Pour son premier meeting de la campagne, Michel Havard a dévoilé aux Lyonnais le contrat qu’il veut passer avec eux : moins d’impôts, moins de promesses électoralistes, plus de sécurité et de proximité. Devant 1 000 personnes, c’est toutefois sur des aspects plus nationaux, comme le vote sanction, qu’il a le plus été applaudi.
Le premier pari est déjà réussi pour Michel Havard. Il a rempli l'auditorium Lumière de la Cité internationale, une salle de 1 000 personnes. Au terme d'une heure de discours, le candidat UMP n'a pas levé les foules. Le tribun s'améliore mais peine encore à fendre l'armure. Les sympathisants de droite ont, toute la soirée, réservé les salves d'applaudissements les plus nourris à Nicolas Sarkozy dès que son nom était prononcé à la tribune. La soirée de mercredi a permis à Michel Havard de présenter son équipe rassemblée et sa vision pour Lyon. "Je suis venu vous parler d'amour", prévient-il en préambule. Dans son besoin de se légitimer comme un possible maire de Lyon, le candidat UMP revisite l'histoire de la ville.
“Je me sens fils de Lyon”
"L'humanisme lyonnais que j'aime, c'est celui de François Rabelais, de Louise Labé et de Maurice Scève (…) Oui, mes chers amis, je suis un fils du catholicisme social qui prône, comme l'écrivait le philosophe Joseph Vialatoux, le respect de la personne humaine dans la vie sociale", pointe-t-il. Plus littéraire que jamais, Michel Havard résume le combat qui l'attend en mars prochain en citant Winston Churchill : "Tout le monde disait que c'était impossible à faire. Puis, un jour, quelqu'un est arrivé qui ne le savait pas. Et il l'a fait."
L’argument générationnel
Michel Havard était aussi venu parler d'humain à ses militants. Tout au long de son discours, le fil rouge souvent décousu de l'urbain contre l'humain ressort. Michel Havard veut en faire l'argument massue dans le comparatif qu'il dresse entre sa méthode – participative, avec des états généraux des arrondissements – au lendemain de son hypothétique victoire et celle, autoritaire, de Gérard Collomb. Dans son opération de publicité comparative, il met en avant sa "Génération Lyon" : "Je suis né dans ce monde en mouvement, dans ce monde qui change, et je n'en ai pas peur. C'est un champ d'opportunités fantastiques si on sait les comprendre et les saisir", glisse-t-il. Une phrase pronnoncée quelques minutes après des interventions préliminaires de citoyens ou d'élus rappelant en préambule que Gérard Collomb était élu depuis 1977.
Collomb et la “mégalomanie méprisante”
C'est ensuite son programme que Michel Havard a décliné. En six points aux contours assez flous mais tous anglés sur la proximité : "J'accuse le maire socialiste de Lyon de s'être tout simplement laissé griser par les grands projets et d'avoir oublié la vie quotidienne des Lyonnaises et des Lyonnais, la vie des cœurs de quartiers."
Comme il le promet depuis des années, Michel Havard ne présente pas de projets irréalistes, même s'il n'explique toujours pas comment sera financé son métro ni comment il trouve la solution technique pour le rendre réaliste. Ses projets, il les veut à une échelle humaine. Il promet ainsi de multiplier les créations de crèches, quelle que soit la nature de leur structure. Il entend aussi faire de Lyon la ville référence au niveau mondial sur les enjeux de santé et de nutrition. Et veut miser sur le tourisme pour créer des emplois. Pour séduire le monde économique, qui s'est fortement mobilisé autour de la candidature de Gérard Collomb, il promet de ne pas leur voler leurs succès : "Je suis frappé d'entendre un maire revendiquer, sans pudeur, toutes les réussites d'une ville (…) Cette mégalomanie est méprisante pour ceux qui font vraiment la réussite de Lyon, les reléguant au rang de simples faire-valoir d'un homme politique obnubilé par sa gloire personnelle."
Le vote sanction à la rescousse
Plus que sur ses projets, c'est sur un argument national que Michel Havard a fait se lever la salle. "Le résultat de Lyon sera commenté nationalement. Si les grandes villes restent à gauche, ce sera un signal positif pour François Hollande et son gouvernement. Les Lyonnais veulent-ils donner un signal positif à François Hollande ? Imaginez par contre que, le 30 mars au soir, les Lyonnais nous fassent confiance : ce sera un tsunami national. Voter Gérard Collomb, c'est soutenir François Hollande !" Et Michel Havard de rejouer du Paris contre Lyon, l'argument qui l'avait porté à la victoire lors de la primaire à droite en juin dernier : "Nous allons démontrer à la France que Lyon la rebelle est plus vivante que jamais."
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