Gérard Collomb a annoncé l’ouverture de deux centres d’accueil pour les migrants de Calais. Une décision qui intervient alors que le Conseil d’État a rejeté l’appel du ministère de l’Intérieur, qui refusait d’installer des douches et des points d’eau pour les migrants.
Le tribunal administratif de Lille avait ordonné au Gouvernement de venir en aide aux migrants de Calais, victimes selon lui de "traitements inhumains et dégradants". Le ministère de l'Intérieur ainsi que la ville de Calais avaient fait appel de cette ordonnance, qui insistait entre autres sur la mise en place de points d'eau accessibles. En début de semaine, le Conseil d'État a tranché en rejetant l'appel, estimant que le Gouvernement devait prendre des mesures quant aux "traitements […] qui portent une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale". Concrètement, cela devrait se traduire par l'installation de points d'eau, de sanitaires et de douches. Les maraudes informant les migrants sur leurs droits doivent également être renforcées. Pour l'association L'Auberge des Migrants, qui vient en aide aux réfugiés sur place, "c'est une petite avancée. La justice a montré aux institutions qu'on ne pouvait pas outrepasser les droits fondamentaux".
Collomb change son fusil d’épaule
Dans le même temps, Gérard Collomb a annoncé la création de deux centres dans les communes de Troisvaux et Bailleul, toutes deux situées à une centaine de kilomètres de Calais. Une volte-face quelque peu forcée pour le ministre de l'Intérieur, qui ne semblait pas avoir été particulièrement touché par la situation des migrants lors de sa dernière visite à Calais. Il avait notamment justifié sa fermeté en précisant vouloir "éviter un appel d'air" qui ferait "s'enkyster" les migrants dans la zone. Dès lors, quant à l'annonce, les militants restent dubitatifs : "Il y a un réel problème à Calais. Il faut trouver des solutions, cette décision ne résoudra pas tout." En réalité, les centres ne seront pas créés ex nihilo. Il s'agit de structures existantes, qui seront simplement réaffectées, selon l'association. À Bailleul, un ancien hôtel Formule 1 sera réaménagé en Pradha (programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) tandis qu'à Troisvaux il s'agirait du centre d'accueil de Belval, déjà en fonctionnement. En l'attente d'informations, l'association reste sur ses gardes. "Ces centres pourraient être utilisés pour renvoyer les migrants en Grèce ou en Italie", estime-t-elle. Certains migrants craignent de passer par ces centres d'examen administratif. La raison : la procédure Dublin III, qui établit que seul l'État par lequel on entre dans l'Union européenne est responsable de l'examen d'une demande d'asile.