Le patron de GL Events, Olivier Ginon, à l’Elysée avec Emmanuel Macron, le 26 mars 2018 © Ludovic Marin / AFP
Le patron de GL Events, Olivier Ginon, à l’Elysée avec Emmanuel Macron, le 26 mars 2018 © Ludovic Marin / AFP
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Ginon, ce patron lyonnais qui embarrasse Macron

“Mon métier est de faire en sorte que mon groupe soit bien perçu par tous les politiques.” Avec un art certain, le patron de GL Events cultive des amitiés intéressées. Elles lui ont ouvert les portes des décideurs locaux, en France comme dans le monde. Depuis quelques mois, Olivier Ginon est passé au stade supérieur : l’Élysée... où il a enfin ses entrées, alors que se profilent les JO de Paris où son groupe espère capter des contrats. Sa capacité à être bien vu des puissants le sort aujourd’hui des coulisses qu’il affectionne tant et où il brille. Pendant la campagne présidentielle 2017, GL Events a accordé des remises parfois significatives au futur président de la République sur des meetings. Comme Lyon Capitale le chronique depuis une dizaine d’années, Olivier Ginon empile les marchés publics et les marges qui vont avec. Notre grande enquête de juin.


Les amitiés intéressées d’Olivier Ginon

Politiquement, Olivier Ginon a des convictions profondes, mais affiche des soutiens à la constance de girouette. Il l’admet lui-même, c’est une obligation professionnelle. Le leader mondial de l’événementiel évolue dans un secteur à la frontière du public et du privé où les “amitiés” dégagent des marges. Ce pragmatisme, il en a profité à Lyon avec Gérard Collomb. Nationalement, il joue la même partition avec Emmanuel Macron. Mais les médias l’ont dévoilé et il est désormais dans l’œil du cyclone. Olivier Ginon avec le maire de Lyon, Gérard Collomb, en 2013 © Tim Douet Olivier Ginon avec le maire de Lyon, Gérard Collomb, en 2013 © Tim Douet En bon patron lyonnais, Olivier Ginon n’aime rien tant que la discrétion. Depuis la fin du mois d’avril, il en est privé. Son nom est désormais associé à un énième feuilleton de financement cavalier d’une campagne présidentielle. Les différents médias qui ont épluché les comptes de campagne – tous validés par l’instance de contrôle – ont pointé des ristournes accordées à Emmanuel Macron par GL Events, le groupe d’Olivier Ginon. Ces révélations sont gênantes pour lui. Dans un secteur d’activité aux confins du politique et des affaires, être associé publiquement à un politique, fût-il le président de la République, n’a pas que des avantages. Le patron de GL Events n’avait pas non plus envie de voir ses gestes commerciaux étalés sur la place publique. Lyon Capitale peut témoigner de l’état de nervosité d’Olivier Ginon. Dans le cadre de cette enquête sur l’activité de son entreprise, nous l’avons contacté. Une seule fois. Au bout de vingt secondes de conversation, il nous a raccroché au nez en nous menaçant de porter plainte pour harcèlement. Deux jours plus tard, son avocat nous intimait par courrier de “cesser d’importuner” Olivier Ginon. Dans sa missive, il nous menaçait aussi d’un procès pour un article que nous n’avions pas encore écrit. Dans l’histoire de Lyon Capitale, c’est une triste première. “Olivier aime bien être dans l’ombre. C’est dans son caractère et dans l’intérêt de son business. Il n’apprécie pas de se retrouver dans la lumière”, essaie de le dédouaner un de ses amis chef d’entreprise, qui préfère garder l’anonymat. Personnage central de la vie lyonnaise, personne ne veut se mettre à dos Olivier Ginon. La quasi-totalité des personnes que nous avons contactées pour cette enquête, qu’elles soient proches du roi de l’événementiel ou agacées par son monopole lyonnais, ont préféré témoigner anonymement. Conditions “préférentielles” Depuis la révélation par Mediapart des gestes commerciaux accordés à La République en Marche, GL Events n’est plus réductible, hors de Lyon, à la success story d’un Lyonnais parti à la conquête du monde. Durant la campagne présidentielle, le groupe basé à la Confluence a accordé de nombreuses ristournes à En Marche et son candidat. Le feuilleton démarre dès l’acte politique fondateur d’Emmanuel Macron : son premier meeting à la Mutualité, le 12 juillet 2016. Pour cette soirée, il loue gratuitement la salle parisienne gérée par GL Events. À ces 14 129 euros de remise s’ajoutent d’autres gestes commerciaux sur le panel de prestations délivrées par les différentes filiales du groupe, pour un montant total de 15 000 euros. Quelques mois plus tard, pour un meeting organisé au même endroit, François Fillon paiera le double. Dans la suite de la campagne présidentielle, GL Events accordera d’autres remises à En Marche : 9 000 euros pour une réunion publique porte de Versailles, par exemple. La révélation de cette politique commerciale a fait enrager Jean-François Debat, l’ancien trésorier du PS, président du groupe socialiste au conseil régional aurhalpin : “Tout “geste commercial” d’une entreprise à un candidat est totalement illégal et entraîne l’inéligibilité du candidat. C’est juste la loi !” La Commission des comptes de campagne a pourtant validé celui d’En Marche.

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