À Lyon comme dans les autres métropoles françaises, les pouvoirs publics rivalisent d’imagination pour empêcher l’installation de campements de fortune sur les terrains vagues. Jusqu’à hérisser ceux-ci de gros cailloux pointus, quand ils ne sont pas tout simplement grillagés. S’ils n’ont pas d’existence formelle dans les textes, ces dispositifs anti-installation sont un préalable exigé par les services de l’État pour procéder aux expulsions et démantèlements.
Voilà de bien drôles de cailloux, disposés en rangs serrés sous le pont Churchill, à deux pas de la Tête-d’Or. Une nouvelle singularité esthétique de l’aménagement urbain loin de troubler les promeneurs des bords de Rhône. Pas plus que ceux du cours d’Herbouville, de l’autre côté du fleuve. Pourtant, ces blocs de roche sont devenus le symbole de l’inhospitalité des pouvoirs publics. Et pour cause, ils n’ont pas innocemment remplacé les tentes installées au même endroit quelques mois plus tôt. S’ils ont été posés là, c’est justement pour que personne ne puisse plus s’y installer. Ce sont des “dispositifs anti-installation”, comme les pics devant les halls d’immeuble, mais qui ne disent pas leur nom. La fondation Abbé-Pierre a l’habitude de distinguer, avec sa cérémonie annuelle des Pics d’or, les dispositifs urbains anti-SDF, comme les gigantesques pots de fleur devant les immeubles, ou les fameux bancs publics inclinés. Cette année, elle a ainsi souligné l’installation d’une grille devant l’église Saint-Michel, avenue Berthelot, dans le 7e, où des sans-abri avaient l’habitude de dormir. La métropole assure ne donner aucune consigne sur des dispositifs de mobilier anti-SDF ; ceux-ci fleurissent pourtant à Lyon. Les dispositifs contre l’installation de bidonvilles sont bien moins connus, et moins documentés. Tabous ? Cette manière de cacher l’inhospitalité derrière des pierres pointues apparaîtrait un peu honteuse.“Vingt ans d’expérience”
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