“SOS charisme”, c'est le nouveau surnom d'Harlem Désir, dont l'affublent sournoisement ses camarades socialistes. Auparavant, ils lui donnaient de l'“homme seul”. Solitaire, il l'est toujours, mais son nouveau surnom, il le doit à sa promotion à la tête du parti où, un an après son élection, il n'a toujours pas convaincu. Et l'université d'été qui s'est clôturée ce dimanche midi n'a rien apporté à son crédit. Il l'a traversée en acteur secondaire d'un week-end consacré principalement au service après-vente de l'action gouvernementale. D'atelier en atelier, les ministres invités ont détaillé le bilan de leur action plus qu'ils n'ont échangé sur les réponses à apporter à la crise.
Les militants se sont parfois interrogés ce week-end sur le sens de ce rendez-vous, censé être un lieu de débat et de réflexion plus que de bilan. Pour certains, la faute en incombe à Harlem Désir, incapable de donner un sens au PS dans une période d'exercice du pouvoir. Jean-Christophe Cambadélis, son rival l'année dernière pour succéder à Martine Aubry à la tête du parti, n'avait d'ailleurs pas attendu le début de l'université d'été pour s'interroger poliment, dans une interview accordée au Monde, sur l'impuissance d'Harlem Désir : “Le Parti socialiste se cherche. Il a besoin d'une ligne, d'une énergie créatrice. Il doit retrouver une place centrale dans le dispositif politique. J'avoue ma très grande perplexité quand je vois le Gouvernement organiser un séminaire pour réfléchir à la France de 2025. Que reste-t-il du PS ? Ce devrait être le rôle du parti d'imaginer la nouvelle France.”
Un premier secrétaire monocorde
La direction du PS a préféré, ce week-end, plancher sur les réponses à apporter au populisme et à la montée du Front national. Les débats se sont vite orientés vers un exposé sur les dérives droitières de l'UMP. Histoire de joindre l'agréable à l'utile. Un thème sur lequel Harlem Désir espérait s'installer dans une zone plus confortable, lui, l'ancien président de SOS Racisme. Ses tentatives poru peser sur les débats d'actualité et plus éloignés des domaines de compétence que lui accordent ses camarades se sont soldés par un échec cette année. Sa demande de référendum sur la moralisation de la vie politique s'est soldée par un échec. Comme toutes ses tentatives de prise de position. À La Rochelle, il en est donc revenu à ses fondamentaux pour décrocher des applaudissements plus nourris lors de son discours de clôture : attaquer le FN et l'UMP, un rôle sur mesure pour l'ancien président de SOS Racisme, qui s'était fait remarquer au PS à cette époque. D'une certaine manière, il a répondu aux appels de Jean-Christophe Cambadélis, qui l'exhortait à vite redevenir “le Harlem Désir qui fit les beaux jours” de l'association antiracisme.
Jusqu’à quand tiendra-t-il ?
Aussi inspiré que fut son discours de clôture consacré à présenter le vrai visage du FN et de la droite, Harlem Désir n'a pas réussi à fendre l'armure d'un éternel espoir de la gauche, qui ne passe pas à la vitesse supérieure. À La Rochelle, il n'a pas réussi à apporter la réponse qu'attendaient de nombreux militants : “A quoi sert le parti en période d'exercice du pouvoir ?”
Dans l'ombre médiatique des ministres et d'une aile gauche aussi turbulente qu'audible, Harlem Désir a offert le spectacle de ses limites. “Lors de la grande réunion de la majorité à La Rochelle, quand il a parlé, personne n'écoutait. Il est moins audible que certains élus inconnus de qui on peut espérer être surpris par le discours. C'est pareil en bureau politique toutes les semaines”,observe un socialiste. Les paris sont ouverts sur sa possibilité d'aller au terme de son mandat, qui s'achève en octobre 2015. Jean-Christophe Cambadélis comme d'autres se tiennent prêts à le remplacer en cas de défaite électorale aux municipales et aux européennes.