Gérard Collomb s'est éteint ce samedi 25 novembre. Pendant près de 50 ans, il s'est démené pour sa ville : Lyon. Retour sur les grandes dates de sa carrière.
20 juin 1947
Gérard Collomb naît dans une famille populaire, d’origine lyonnaise, installée à Chalon-sur-Saône. Sa mère est femme de ménage et son père est métallurgiste, syndiqué à la CGT. Élève sérieux, il s’installe à Lyon pour son parcours universitaire : khâgne au lycée du parc puis fac de lettres. Agrégé, il sera professeur de lettres dans un lycée du 9e notamment. À 21 ans, il s’engage en politique en rejoignant la Convention des institutions républicaines, créée par François Mitterrand en 1964, avant de rejoindre le Parti socialiste. “Quand j’ai adhéré, j’avais la foi du charbonnier”, se rappelait Gérard Collomb en 2021. Il se présente pour la première fois à une élection en 1971 aux municipales à Sainte-Foy-lès-Lyon pour une candidature de “témoignage”. Il aura cinq enfants de trois unions. En 2001, il s’était marié avec Caroline Rougé, sa dernière épouse.
20 mars 1977
Gérard Collomb est élu pour la première fois au conseil municipal. Il y siégera dès lors jusqu’à son décès ce samedi 25 novembre. Une telle longévité est rarissime. Si Gérard Collomb présidera aux destinées de “sa” commune pendant près de 20 ans, il sur finalement passé plus de temps dans l’opposition. Après les années Herriot, Lyon devient un bastion de droite. Gérard Collomb se casse d’abord les dents sur Francisque Collomb puis sur Michel Noir et Raymond Barre. Pendant ses années inlassablement ponctuées d’échecs, il devient un personnage sympathique aux yeux des Lyonnais, incarnant localement la gauche. C’est le temps où il est surnommé “Gégé”. Il ose des slogans où fleure bon la dérision : “Pour changer Lyon, changez de Collomb”, une référence à Francisque Collomb, maire de la ville jusqu’en 1988. Si la Ville de Lyon se refuse à lui à quatre reprises, Gérard Collomb est toutefois élu député de 1981 à 1988. Il se représentera sans succès en 1988 et 1997. À partir de 1999 et jusqu'en 2020, il siègera au Séna
18 juin 1995
Enfin, Gérard Collomb parvient à casser la roue des défaites à Lyon. Il échoue dans sa conquête de l’Hôtel de Ville face à Raymond Barre, mais se console avec la victoire dans le 9e arrondissement, six ans après l’historique grand chelem de Michel Noir. Il est élu au second tour avec 47,17%. Ce soir-là, la gauche unie remporte aussi le 1er arrondissement avec l’écologiste Gilles Buna. Gérard Collomb qui avait fait du 9e son fief le transforme en son laboratoire. Ses bonnes relations avec Raymond Barre, qui l’adoubera presque six ans plus tard en ne se choisissant pas de dauphin, lui permettent d’obtenir les coudées franches, ce qui est rare pour un maire d’arrondissement. Il lance la réhabilitation du quartier de l’Industrie, une ancienne friche industrielle. Bruno Bonnell, alors patron en vogue d’Infogrames, s’y installe. Il sera le premier chef d’entreprise à soutenir officiellement Gérard Collomb.
25 mars 2001
Au terme d’élections municipales où la droite s’est divisée comme jamais, Gérard Collomb s’engouffre dans la brèche et conquiert l’Hôtel de Ville. Il est minoritaire en voix (environ 10 000 suffrages de moins), mais profite des spécificités lyonnaises du code électoral. Par le jeu des arrondissements, il dispose d’une courte majorité. Au Grand Lyon, l’ancêtre de la Métropole de Lyon, il est carrément minoritaire, mais bénéficie du soutien à fronts renversés de maires de droite et du centre. Si les premiers mois sont difficiles, Gérard Collomb finit par définir son modèle lyonnais. À partir de 2005, les succès s’enchaînent : Nuits sonores, Vélo’v, berges du Rhône.
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10 mars 2008
La droite qui n’a pas digéré sa défaite de 2001 mise sur Dominique Perben pour reprendre la ville. La candidature de celui qui est alors ministre inquiète Gérard Collomb, rongé par le doute avant le premier tour malgré un bilan qui parle pour lui. Les Lyonnais le plébiscitent. Il est réélu dès le premier tour. Sa victoire de 2001 n’était pas qu’un malentendu. L’état de grâce se prolonge durant les premières années de ce mandat : la Confluence sort de terre, le plan Part-Dieu est lancé, les rives de Saône répondent aux berges du Rhône. Gérard Collomb étoffe son modèle lyonnais et invente le macronisme avant l’heure en élargissant sa majorité à des élus de droite ou du centre. Fort de son triomphe local, il tente une aventure nationale moins concluante.
30 mars 2014
La campagne est plus laborieuse et moins joyeuse qu’en 2008. La dynamique Collomb commence à s’essouffler et le programme peine à se renouveler. Le maire de Lyon escamote d’ailleurs la campagne, il en fait un non-évènement. Pour contrer Michel Havard, candidat de la droite, il dégaine un projet de ligne de métro qui sera finalement abandonné par les écologistes. L’impopularité du gouvernement Hollande laisse planer un doute sur l’issue de la campagne même si Gérard Collomb n’a pas épargné la majorité présidentielle pour prendre ses distances. Il sera vite balayé. La majorité sortante doit patienter jusqu’au deuxième tour. Comme en 2001, Gérard Collomb ne dispose pas d’une majorité au conseil métropolitain, mais se démène pour arracher la voix de maires de centre droit. L’enjeu est de taille pour lui. Avec Michel Mercier, président Modem du département du Rhône, il a créé, un an plus tôt, la Métropole de Lyon, fusion du Grand Lyon et du conseil départemental. Cette collectivité unique en France ne pouvait avoir d’autre premier président que Gérard Collomb.
