60 % de manière officielle et à 40 % sur les fonds secrets de Matignon.

En 2001, les primes officialisées

Cette pratique a été interdite en 2001, par décret, sous le gouvernement Jospin. Depuis, les primes devaient être officialisées et remplacées par une rémunération traditionnelle. Mais, a priori, pour Claude Guéant, cette procédure a perduré. Pour expliquer la provenance de cette somme en liquide découverte chez lui, il affirme que des primes en espèces étaient toujours versées aux fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, jusqu’en 2006. S’il est vrai que de l’argent liquide circulait dans ce ministère, il était destiné à la DGSE ou à la rétribution des indics. De tels versements ont été confirmés par des syndicats de police, interrogés ce vendredi par leMonde.fr

Nicolas Sarkozy “fou de rage” contre Guéant

Dans sa défense, Claude Guéant met en cause, indirectement, Nicolas Sarkozy. À l’époque, celui-ci était ministre de l’Intérieur (de juin 2005 à mars 2007). “Il est fou de rage contre Guéant”, murmure un proche de l’ancien président. De leur côté, Chantal Jouanno et Rachida Dati, membres du cabinet du ministère à cette époque, démentent totalement avoir reçu des primes en liquide. Manuel Valls, l’actuel locataire de la place Beauvau, a décidé d’ouvrir une enquête administrative. Après avoir répondu volontiers aux médias et s’être affiché au 20h de France 2, Claude Guéant a préféré arrêter de communiquer.

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