Grossetête : L'UMP se choisit une "nouvelle Comparini"

En deux mois, elle a obtenu d'être la tête de liste de l'UMP aux européennes de juin et surtout pour les régionales de 2010. Pour reconquérir Rhône-Alpes, l'UMP croit au profil de cette "mère courage." (article paru dans le numéro d'avril de Lyon Capitale)

Elle est la première à le reconnaître : elle revient de loin. Fin 2008, l'eurodéputée stéphanoise Françoise Grossetête s'était presque faite à l'idée de perdre son mandat en juin prochain. Pourtant, on ne peut pas dire qu'elle ait démérité. Tous les palmarès de l'activité des parlementaires disent même le contraire. Certes, mais elle ne pouvait faire autrement que s'effacer derrière Michel Barnier. Le ministre de l'Agriculture étant rhonalpin, cela renvoyait Grossetête au mieux à la 4e place, non éligible. Le choix de ce dernier de se présenter finalement à Paris, pour conduire la campagne nationale de l'UMP à ces européennes, a changé la donne. Elle est même bombardée tête de liste UMP. "Miraculée ? Ben, oui... De toutes façons, on est toujours sur un siège éjectable quand on est élu. Mais oui, je me préparais même à faire d'autres choses" avoue-t-elle. Avec la spontanéité qui la caractérise, elle explique qu'elle avait dans l'idée de faire du lobbying : "C'est un bien grand mot. Mais je voulais continuer à servir. Vu les connaissances et les appuis que j'ai au niveau européen, je pensais mettre mes compétences à la disposition de certains milieux, ou des industriels... et aller travailler sur Paris."

Miraculée des européennes, elle se mue alors en femme providentielle pour certains à l'UMP, plus obnubilés par l'échéance de 2010 : les élections régionales. En janvier, ils la convainquent de se présenter devant les militants. La primaire a lieu fin mars. En face, "des hommes du passé" comme elle les qualifie : le sénateur de Haute-Savoie Jean-Claude Carle et le député de l'Ain Etienne Blanc, deux anciens fervents "millonistes", qui s'étaient fait élire vice-présidents de la Région en 1998 avec l'appui des élus FN. "Je ne m'y étais pas spécialement préparée. Certains m'ont incitée à me présenter. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour faire campagne, car je n'ai pris ma décision que début janvier !" Cela ne l'empêche pas de l'emporter haut la main, avec 46,9% des voix, soit 3813 militants UMP qui lui ont fait confiance. "Je crois que j'ai gagné parce que j'ai été très sincère, et que j'avais une certaine antériorité par rapport aux autres dans la proximité avec les militants".
Eric Besson parachuté à sa place ?
Le vote n'a cependant pas fait taire tous les doutes. Tout en se ralliant à elle, Jean-Claude Carle a relevé la "faible participation" (32%). Certains députés UMP ne cachent pas leur inquiétude. "Les militants socialistes avaient bien désigné Ségolène Royal, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ?" lâche l'un deux, suggérant qu'ils n'ont pas fait le meilleur choix, avant d'ajouter : "On a désigné un chef de file, pas une tête de liste. Ça lui donne une légitimité, ça n'empêche pas un parachutage après les élections, ou même un remaniement..." Dans ce rôle, le nom d'Eric Besson revient souvent. La cote de l'ancien socialiste monte en flèche à droite. "Moi je ferai la campagne de Françoise Grossetête, si elle va jusqu'au bout. Elle peut gagner. Mais Eric Besson, c'est un bon. Quand on l'écoute, on se rend compte qu'il a vraiment du fond, et même un niveau exceptionnel" estime Philippe Meunier, député de l'Est-Lyonnais. "Mais j'irai jusqu'au bout ! Personne d'autre que le Président de la République ne peut me faire changer d'avis" répond Françoise Grossetête, qui sûre de ses forces, ne croit pas à un tel contrordre : "Vous savez, je suis une femme ! C'est une grosse valeur ajoutée à l'heure actuelle !" Certains de ses "supporters", comme le conseiller général Lionel Lassagne, n'hésitent pas à mettre cet argument en avant : "C'est une mère courage qui part au combat. C'est notre Madone, notre Jeanne d'Arc ! Elle a un côté Comparini, qui plaît bien aux militants. D'autant qu'elle a tout à fait le calibre pour présider la Région." La comparaison avec l'ancienne présidente de la Région, qui vient assez naturellement, hérisse cependant François Grossetête : "Arrêtez de comparer ! Je ne souhaite surtout pas être la nouvelle Comparini ! Je suis connue depuis longtemps en Rhône-Alpes, j'ai ma personnalité..." Il est vrai que la grande popularité de la centriste Anne-Marie Comparini, ne l'avait pas empêchée de perdre la région en 2004 face à Jean-Jack Queyranne (PS). Or Grossetête veut croire en ses chances. Même si elle sait qu'il faudrait un miracle.
Très active au Parlement européen

Au palmarès Lyon Capitale des eurodéputés français les plus actifs, Françoise Grossetête termine à la deuxième place, derrière l'écologiste Gérard Onesta. Elle avait terminé nème1 de ce même palmarès, lors de son précédent mandat (Lyon Capitale du 5 mai 2004).

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