INTERVIEW - Ces quatre élus de l'agglomération réitèrent publiquement leur soutien à Hélène Mandroux en Languedoc-Roussillon. Ils prennent ainsi leur distance à l'égard de Gérard Collomb qui sera ce mardi aux côtés de Georges Frêche.
Quatre parlementaires de l'agglomération appellent "tous les socialistes à soutenir la liste conduite par Hélène Mandroux" face à Georges Frêche, en Languedoc-Roussillon. Cette prise de position n'a pas été prise aujourd'hui par hasard : ce mardi, Gérard Collomb sera à Montpellier pour soutenir le président sortant. Par ce courrier, ils entendent prendre leur distance à l'égard du maire de Lyon qui soutient le paria actuel du PS.
Les quatre parlementaires, ce sont Pascale Crozon et Pierre-Alain Muet, députés, Christiane Demontès, sénatrice et Sylvie Guillaume, députée européenne. "Si bien gérer une collectivité est capital, se revendiquer du socialisme c’est également en partager les valeurs, les mettre en oeuvre et proscrire les propos intolérables et inacceptables tels que ceux prononcés par le Président sortant", écrivent-ils.
Nous les avons interrogés sur leur initiative : Christiane Demontès craint que Mandroux ne finisse par perdre la ville de Montpellier, Sylvie Guillaume relate un dérapage pro-serbe de Frêche resté secret. Et Pascale Crozon dénonce le "coup de pied de l'âne" donné par Collomb à Aubry.
Lyoncapitale.fr : Pourquoi cette prise de position de votre part ?
Pierre-Alain Muet : C'est moi qui en ai pris l'initiative. J'ai eu beaucoup d'appels de députés qui me demandaient ce qui se passait à Lyon. Nous avons tous soutenu l'idée de présenter une liste socialiste en Languedoc-Roussillon. Apparemment ça n'allait pas de soi pour tout le monde. Normalement tous les socialistes soutiennent cette liste...
Christiane Demontès : Le PS a une attitude courageuse, enfin, face à Georges Frêche. Il a sûrement été un bon président de région. Il est cultivé, chaleureux, mais ses dérapages verbaux sont insupportables. Il fallait prendre cette position : il en va de la morale en politique. Hélène Mandroux est attaquée de toute part. Elle prend le risque d'être évincée de Montpellier si elle fait un petit score. Frêche me parait animé d'un désir de vengeance.
Pascale Crozon : J'en ai ras-le-bol de ces élus qui se croient tout permis, j'en ai assez de ceux qui pensent avoir tous les pouvoirs. Il faut soutenir Hélène Mandroux qui est en difficulté.
Le PS ne réagit-il pas trop tard ?
Christiane Demontès : Quand il a été exclu du PS, il aurait fallu dire tout de suite qu'il ne serait pas soutenu par le PS pour les régionales.
Sylvie Guillaume : Oui, le PS a réagi trop tard. J'ai le souvenir d'un bureau national où Georges Frêche tenait des propos douteux sur l'ex-Yougoslavie, défendant une position univoque pro-Serbe. C'est insupportable ces qualificatifs à l'emporte-pièce sur des catégories de gens. Il a un bon bilan, mais pas plus que les autres présidents de région de gauche. Il a l'art de la communication, il sait mettre en scène ses actions.
Pierre-Alain Muet : Il a déjà été exclu du PS après des propos racistes. Mais il revenait aux militants locaux de proposer une autre liste et celle-ci s'est, je crois, retirée.
Pascale Crozon : C'est toujours ennuyeux d'avoir à gérer ce type d'affaire. Martine Aubry a essayé de tempérer les choses mais il a recommencé. Je suis tout à fait d'accord avec Martine Aubry.
N'aurait-il pas fallu faire liste commune avec Europe Ecologie, quitte à perdre la 1ère place ?
Sylvie Guillaume : Pleins de choses rapprochent les humanistes de gauche. Les choses ne sont pas fermées pour le second tour. C'est je crois l'enseignement des négociations off qui ont été conduites.
Pascale Crozon : Si Hélène Mandroux n'a pas fait cette fusion, c'est que ce n'était pas possible. Peut-être Europe Ecologie avait-elle les yeux plus gros que le ventre....
Comment réagissez-vous à la position prise par Gérard Collomb ?
Christiane Demontès : La position de Gérard Collomb me choque, d'autant qu'il est un responsable national du PS.
Pascale Crozon : Oui, ça me choque. C'est une attitude très regrettable. C'est le coup de pied de l'âne donné à Aubry qui essaie de mettre le parti debout. Ce n'est vraiment pas le bon moment.
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