Jérôme Guedj, président du conseil général de l’Essonne et animateur du courant “Maintenant la gauche”, était l’invité de Christophe Bordet ce jeudi matin sur Sud Radio. Il a notamment insisté sur la nécessité d’une “réforme fiscale”.
Jérôme Guedj a réagi à l'annonce de Christian Eckert ce jeudi sur RTL. Le secrétaire d'État chargé du budget "n'écarte pas une hausse des impôts en 2015", malgré la promesse de François Hollande d'en préserver le pays l'année prochaine.
“On a fait les choses au coup par coup, et je le regrette”
"C'est révélateur", a déclaré Jérôme Guedj au micro de Christophe Bordet. "En matière de fiscalité, on ne peut pas appréhender les choses au jour le jour", poursuit-il. Face au "bricolage fiscal" du Gouvernement, l'animateur du courant “Maintenant la gauche” appelle de ses vœux une "vraie réforme fiscale dans ce pays", rappelant que celle-ci avait été "promise" au début du quinquennat par François Hollande, "pour plus de justice sociale".
"Il faut une réforme fiscale dans ce pays, plus de justice sociale, plus de progressivité par le rapprochement progressif de l'impôt sur le revenu et de la CSG", estime Jérôme Guedj, qui veut aussi "aligner la fiscalité du travail et celle du capital, car il n'est pas normal qu'un revenu du travail soit plus taxé qu'un revenu du capital".
"Nous avions commencé à le faire dans la première moitié du quinquennat", mais "le manque d'explication de ce que devait être cette réforme fiscale" a fait échouer cette politique, selon l'ex-député.
“Moi, je n’ai jamais eu peur qu’une réforme fiscale se traduise par des gagnants et des perdants”, affirme Jérôme Guedj. "Une telle réforme ne s'appréhende pas seulement sous le prisme de la diminution des déficits, et de la sacro-sainte règle européenne de respect du traité budgétaire", critique-t-il. "On a fait les choses au coup par coup, et je le regrette", termine le socialiste.
Pour “un meilleur rendement des impôts dans les années à venir”
Jérôme Guedj aurait préféré "que les classes les plus modestes en bénéficient" et regrette qu'on ne "réussisse pas à mettre fin à certaines niches fiscales qui concernent les placements des entreprises à l'étranger". Il voudrait qu'on "augmente le nombre de tranches d'impôt sur le revenu" et critique "cette réforme one shot qui introduit peu de progressivité [la suppression de la première tranche a été annoncée en septembre par Manuel Valls, NdlR]".
“L’impôt, en soi, ce n’est pas mal, c’est utile. Cela finance les services publics, c’est l’outil de ceux qui n’en ont pas”, affirme le président du conseil général de l'Essonne.
Enfin, Jérôme Guedj "ne trouve pas normal aujourd'hui – c'est même scandaleux – que le patron de TPE/PME paie ses impôts et que les grandes entreprises du Cac 40 ainsi que Google et Apple ne paient pas d'impôts en France". Tout comme "Total, qui va même toucher du CICE. On marche sur la tête !" regrette le socialiste, selon qui "il est urgent de moduler l'impôt en fonction du comportement vertueux des entreprises".
En l'absence de grande réforme fiscale, Jérôme Guedj prévoit à coup sûr "un meilleur rendement des impôts dans les années à venir". Car "la baisse doit être ciblée, conditionnée, les entreprises n'en bénéficieront pas toutes". Il fait référence aux 41 milliards promis aux entreprises sur trois ans par le Gouvernement : "Il doit y avoir des gagnants et des perdants", selon lui.
Élections cantonales : “On s’en sortirait mieux si l’on avait un peu plus de vision sur cette réforme fiscale”
Le socialiste paiera-t-il les pots cassés de la politique gouvernementale dans les urnes en mars prochain ? Jérôme Guedj envisage très clairement un retour de bâton les 22 et 29 mars 2015, au moment des élections cantonales qui verront pour la première fois les conseillers départementaux élus et son mandat remis en jeu : "Cela m'inquiète parce que beaucoup de maires ont été sanctionnés en mars dernier. On s'en sortirait mieux si l'on avait un peu plus de vision sur cette réforme fiscale."