L'opposition PS au conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a critiqué le choix de Laurent Wauquiez de ne pas signer avec l'État le plan d'investissement compétences d'une hauteur de plus de 600 millions d'euros pour la région. Un choix assumé par l'exécutif qui regrette de ne pas avoir eu assez “de certitudes” sur le financement de ce PIC.
Laurent Wauquiez a refusé de signer avec l'État le plan d'investissement compétences. Un projet présenté par le gouvernement qui prévoit de former en France un million de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et 1 million de jeunes éloignés du marché du travail pour un budget de 15 millions d'euros réparti sur cinq ans.
“Une vraie catastrophe”
Une décision très critiquée par l'opposition PS à la région qui a tiré à boulets rouges sur le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes. “Nous tirons la sonnette d'alarme parce que ce choix idéologique de Laurent va être une vraie catastrophe pour les personnes éloignées de l'emploi”, dénonce Philippe Reynaud, élu régional PS de l'Isère. Selon ce dernier, la région a fait un choix simplement “idéologique” : “Ce plan d'au moins 600 millions d'euros a été refusé parce que la région voulait que le Gouvernement se base sur le compte administratif 2018. Or ce n'est pas possible à cause de l'écart entre les dépenses des budgets primitifs et celles vraiment réalisées”.
Pour le groupe socialiste, la région a déjà 150 millions d'euros de baisse et de non-exécution des budgets formation sur les années 2016 et 2017. “Laurent Wauquiez dit qu'il fait des économies sur le gaspillage de l'administration, mais ça, c'est une fable. La réalité c'est qu'il fait des économies sur le dos des chômeurs des personnes les plus éloignées de l'emploi. Il faut ça parce que peu de gens savent que c'est la région qui s'occupe de la formation donc les réactions sont moins vives”, s'agace un membre de l'opposition. Les élus PS regrettent aussi que la région Auvergne-Rhône-Alpes “soit la seule à ne pas avoir signé ce dispositif”.
“Pas de certitude sur le budget”
Contactée, Stéphanie Pernod-Beaudon s'inscrit en faux. “Nous ne sommes pas les seuls à ne pas l'avoir signé. Pourtant, on était OK pour le parapher parce que l'on partage beaucoup des orientations de ce plan”, assure-t-elle. “On a refusé le contrat de convention pour 2019, mais rien ne dit que ce sera aussi le cas en 2020, poursuit l'élue de l'Ain. Si on ne l'a pas fait, c'est parce que l'État a refusé de verser un acompte. On n'avait donc pas de certitude sur le budget”. Muriel Penicaud, la ministre du Travail, a critiqué ce choix de Laurent Wauquiez dans un courrier. Une missive où elle a regretté que la région ait “supprimé 65% des formations des chômeurs les moins qualifiés”. “Soit elle est ministre du Travail et on parle de la formation des jeunes, soit on fait de la politique nationale. Là, on voit bien que c’est une campagne contre la politique de la région”, a répondu Stéphanie Pernod-Beaudon.
Cette décision de l’exécutif ne sera pas présentée aux élus régionaux. “Il refuse ce plan, mais ne fera jamais voter une délibération sur ça parce qu'il sait que sa majorité exploserait. Les élus centristes, dont certains sont députés de la majorité gouvernementale, seraient dans une situation intenable”, conclut un responsable PS à la région.