Georges Fenech, franc-tireur ou tueur à gages ?

En s'en prenant mardi à Richard Brumm, le député UMP redouble de virulence à l'égard du "système Collomb" qu'il dénonçait lors de la primaire de juin dernier. Depuis quelques semaines, il s'active. Pour Michel Havard ou pour lui ?

Non, il sera dit qu'on ne le prendra pas en défaut. Battu par Michel Havard à la primaire UMP, Georges Fenech est depuis monsieur loyal. Lors du meeting à la Cité Internationale, il s'est même mué en chauffeur de salle à l'égard de son cadet. Il ne manque pas une occasion de dire tout le bien qu'il pense du challenger à Gérard Collomb. "Il fait une campagne formidable, il a rassemblé toutes les sensibilités de la droite et du centre, il engrange jour après jour la confiance des Lyonnais", commente-t-il. Même en off, il est laudateur.

"Tirer les fils de l'échevau du système Collomb"

Georges Fenech n'entend cependant pas devenir discret. Depuis quelques semaines, il s'active, produit des communiqués. Avec le ton mordant qu'on lui connait. Jusqu'il y a peu, c'était François Hollande et sa majorité qui étaient dans son viseur. Le député de Givors posait ainsi la question de la démission du Président à la suite de la révélation de sa romance avec Julie Gayet. Depuis peu, il a changé de cible et s'en prend à Gérard Collomb, l'accusant de "réinventer l'école publique payante" en annonçant une participation aux familles pour les activités périscolaires.

Mardi, il est passé au stade supérieur en saisissant le Procureur de la République sur la situation de Richard Brumm, adjoint aux Finances et client de l'Olympique Lyonnais. Il appelle même Collomb à le destituer. Une initiative qui rappelle celle qu'il avait prise durant la primaire UMP quand il avait interpellé le préfet sur les effectifs du cabinet de Gérard Collomb. "Je n'ai fait que mon devoir, sans animosité à l'égard de Monsieur Brumm que je connais, se défend Georges Fenech. A mon avis, cette affaire n'est pas isolée, il faut tirer les fils de l'échevau du système Collomb".

Le député (LR) du Rhône Georges Fenech.

Fenech, "le bad cop" ; Havard, "le good cop"

La virulence du propos tranche avec la modération de Michel Havard, resté très mesuré dans ses critiques à l'égard du maire sortant. Cette différence de ton tient naturellement à une répartition des rôles. "Michel présente un projet, il est persuadé de pouvoir gagner Lyon en étant positif. Ce sont à ses soutiens, dans leurs domaines respectifs, de répondre ou d'attaquer. Par exemple Hamelin sur le développement économique", décrypte-t-on dans l'équipe UMP. Celle-ci a été prévenue de l'initiative de Georges Fenech au moment où le député faisait partir son communiqué sur Brumm. "Tout n'est cependant pas toujours convenu à l'avance", admet notre interlocuteur.

Le recours... évidemment

Il n'y a pas cependant pas qu'un jeu de rôle. Par contraste, se dessine ce qu'aurait été la campagne de Georges Fenech, s'il était sorti vainqueur de la primaire UMP : une opposition frontale à Gérard Collomb. Avec la volonté manifeste de durcir le débat et de faire sortir de ses gonds le maire sortant. "Si rien ne se passe dans cette campagne, Collomb sera réélu", pense un élu UMP. Le député de Givors devrait rester dans son rôle de cogneur. Outre des communiqués vengeurs, il va animer des réunions thématiques sur la sécurité, le dossier que lui a confié Havard. Il devrait aussi participer à des opérations de tractage dans le 6e arrondissement où il se présente.

D'aucuns verront dans les sorties de l'ex-juge d'instruction une façon de se tenir en embuscade, de se poser en recours. Par sa position de numéro deux de la primaire UMP, par sa ligne politique plus à droite, par son tempérament bagarreur, il n'a pas besoin d'en rajouter pour incarner une alternative si le candidat UMP devait échouer. Mais non, vous ne lui ferez rien dire à ce sujet. "Il joue vraiment la victoire d'Havard", assure son équipe.