Havard se relance dans la course à l'investiture UMP

En réunissant 600 personnes autour de lui pour un meeting de lancement de campagne pour l'investiture UMP, Michel Havard a reconquis un peu de légitimité. À contre-courant de l'absence d'annonce de Jean-François Copé sur la tenue de primaires, le conseiller municipal du 5e milite toujours pour ce juge de paix qu'il imagine favorable. Il lui permettrait surtout de balayer le vent de défiance qui souffle hors de Lyon.

Jeudi soir, Michel Havard voulait remettre l'église au milieu du village UMP en s'imposant comme le seul leader naturel de la droite lyonnaise. Il a réuni pour ses vœux qui s'apparentaient plus à un meeting d'ouverture de campagne dans la course à l'investiture 600 personnes autour de lui à la salle de la Ficelle. Sa prestation était très suivie et très attendue par certains cadres de l'UMP du Rhône plus vraiment disposés à accorder spontanément leur confiance à Michel Havard pour aller défier Gérard Collomb en mars 2014. En une trentaine de minutes d'un discours nouveau plus sur la forme que sur son contenu, le président du groupe UMP au conseil municipal a regagné en crédibilité. Plutôt à l'aise dans son exercice de communication qui l'a amené à délaisser la tribune pour discourir au milieu des militants, Michel Havard a réaffirmé son ambition "être candidat à Lyon, ce n’est pas le caprice d’un jour, c’est le choix d’une vie".

Havard fend l'armure

Attaqué de toutes parts par les lyonnais (Hamelin et Berra) et les extramuros (Buffet et Fenech), il s'est (ré)hissé sur le devant de la scène de la droite lyonnaise. Inspiré sur le bilan des années Collomb, il a attaqué une gouvernance dictée par "le fait du prince" et "des simulacres de concertation". Après le sempiternel exercice d'énumération des rendez-vous manqués par Lyon (Cité de la gastronomie, GPTL, Lyon Mode City, Capitale européenne de la Culture, etc...), Michel Havard s'en est pris à la marotte de Gérard Collomb : le développement économique. "Gérard Collomb s’approprie la réussite économique des entreprises. Comme s’il était le chef des entreprises. Et comme si, depuis le Grand Lyon, il était réellement à la manœuvre pour créer des emplois", raille-t-il. Poursuivant sur les implantations d'entreprise à la Confluence, il dénonce un jeu de chaises musicales : "GL Events ? Un déménagement depuis Brignais. Euronews ? Un déménagement depuis Ecully. GDF‐Suez ? Un déménagement depuis le 3e arrondissement. Idem pour Eiffage, idem pour Cardinal, idem pour le Progrès, idem pour Espace Group... Une ville qui bouge, qui progresse, c'est une ville qui attire, qui séduit, pas une ville qui fait tourner ses entreprises d'un site à l'autre (…) La seule victoire de Gérard Collomb, c’est de faire croire aux Lyonnais que grâce à lui la ville rayonne !". Souvent raillé pour son opposition mollassonne, le conseiller municipal du 5e a fendu l'armure jeudi soir. Le ton était plus convaincant et les mots plus puissants.

Favoriser l'accès au logements pour les classes moyennes

Michel Havard a aussi tenté de se légitimer vis-à-vis de ses rivaux pour l'investiture en rappelant les travaux préparatoires entrepris par son groupe d'opposition et en livrant un élément de son éventuel programme de candidat. "Lyon est bien loti en logements sociaux et ceux qui ont les moyens peuvent se loger. La tranche intermédiaire, elle, n'a rien. C'est pourquoi je travaille sur une proposition d'un chèque 1er logement qui permette aux actifs qui font aussi la mixité sociale d'accéder à la propriété", propose Michel Havard. Le dispositif est actuellement expérimenté à Marseille et consisterait en un prêt à des taux préférentiels.

