Grossetête pleine de rigueur

Si trop de communication tue la politique, en revanche en faire avec mesure n’a jamais fait de mal à personne. Françoise Grossetête a lancé ce lundi 30 novembre sa campagne pour les régionales avec un sens de la mise en scène vraiment désolant.

Les têtes de liste départementales se sont présentées à la presse sous le néon blafard d’un local UMP encombré par des tables et des chaises empilées pêle-mêle et repoussées contre les murs. Dans un coin, au fond de la pièce, une secrétaire tâchait, avec autant de discrétion que possible, de poursuivre son travail. À moins de considérer que les journalistes réagissent tous aux techniques de communication par un réflexe quasi pavlovien, on réclamera sans doute d’en venir immédiatement au fond. Mais alors, ce serait également considérer que le fond et la forme sont nécessairement désunis.

Car une campagne électorale est une opération séduction. L’entame d’une telle opération dit beaucoup de son envie et de son désir de séduire ; de son envie et de son désir de gagner aussi. Vouloir remporter une élection suppose d'y mettre les formes. Le PS lança sa campagne à la librairie Raconte moi la terre. Tout un programme. Les partisans d'Europe Écologie, de leur côté, entamèrent la leur dans l’arrière-salle d’un « restaurant de village » en plein cœur du populaire 7e arrondissement de Lyon avec un Philippe Meirieu presque juvénile et debout (voir l'article "Régionales : le pédagogue Philippe Meirieu fait ses classes (vertes)" de nos confrères de Libélyon).

Mais Françoise Grossetête et ses têtes de listes étaient également debout, façon de signifier l’unité d’une équipe et la formation d’un groupe. « Je veux jouer collectif » a répété Mme Grossetête. On se souviendra simplement des noms d’oiseaux qu’elle a échangés avec la tête de liste de l’Ain, Damien Abad (Nouveau Centre) (lire l'article "Grossetete dessoude Damien Abad" et "Damien Abad : du racisme anti-jeune")

Toutes les strates du ticket Meunier/Berra

Des noms d’oiseaux qui ont dû également traverser l’esprit de Nora Berra quand le député du Rhône, Philippe Meunier, a justifié le ticket qu’il compose dans le Rhône avec le secrétaire d’État aux Aînés : « Nora Berra est un modèle de réussite républicaine. (…) Et il est normal que toutes les strates de la société soient représentées » (sic !). S’agissant rien de moins que d’une Secrétaire d’Etat et, accessoirement, d’un médecin, on espère juste que les « strates » dont parle Philippe Meunier ne soient pas la sous-couche sociétale de la « France d’en bas » ! L’agacement était en tout cas à peine dissimulée sur le visage de la secrétaire d’État. Elle est persistante cette ritournelle de l’origine chez les modèles de « réussite républicaine », y compris d’origine sociale donc !

Le programme étant en cours d’élaboration, les propositions concrètes pour Rhône-Alpes seront connues le 15 janvier 2010 juste avant l’annonce de la composition définitive de la liste UMP prévue pour fin janvier. Le parti de la Majorité présidentielle parie donc sur une campagne courte et ramassée sur quelques semaines seulement. En attendant, Françoise Grossetête et son équipe ne se privent pas pour critiquer le bilan de Queyranne. « Les choix de la région ne concernent que certains élus. Il s’agit d’un clientélisme qui n’est pas possible. La région doit être au service de tous les citoyens » a indiqué Mme Grossetête.

"La hausse des impôts, un mal socialiste"

Mais la majorité des critiques porte sur la gestion financière des socialistes sans doute en vue d’annoncer le dernier budget de l’exécutif voté ce jeudi. L’UMP dénonce « la hausse des impôts qui est un mal socialiste. La hausse de la dette, des dépenses de fonctionnement, du personnel, le coût du futur siège de la Région et la baisse de l’investissement ». Mais l’équipe de Mme Grossetête promet tout de même un horizon : « L’heure sera à l’économie pour nous recentrer sur nos compétences. L’État remplace un fonctionnaire sur deux en départ à la retraite. Pourquoi la Région n’en ferait-elle pas autant ? » interroge Philippe Meunier. Au final, le fond et la forme coïncident en un mot pour ce lancement de campagne : la rigueur.

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