La France qui souffre s’est donné rendez-vous en ce début d’hiver sur les ronds-points. De la taxe carbone, les Gilets jaunes ont bifurqué vers le pouvoir d’achat et une crise de la représentation démocratique, exprimant un mal-être de classe pas toujours canalisé. Lyon Capitale est allé à la rencontre de ces travailleurs, retraités, chômeurs ou invalides qui ont exprimé une colère sourde.
NB : Depuis la rédaction de ce reportage, la situation a évolué sur les ronds-points, notamment à Feyzin.
Un peu partout dans la région, des ZAD (zones à défendre) ont fleuri dans la jungle urbaine et périurbaine. Sur ces ronds-points qui scandent le paysage, les Gilets jaunes se sont regroupés par grappes plus ou moins conséquentes. Ce qu’ils défendent est bien souvent personnel. Ici, la cause n’est pas environnementale. Il y a d’ailleurs presque autant de revendications que de manifestants venus ralentir une activité économique qui leur échappe souvent. L’un milite pour une VIe République. Une autre, issue du canal historique, réclame la baisse des taxes sur le carburant et pas seulement le moratoire arraché au bout de trois semaines de lutte. Certains en ont après les impôts tout court. Un Gilet jaune plus à gauche réclame une hausse générale des salaires financée par le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF). Plus les ronds-points mènent à la campagne, moins les services publics qui ont baissé pavillon justifient les impôts payés. Sur son giratoire de Feyzin, Dalila, la soixantaine, vient réclamer “de la dignité, tout simplement”. “Je touche 500 euros de pension d’invalidité plus 135 euros de prévoyance que je dois demander tous les mois, livre-t-elle calmement. Je vis dans un foyer, dans une pièce de 19 m2 où je ne peux pas recevoir mes enfants et mes petits-enfants. J’attends d’avoir l’âge légal pour pouvoir toucher le minimum vieillesse.” Un Graal pour elle, qui lui permettra de toucher au minimum 634 euros par mois.Et au milieu coule l’A7
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