Les primaires : le plan de C de Paris

Concurrencé par une poignée de candidats qui entendent lui ravir l'investiture UMP, Michel Havard a rappelé son attachement au principe des primaires. Ce mode de désignation ne semble pourtant plus vraiment d'actualité. "Je suis prêt à me soumettre à toutes les procédures. Je ne veux pas d'une décision qui vous serait imposé par Paris", explique aux 600 militants réunis le conseiller municipal du 5e. Il avait imaginé des primaires excluants les non-lyonnais mais elles sont désormais imaginées comme le plan C par l'UMP à Paris. De passage à Lyon mardi soir, Jean-François Copé, le président de l'UMP, n'a apporté aucune réponse. Le matin de sa venue dans le Rhône, il avait expliqué à Emmanuel Hamelin que, pour trancher le cas lyonnais, il pourrait s'en remettre à un sondage. Le conseiller municipal de la Croix-Rousse a accueilli cette proposition de bon cœur, en oubliant sa demande "primaire". En tête de tous les sondages de notoriété réalisés ces dernières années, il croit tenir là un juge de paix à sa main. Mais la commande d'un sondage ne serait aujourd'hui que le plan B.

Jean-François Copé aurait ainsi donné un mois à Georges Fenech, député de Givors dont les ambitions lyonnaises ne font plus de mystères, pour affiner sa candidature et rallier des élus lyonnais. Si le nouveau venu arrive à créer le consensus autour de lui, il pourrait être investi depuis Paris. Résultat, Georges Fenech multiplie depuis quelques semaines les rencontres avec des acteurs de la société civile et des élus de droite. Jeudi, il déjeunait avec Emmanuel Hamelin et ce vendredi midi avec Nora Berra. Le verdict de ces tractations florentines ne devrait pas intervenir avant quelques jours. Le refus de l'UMP de se lancer dans des primaires que le parti estime trop onéreuses et trop délicates à organiser complique la donne lyonnaise.

Une bataille "urbi et orbi"

Chaque jour, un fossé plus large semble se creuser entre Lyon et le reste du département. Michel Havard avance avec le soutien des élus lyonnais et s'apprête à dévoiler, le cas échéant, une lettre des élus UMP du conseil municipal enjoignant Paris de ne pas faire ingérence dans le choix de leur candidat. De son côté, Georges Fenech prépare son arrivée avec la bénédiction d'une majorité de parlementaires du Rhône. Depuis quelques jours, sa proximité avec Philippe Cochet, député-maire de Caluire et président de la fédération UMP, est manifeste. "Je crains que la confrérie des parlementaires se liguent contre les lyonnais. Les députés se soutiennent toujours et d'autant plus quand il s'agit de prendre des décisions pour des territoires qui ne les concerne pas", redoute l'entourage de l'un des deux candidats lyonnais déjà déclarés.

À défaut d'une adhésion clairement annoncée à la candidature de Georges Fenech, ce sont surtout les profils de Michel Havard et d'Emmanuel Hamelin qui irritent les parlementaires du Rhône. Mercredi 6 février, ils se réuniront d'ailleurs pour évoquer le cas lyonnais. "Quand on vous propose d'être le leader de l'opposition dans la deuxième ville de France, on attend de vous que vous bossiez, que vous soyez sur le terrain. Cette opportunité ne vous est pas offerte tous les jours. Au bout de cinq ans, on voit qu'à Lyon il y a un problème de leadership qui n'aurait pas dû exister si Michel Havard avait fait le b.a.-ba", tranche un député dont le cœur penche plutôt pour Georges Fenech.

Havard victime des parlementaires ?

"Michel Havard est un gentil garçon mais on ne prépare pas les élections municipales de Brindas, je vous parle de la deuxième ville de France. Emmanuel et Michel sont de bons candidats pour des têtes de liste d'arrondissements. Vous pensez vraiment que nous les parlementaires nous allons soutenir des mecs qui ont été battus récemment. Ils ne peuvent plus prétendre à Lyon. Pour arriver à vendre un produit, il faut que le consommateur se dise qu'il est au-dessus des autres. Pour cela, nous devons trouver d'autres profils qu'ils viennent d'Oullins ou d'ailleurs", tacle un autre parlementaire qui inclue dans la boucle des candidats légitimes François-Noël Buffet. "Cette situation se règlera par l'UMP à Paris et nous, les parlementaires, donnerons notre avis", appuie un député "rural". En réussissant son meeting d'entrée en campagne, Michel Havard a montré à ses camarades de l'UMP qu'il n'était pas complètement grillé. Sans mode de désignation claire, la situation pourrait rester indécise pour encore quelques mois. La droite lyonnaise est entrée dans une course d'élimination.

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