17 mai 2017
Après plusieurs campagnes présidentielles passées à jouer les seconds rôles pour Ségolène Royal puis François Hollande, Gérard Collomb va être l’un des acteurs majeurs de celle de 2017. Il est le premier baron local à soutenir Emmanuel Macron. Il se lance dans l’aventure En Marche à corps perdu multipliant les meetings et persuadant des élus locaux de se ranger derrière le météorite Macron. À Lyon, la quasi-totalité de son équipe municipale le suit et quitte le PS. Avec Emmanuel Macron, c’est une sorte de coup de foudre politique. Le 14 mai 2017, lors de la cérémonie d’investiture au palais de l’Élysée, Gérard Collomb ne peut contenir son émotion. Après avoir vu plusieurs de ses adjoints ou compagnons de route devenir ministres, Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Jack Queyranne, Thierry Braillard ou Hélène Geoffroy, Gérard Collomb voit sa patience récompensée. Le 17 mai 2017, Emmanuel Macron le nomme au ministère de l’Intérieur avec le statut de ministre d’État. Il est le numéro 2 du gouvernement d’Édouard Philippe. Plusieurs de ses collaborateurs lyonnais vont ensuite oeuvrer dans le premier cercle d’Emmanuel Macron. “J’ai hésité à partir de Lyon. Mais comme j’avais fait la campagne d’Emmanuel Macron et que, pour employer une litote, je l’avais un peu aidé à devenir président, lorsqu’il m’a proposé d’être ministre de l’Intérieur, j’ai pensé qu’il était de mon devoir de ne pas refuser”, confiait Gérard Collomb à Lyon Capitale en 2021. Dans cet entretien, il assurait aussi que "son rêve n’a jamais été d’être ministre. En revanche dès que j’ai fait de la politique de manière soutenue, j’ai toujours souhaité être maire de Lyon”.
3 octobre 2018
18 mois après son arrivée place Beauvau, Gérard Collomb claque la porte et décide de rentrer à Lyon. Les relations avec Emmanuel Macron se sont distendues notamment après l’affaire Benala où Gérard Collomb s’est retrouvé en porte à faux. Le ministre de l'Intérieur alerte en interne sur les premières erreurs puis en public. “En grec, il y a un mot qui s'appelle hubris, c'est la malédiction des dieux. Quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, vous pensez que vous allez tout emporter. Il y a une phrase qui dit que les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre, donc, il ne faut pas que nous soyons dans la cécité”, lance sur RMC Gérard Collomb avant de démissionner. Sur le perron du ministère de l'Intérieur, il prononce une phrase qui résonne régulièrement depuis : “Aujourd'hui on vit côte à côte… Je crains que demain on ne vive face à face”.
Son retour précipité obéit aussi à des ressorts lyonnais. Tous les jours ses proches lui chroniquent l’émancipation de ses intérimaires David Kimelfeld à la Métropole et Georges Képénékian à l’Hôtel de Ville. Le jeu délétère des entourages s’installe et les conduira tous à leur perte en 2020.“L’expérience a été enrichissante, mais d’une certaine manière elle me condamnait à Lyon” relira plus tard l’ancien ministre d’État. À son retour, Gérard Collomb ne parvient plus à retrouver la magie de ses deux premiers mandats et ses nouvelles idées ne rencontrent plus le même engouement.
15 mars 2020
Aucune tentative de conciliation, même présidentielle, n’a abouti entre Gérard Collomb et ses anciens dauphins qui se déchirent dans les urnes. Ils passent la campagne à s’échanger des piques. Sous les radars, Grégory Doucet prospère. Coupé des services de la Métropole et sans grinta depuis son retour de Paris, Gérard Collomb peine à se réinventer malgré une énergie intacte. La campagne vire régulièrement au bad buzz et le discours sur modèle lyonnais résonne comme une vieille rengaine. Après le premier tour et une parenthèse covid de trois mois, Gérard Collomb tente le tout pour le tout et conclut une alliance avec la droite pour faire barrage aux écologistes. Dans ce pacte contre-productif qui ternira un peu plus son image à gauche, il accepte de se retirer au profit du chef de file des Républicains François-Noël Buffet.
25 novembre 2023
En septembre 2022, Gérard Collomb annonce sur les réseaux souffrir d’un cancer de l’estomac. Une maladie qui l’a emporté le 25 novembre 2023. “Il a souhaité, lorsqu'il est devenu évident que sa maladie ne pourrait être améliorée par un quelconque traitement anticancéreux, bénéficier d'une sédation profonde qui lui a permis de s'éteindre paisiblement auprès des siens”, a expliqué Caroline Collomb à l’AFP. Ses funérailles auront ce mercredi 29 novembre à la cathédrale Saint-Jean en présence d’Emmanuel Macron. Les Lyonnais pourront se recueillir devant son cercueil à l’Hôtel de Ville à partir de ce lundi 27 novembre à 13 heures et lui rendre un dernier hommage.
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En 10 ans et 3 mandats socialo-libéraux : terrorisme islamiste, GJ, casse, pandémie, confinements, manifestations, dette, casses, pillages, violences, pauvreté, immigrations, guerres.. En 2018, G. Collomb, en fuyant son poste de ministre de l'Interieur, nous avait annoncé l'HUBRIS. Dont acte !
Il a fait de Lyon une ville agreable à vivre
merci
Gégé a ouvert Lyon à l'international et à la faire mieux connaitre. Qu'en restera t-il après le mandat actuel?