La majorité régionale a adopté ce vendredi le compte administratif 2013 de la collectivité à 2,230 milliards d'euros. L'opposition (UDC) en a profité pour critiquer le niveau d'investissement qui n'a augmenté que de 1,7% en 2013. Elle réclame l'introduction de plus de concurrence entre les opérateurs de la région pour négocier les prix et retrouver des marges de manoeuvre.
A la région, les années passent et se ressemblent depuis trois ans. Jean-François Debat, vice-président aux finances, le reconnait lui-même. Le compte administratif est "stable", "dans la continuité des comptes administratifs 2009-2013" et les nouvelles dépenses d''investissement sont peu nombreuses "+ 1,7% de dépenses d'investissement en 2013, + 2% sur quatre ans". Les dépenses supplémentaires sont seulement dégagées par "redéploiement" au sein des budgets de la région. Pour chaque nouvelle dépense, une baisse intervient de façon transversale au sein des services.
Pire, les dépenses régionales sont souvent contraintes. En 2013, 15 millions d'euros supplémentaires ont ainsi été engagés dans les TER correspondant, à nombre de trains égal, au financement de l'avancement des personnels -, et aux investissements prévus par la convention TER signée avec la SNCF. Dans les lycées, c'est la même chose. L'avancement des personnels (80% de la masse salariale régionale) grignote la majeur partie des nouvelles dépenses. En revanche, la formation a bénéficié de 8 millions d'euros supplémentaires en 2013. Un nouvel élan pour la politique de formation régionale, salué par Philippe Meirieu (EE-LV, vice-président à la formation) qui vise à aider les "450 000 chômeurs de la région". Mais globalement, les marges de manoeuvre budgétaires sont extrêmement contraintes.
Réforme territoriale en vue
"Les charges sont croissantes et en parallèle, nos recettes baissent du fait du gel des dotations de l'Etat", explique Michel Raymond (photo ci-contre), deuxième vice-président de la commission des finances à la région. L'élu socialiste anticipe même "une amplification de ce travail de redéploiement", c'est à dire à faire baisser une dépense d'investissement au profit d'une autre, en 2015. En effet, le volet financier de la réforme territoriale ne sera présenté qu'en octobre et le transfert de compétences étatiques vers les régions n'entrera en vigueur qu'en 2017, avec les moyens nécessaires.
Dans ce contexte, l'opposition de droite dénonce l'inertie de la politique économique menée par jean Jack Queyranne. Avec sa politique de "stabilité de l'investissement" à 582 millions d'euros en 2013, Rhône-Alpes se distingue avec "le niveau [d'investissement] le plus bas des régions françaises", affirme l'Union de la droite et du centre. Vincent Chriqui (UDC) voit le problème dans l'absence de "réformes structurelles" et de "réduction des effectifs". "Comment pouvez-vous invoquer vos efforts alors que vous ne proposez aucune réforme structurelle, aucune réduction des effectifs en particulier, de sorte que vos dépenses de fonctionnement augmentent de 3,1% en 2013 après 3,9% en 2012..." a-t-il demandé à Jean-Jack Queyranne ce vendredi en assemblée plénière.
L'UDC veut introduire plus de concurrence
Pour le conseiller de droite, il faut réformer en profondeur "la capacité d'action" de la région. "Au lieu de réclamer à chaque débat budgétaire la capacité de fixer le niveau de la fiscalité et le pouvoir de taux", le président devrait plutôt réclamer selon lui "le pouvoir de prix". Et au lieu de jouer sur le levier fiscal, l'opposition suggère plutôt à la gauche d'introduire de la "concurrence", pour pouvoir "négocier les prix". Comme par exemple avec la SNCF, liée à la région par une convention monopolistique et qui phagocyte sans mise en concurrence 25% des dépenses régionales. (Revoir l'intervention de Vincent Chriqui à la région le 20 juin).
Vincent Chriqui (UDC) s'appuie pour justifier son point de vue sur un rapport du Conseil économique, social et environnemental régional, le CESER, organe consultatif issu de la société civile à la région. Le CESER écrit : "c'est surtout par l'étalement des investissements en faveur des lycées et par la réduction globale de l'effort en faveur de l'action économique qu'est réalisé l'ajustement budgétaire pour financer la progression globale de la plupart des autres dépenses budgétaires". Avec cette méthode, la région va "droit dans le mur" selon l'UDC, et ce seront "les rhônalpins qui paieront la facture" sous forme d'impôts dans le futur.
Ce vendredi, les groupe UDC et FN donc voté contre le compte administratif 2013; les écologistes, le PRG et le PSEA ont voté pour.