Marylène Millet, maire de Saint-Genis-Laval
Marylène Millet, maire de Saint-Genis-Laval

"Je n'ai refusé aucun permis de construire depuis que je suis maire"

Marylène Millet, maire UDI de Saint-Genis-Laval, revient dans 6 minutes chrono sur la décision de la Préfecture du Rhône de lui retirer la compétence urbanisme.

Le couperet est tombé. Saint-Genis-Laval fait partie des quatre villes, avec Mions, Caluire-et-Cuire et Tassin-la-Demi-Lune, qui se sont faites retirer la compétence urbanisme et donc la possibilité de signer des permis de construire par la Préfecture du Rhône. Il leur est reproché de ne pas avoir construit assez de logements sociaux sur la période 2020-22. Une décision que conteste Marylène Millet, la maire UDI de Saint-Genis-Laval : "je voudrais simplement préciser que le logement, effectivement, c'est un vrai problème, un vrai souci en France, mais sur l'agglomération en particulier, puisqu'on a une agglomération attractive et qu'effectivement, la ville de Saint-Genis-Laval, depuis mon élection en juillet 2020, a mené une politique très volontariste pour combler ce manque. La période sur laquelle nous sommes jugés 2020-2022, en fait, consacre plutôt des efforts précédents qui n'ont peut-être pas été complètement réalisés".

Si l'élue ne conteste pas les statistiques, elle oppose la bonne volonté de sa commune : "Je n'ai refusé aucun permis de construire depuis que je suis maire. Donc, j'ai vraiment essayé d'accompagner tous les projets. Après, il est arrivé ce qui est arrivé : crise Covid, crise du logement, crise de la promotion. Et c'est vraiment impactant et je dirais pénalisant pour la ville, puisque effectivement, dans les permis notamment que j'ai signé, il y a des opérations qui sont bloquées aujourd'hui, qui ne sortent pas de terre en attendant peut être des jours meilleurs au niveau de l'immobilier".

La retranscription intégrale de l'entretien avec Marylène Millet

Bonjour à tous, bonne année, meilleurs vœux à tous. Marilène Millet, vous êtes maire de Saint-Genis-Laval, maire centriste, vous faites partie des quatre villes qui ont été, on va dire, sanctionnées par la préfecture du Rhône, qui vous a retiré la compétence urbanisme, ce qui veut dire que vous n'instruisez plus les permis de construire, mais surtout vous ne les signez plus. Et ça, c'est quand même beaucoup plus problématique quand on est maire. La préfecture a donc repris la main car vous n'avez pas construit assez de logements sociaux durant la dernière période où il y avait un contrat entre l'État et vous. Vous en avez construit que 14,55% de ce que vous deviez construire. Pourquoi vous contestez cette décision alors que factuellement, la préfecture peut finalement vous reprendre cette compétence puisque vous n'avez pas rempli vos obligations?


Alors, en fait, tout d'abord, je voudrais simplement préciser que le logement, effectivement, c'est un vrai problème, un vrai souci en France, mais sur l'agglomération en particulier, puisqu'on a une agglomération attractive et qu'effectivement, la ville de Saint-Genis-Laval, depuis mon élection en juillet 2020, a mené une politique très volontariste pour combler ce manque. La période sur laquelle nous sommes jugés 2020-2022, en fait, consacre plutôt des efforts précédents qui n'ont peut-être pas été complètement réalisés.

Vous payez pour votre prédécesseur ?

