Hélène Geoffroy: “Il y a un apartheid social et territorial en France”

Après les événements qui ont touché la Belgique, la secrétaire d’Etat à la Ville Hélène Geoffroy, aujourd’hui en déplacement à Vaulx-en-Velin, a indiqué vouloir faire travailler ensemble le plus d’acteurs possible pour éviter la radicalisation et pour favoriser le vivre-ensemble dans les villes françaises.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, et Hélène Geoffroy, secrétaire d’État chargée de la Ville, étaient à Vaulx-en-Velin ce jeudi 24 mars pour inaugurer l'école modulaire René-Beauverie et participer à une master class au lycée Robert-Doisneau sur le thème “Ethique et sport scolaire”, organisée par l’UNSS et la Licra, suivie d’une table ronde dans le cadre de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme. Celle qui était encore il y a peu maire de Vaulx-en-Velin a répondu à nos questions.

Lyon Capitale : Pensez-vous qu'il y a des Molenbeek dans la région lyonnaise et plus largement en France ?

Hélène Geoffroy : Ce que je pense, c'est qu'il y a évidemment des jeunes en désespérance. Qu'il y ait des jeunes radicalisés, évidemment. C'est pour ça qu'avec le secrétariat d'État à la ville, nous avons construit toute une politique de prévention de la radicalisation en formant les acteurs. Le Gouvernement a pris les choses à bras le corps. Partout où nous avons des contrats de ville signés, nous aurons une annexe avec un plan d'action et de prévention de la radicalisation. Ce sera mis en œuvre dès ce trimestre. Cela va permettre à tous les acteurs, que ce soit les associations, les adultes, l'État ou encore les collectivités, de faire les choses ensemble, de créer une synergie.

Mais j'attire aussi l'attention sur le fait que les personnes qui se radicalisent ne sont pas que dans les quartiers ou les villes populaires. C'est un phénomène qui touche la France entière et c'est pour ça que c'est toute la France qui doit se mobiliser.

Quelle est votre politique pour désenclaver les quartiers où il existe une exclusion territoriale et sociale ?

Le Premier ministre avait parlé d'apartheid social et territorial et c'est un mot que j'avais totalement partagé à l'époque alors que je n'étais pas au gouvernement. Il faut donc une transformation physique des quartiers, des transports et du renouvellement urbain, mais il faut aussi de l'humain. On a mis en place les conseils citoyens avec la loi sur la politique de la ville. Il faut que les habitants deviennent des acteurs de la transformation de leur ville. Il faut aussi miser sur l'éducation et l'accès à l'emploi. C'est ainsi que l'on sortira d'une logique de ghettoïsation qui a prévalu avant.

Aujourd'hui, vous étiez présente dans le cadre d'une semaine “d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme”. Pourquoi ne pas ajouter islamophobie ?

Je préfère que l'on parle d'actes antimusulmans ou antisémites. Aujourd’hui, le sujet c'est : “comment pouvons-nous permettre le vivre-ensemble ?" La république est en train de reconnaître qu'il y a des actes contre les personnes de confession musulmane et leurs lieux de culte, contre les personnes de confession juive et leurs lieux de culte.

Aujourd'hui, il faut dire à notre jeunesse que toutes les formes d'exclusion doivent être combattues. Parce que, quelle que soit la forme d'exclusion, à la fin, ça se retourne contre la société. En tant que maire de Vaulx-en-Velin, j'ai construit un plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations parce que j'ai dit que les questions liées à la couleur de peau, à la confession religieuse, au sexe ou à l'orientation sexuelle, tout ça doit être traité dans nos quartiers, mais aussi partout en France. C'est la France entière qui doit se redire combien elle a la chance d'avoir cette histoire et cet héritage-là.

Vous êtes de retour dans la région lyonnaises, que pensez-vous de l’affaire Barbarin ?

Je n'ai rien à en dire. Les victimes sont en train de dire ce qu’elles ont vécu et c'est normal qu’elles l'expriment. Et le cardinal Barbarin l'a dit justement, il verra selon ce que la justice dira.

Doit-il démissionner ?

Moi, je suis au gouvernement, c'est à l'Eglise de trancher. Moi, je parle seulement de liberté, d'égalité, de fraternité et de laïcité en tant que membre du gouvernement.

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