Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM, à New York, Pékin et Shanghai, a longtemps été l’une des têtes pensantes de la politique de sécurité. Pour lui, il faut privilégier “l’investissement sur les cerveaux”, au détriment de la culture du fichier à tout crin. Entretien.
Lyon Capitale : Le centre d’analyse du terrorisme avance le chiffre de 60 % d’auteurs d’attentats en France (depuis 2012) qui n’étaient pas fichés au FPR ou au FSPRT* au moment de leur passage à l’acte. Est-ce une donnée que vous partagez ? Alain Bauer : Le FSPRT est né en 2015, les autres dispositifs traitent de nombreux sujets très divers. Et l’accès à ces informations n’est en général pas autorisé. Je ne suis pas en mesure de commenter ces chiffres. Mais il est clair que pour l’essentiel les auteurs d’attentats étaient connus, parfois signalés, parfois suivis. Et que le nombre d’opérations préventives a quasiment décuplé depuis l’été 2016. Ce qui semble bien indiquer une meilleure gestion des fichiers et surtout des méthodes d’analyse jusque-là fort défaillantes. Depuis l’arrivée de Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur, 13 attentats ont été déjoués, 6 ont échoué et 3 abouti faisant 21 blessés et 6 morts (lire ici). Est-ce, selon vous, un bilan honorable ? Effectivement, l’amélioration est très progressive mais réelle. Le nombre d’opérations préventives a été largement multiplié et, si les services n’ont pas toujours réussi à empêcher des opérations, leur bilan s’est beaucoup amélioré, notamment eu égard à ce qui n’est pas rendu public. Le 30 octobre dernier, Gérard Collomb a défendu une nouvelle loi antiterroriste, entrée en vigueur le 1er novembre. Qu’apporte-t-elle et en quoi était-elle nécessaire ?Il vous reste 80 % de l'article à lire.
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