Lundi 24 juin, Gérard Collomb a soumis le compte administratif 2012 du Grand Lyon à l’assemblée communautaire. Si celui-ci est globalement positif, quelques points d’interrogation subsistent.
En présentant le compte administratif de la Ville de Lyon, il y a quelques semaines, Gérard Collomb avait prévenu : “Ceux du Grand Lyon sont encore meilleurs.” On allait voir ce qu’on allait voir. Et le président de la communauté urbaine n’a ménagé ni ses efforts ni les superlatifs pour qualifier les finances de l’institution, lors du vote à l’assemblée communautaire, ce lundi 24 juin. Gérard Collomb a évoqué un compte administratif 2012 “exceptionnellement extraordinaire, qui donne peut-être trop l’image de la facilité”. N’en jetez plus !
Apparemment, le compte est bon
Il faut bien le dire, de prime abord, le compte est bon. On évite même le fameux effet ciseau de la fin de mandat : diminution des recettes et augmentation des dépenses. Car si, au Grand Lyon, les dépenses augmentent de 2,5 % par rapport à 2011 (1 713 millions d’euros), elles progressent moins que les recettes qui croissent de 9,9 % (1 839 millions).
Au niveau du fonctionnement, celles-ci ont progressé de 1,7 % à 1 341,9 millions d’euros, tandis que les dépenses de fonctionnement diminuent de 0,6 % à 993 millions, dégageant une capacité d’autofinancement de 28,2 millions. L’entrée d’argent croissante du compte fonctionnement est assurée par un gain sur : la fiscalité directe (fiscalité des entreprises et produit des impôts sur les ménages), en augmentation de 3,2 % ; la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (114,7 millions, +2,5 %) ; la redevance d’assainissement (61,7 millions, +5,3 %). Les dotations de l’État restent quasiment stables (152 millions, +0,1 %). La cagnotte du Grand Lyon grimpe également de 197,7 millions d’euros avec notamment les recettes du péage du périphérique nord, des cessions foncières, la location d’immeubles…
Les dépenses de fonctionnement, elles, ont diminué, malgré une ligne en dépenses de personnel qui a crû de 3,7 % (217,9 millions). Les subventions, important poste de dépenses avec 242,3 millions, ont augmenté pour le Sytral et le Sdis (respectivement +2,4 % et +2,2 %).
ZAC : un chiffre “virtuel”
En revanche, la somme consacrée à la participation au bilan des ZAC a reculé de 9,1 millions d’euros. Un résultat que le conseiller d’opposition Baptiste Dumas met en perspective, expliquant qu’il s’agissait d’un chiffre d’aubaine. En effet, la réunion qui annuellement arrête le chiffre des actes au sujet des ZAC n’a pas eu lieu, la somme consignée n'est donc pas la somme concrètement allouée. “Le chiffre de 31,8 millions d’euros actuellement avancé est totalement virtuel”, explique-t-il, précisant que, sur les autres années, la participation aux ZAC avait été croissante. Pour lui, ce dernier compte administratif de cette mandature a quelques résonances politiques, puisque ce gain de près de 10 millions d’euros par rapport à 2011 permet d’afficher un abaissement des charges de fonctionnement, baisse qui selon lui “n’existe pas”. Pis, il craint qu’à la fin de l’année une rallonge de 20 ou 30 millions d’euros ne soit à rajouter.
Pendant le conseil communautaire, l’homme a même évoqué “un degré de mauvaise foi exceptionnel” de Gérard Collomb et Jacky Darne, 2e vice-président du Grand Lyon. L’élu de droite a même appelé les fonctionnaires en charge des finances à “résister à l’exécutif”. Une réflexion que Gérard Collomb a immédiatement prise pour une mise en cause de sa probité. “Si M. Dumas juge que les chiffres ne sont pas sincères, qu’ils sont truqués, il faut qu’il aille au tribunal”, a répondu le président du Grand Lyon.
Malgré ce point plutôt obscur, les colonnes relatives au fonctionnement tiennent plutôt la route. Même constat du côté des investissements, en augmentation de 7,1 %. Encore insuffisant pour l’UDI Max Vincent, qui a (très gentiment) interpellé le maire : “Annonçons moins, réalisons plus.”
Les recettes d’investissement sont, de leur côté, en très forte hausse (+40,5 %). Une augmentation quasi structurelle puisqu’elle découle directement de l’augmentation des produits de la taxe locale d’équipement (+10,9 %) et du fonds de compensation pour la TVA (+32 %).
Emprunt non consommé
D’autre part, des prêts ont été contractés à hauteur de 343,5 millions d’euros, dont un de 120 millions. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce dernier n’a pas été consommé. “Dans un contexte économique difficile, nous avons préféré contracter cet emprunt, craignant que cela soit plus difficile par la suite”, justifie Jacky Darne, qui assume totalement ce choix et se demande même s’il ne le referait pas aujourd’hui. Gérard Collomb rassure : “Ce surfinancement 2012 sera affecté au budget supplémentaire de 2013.”
Au final, Jacky Darne et Gérard Collomb surfent donc sur un contexte favorable (frais financiers en baisse, capacité d’autofinancement forte et capacité de désendettement à 4,3 ans) pour présenter un compte administratif adopté par tous les groupes à l’exception d’Ensemble pour le Grand Lyon et six membres du groupe Centristes et démocrates pour le Grand Lyon - UDI.
(MàJ le 27 juin à 17h30)