Rhône-Alpes est-elle concernée par la volonté de Manuel Valls de diviser par deux le nombre de régions françaises d’ici au 1er janvier 2017 ? De la fusion avec l’Auvergne à l’absorption de départements limitrophes, plusieurs projets ont récemment circulé. Nous avons fait réagir Jean-Jack Queyranne.
Rhône-Alpes va-t-elle être préservée du mouvement de fusion des régions françaises engagé par Manuel Valls ? Le Premier ministre a affirmé vouloir diviser par deux leur nombre d'ici au 1er janvier 2017, sur la base du volontariat ou, si besoin, par la loi. "Regrouper les régions, c'est utile", réagit Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional. Pour autant, il estime que notre région "n'est pas concernée, elle a le niveau, elle est la 6e ou 7e région d'Europe par son niveau de PIB". Il y a quelques années, quand la question lui avait été déjà posée, il avait fait remarquer qu'elle était plus peuplée que dix États européens. Ce qui est exact : avec ses 6,3 millions d'habitants, elle a une population plus importante que le Danemark, la Slovaquie, la Finlande, l'Irlande, la Lituanie, la Slovénie, la Lettonie, l'Estonie, le Luxembourg et Malte.
Fusion avec l’Auvergne ?
La proposition de fusionner les régions n'est pas nouvelle. Le comité Balladur préconisait de constituer 15 grosses régions afin de donner à chacune d'elles 3 à 4 millions d'habitants, le poids nécessaire pour peser en Europe. Ce groupe de travail s'était bien gardé de tracer une nouvelle carte administrative française, même si des exemples avaient été évoqués dans la presse, en particulier la fusion de Rhône-Alpes avec l'Auvergne (carte ci-contre). Ce scénario a du plomb dans l'aile : René Souchon, le président du conseil régional auvergnat, a fait connaître cette semaine sa volonté d'un rapprochement avec le Limousin, avec des velléités de conquête de la Loire...
Autre proposition : Jean-Pierre Raffarin et Yves Krattinger, dans un rapport au Sénat, avaient plaidé pour 8 à 10 méga-régions, qui disposeraient "de compétences stratégiques leur permettant de préparer l'avenir". Ils avaient par exemple fait remarquer que la Bourgogne manque de force centripète, tiraillée entre Lyon, Paris, Besançon et la région Centre. Sans dessiner, eux non plus, une carte matérialisant leurs intentions.
Absorber la Haute-Loire ?
Plusieurs experts ont avancé des propositions de redécoupage. Par exemple, l'institut Montaigne imaginait l'élargissement de Rhône-Alpes au Jura, à la Côte-d'Or ou à la Saône-et-Loire (carte ci-contre). "Je ne suis pas dans une logique d'annexion", précise Jean-Jack Queyranne, même s'il admet que certains "départements charnières" pourraient rejoindre sa collectivité, comme les Hautes-Alpes ou la Haute-Loire.
Derrière la question des frontières régionales, se pose celle des compétences dévolues aux collectivités. Sur ce point, Jean-Jack Queyranne affiche ses ambitions, espérant gagner des compétences économiques. "Il va falloir que l'État se déshabille, maintenant !" exhorte-t-il avec gourmandise. L'ex-député est rassuré de la nomination d'André Vallini au secrétariat d'État à la réforme territoriale. "Il connaît bien le sujet, c'est un homme de décision", juge-t-il. À l'inverse, il ne décolérait pas contre le projet de loi de sa ministre de tutelle, Marylise Lebranchu, instituant entre autres la métropole de Lyon. "Du bric-à-brac législatif, une loi de gribouille", tempête-t-il encore. Le nouveau texte sera-t-il plus audacieux ? Comme le Premier ministre ou le rapport Attali, le président du conseil régional estime que les départements sont voués à disparaître face à la "montée en puissance des intercommunalités". Le nouveau secrétaire d'État à la réforme territoriale, lui-même président du conseil général de l'Isère, est peut-être bien placé pour faire avaler la pilule à ses collègues.
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Si Rhône-Alpes se joint à l'Auvergne, ce sera bon pour elle, mais pas pour cette dernière : il n'y a pas d'unité territoriale, ni de base commune : trop dissemblable. Réduire le nombre de régions ne devrait pas concerner Rhône-Alpes, mais les aberrations du découpage initial ! Quant au Bassin Parisien qui va jusqu'à la Manche c'est du même tonneau, avec en plus la mégalomanie parisienne !
Bof, la deuxième carte présentée (en bleu), ce n'est jamais que des élucubrations des auto-proclamés 'experts en tout' de l'institut Montaigne.
La décentralisation a été mise en œuvre pour rapprocher le pouvoir central du citoyen. En réalisant des 'super régions' on fait l'inverse. Il faut donc trouver une solution qui évite les superpositions administratives, voir qui en supprime, sans pour autant éloigner le centre de décision du citoyen. Certaines régions nécessitent probablement des regroupements ; Normandie, Corse, Alsace..
Si l'Alsace reste composée des seuls Bas-Rhin et Haut-Rhin la question de la disparition/fusion de ceux-ci dans une entité unique (réunissant les compétences régionales et départementales) devrait être reposée. Sans parler de la Corse, avec la création caricaturale (et assez récente) de la Haute Corse et de la Corse du Sud, rien que pour éviter une 'région-département'
De même, la Communauté d'Agglomération de Belfort pourrait elle se voir étendue à l'ensemble du département 'Territoire de Belfort' et confondue administrativement avec celui-ci ? Malgré cette fusion sa taille resterait inférieure à celle de la seule commune d'Arles, donc rien de trop vaste.
Il faut aussi se méfier de chauvinisme local, on a pu voir l'attachement de nombreux élus et citoyens au maintient du numéro d'immatriculation sur les plaques des véhicules. Le regroupement de certains départements ou régions peut paraître plus simple sur le papier que dans la réalité des mentalités de nombreux français, un tel changement mérite beaucoup de pédagogie et une concertation large.