En fait, de toute façon, on sait très bien qu'un logement, pour qu'il soit comptabilisé, il faut déjà effectivement le temps de l'instruction après le temps de la construction et qu'effectivement, on n'est pas tout de suite récompensé de ces efforts. Nous, ce qu'on a constaté, c'est qu'en juillet 2020, quand nous arrivions aux manettes, on avait aussi cette perspective du métro qui arrivait et on s'est vraiment inscrit dans une politique volontariste pour accompagner le développement du logement. On a même été très proactif puisque nous avons sollicité l'État pour signer un contrat de mixité sociale dès décembre 2021. Je n'ai refusé aucun permis de construire depuis que je suis maire. Donc, j'ai vraiment essayé d'accompagner tous les projets. Après, il est arrivé ce qui est arrivé : crise Covid, crise du logement, crise de la promotion. Et c'est vraiment impactant et je dirais pénalisant pour la ville, puisque effectivement, dans les permis notamment que j'ai signé, il y a des opérations qui sont bloquées aujourd'hui, qui ne sortent pas de terre en attendant peut être des jours meilleurs au niveau de l'immobilier. Et c'est ce qui fait aussi que ça me pénalise sur ce compte triennal. Si je devais aussi donner un autre exemple qui est assez emblématique aussi des perspectives sur Saint-Genis-Laval, c'est le projet du Vallon. Le projet du Vallon, là aussi, je dirais que la ville et mon équipe, nous avons été extrêmement proactifs puisqu'en fait, c'est nous qui avons demandé à la métropole de renforcer le logement social dans ce projet. Donc 30% de logement social prévus sur 1350 logements et 30% en accession sociale pour vraiment favoriser justement un parcours global sur le territoire.


D'autres maires assument dans certaines communes de ne pas construire de logements sociaux. Vous, ce n'est pas votre cas...


Pas du tout. Et même, je dirais qu'au contraire, je ne suis pas contre le logement social, mais je ne suis pas contre le logement tout court. On voit bien qu'en France, il y a une vraie problématique au niveau du logement à tous les niveaux. On voit aussi que vous parliez de la préfecture. Il y a aussi des injonctions et des manques, par exemple, sur le logement d'urgence. On voit le nombre de personnes qui sont à la rue aujourd'hui. Donc, on voit qu'il y a vraiment des contraintes au niveau du logement, je dirais, sous toutes ces formes. Donc, nous, on est tout à fait volontaires pour accompagner ce besoin de logement. Aujourd'hui, moi, je vois aussi dans ma commune de Saint-Genis-Laval des jeunes qui ont du mal à se loger, même avec deux salaires, vu le prix de l'immobilier. Donc voilà, on veut aussi accompagner ce développement. On veut garder une ville attractive où on est aussi des jeunes, des familles qui puissent s'installer. Donc, c'est aussi la raison pour laquelle on a vraiment poussé ce dossier.


Vous avez engagé un recours à ce que vous pensez qui peut aboutir ?


Alors juste pour terminer, je voulais parler notamment du projet du Vallon parce que c'est très emblématique. Nous travaillons actuellement avec les HCL, la métropole, sur un projet de résidence étudiante qui a été décalé, qui aurait dû être annoncé là en fin d'année. Et c'est la raison aussi pour laquelle sollicite la préfecture pour déjà qu'on continue notre dialogue pour voir si la décision peut être révisée dans une procédure amiable et si besoin aller au contentieux. Parce qu'en fait, pour nous, il n'y a pas de proportionnalité entre la décision et entre la politique que nous avons menée.

Ça se base sur ce fameux critère statistique dont je parlais tout à l'heure.  Il y a trois autres communes qui ont été sanctionnées de la même manière. Qu'est-ce que ça change pour un maire, finalement, de se voir retirer la compétence permis de construire ? C'est le côté sanction qui vous blesse peut-être dans votre orgueil, dans votre amour propre ou est-ce que ça a vraiment des conséquences sur la manière dont votre ville va être gérée de ne plus avoir la main sur la signature des permis de construire ?

Alors, tout d'abord, juste pour éclaircir, vous dites sanctionner, c'est sanctionner sur un seul des critères. C'est le critère quantitatif. Puisqu'au niveau qualitatif, donc justement qui est un vrai critère de mixité sociale, on a atteint notre objectif qualitatif de faire du très social, par exemple. Et puis, je vous parlais tout à l'heure du contrat de mixité sociale, c'est quand même nous qui avons proposé de monter le seuil à 30% au lieu des 25%.

Pour que les habitants comprennent, ça change quoi ?


En fait, ça ne change pas grand-chose parce que toute l'instruction est restée déléguée à la ville. Alors, moi, ce n'est pas du tout une question d'orgueil. Je trouve qu'on fait des efforts et moi, j'accepterais d'être sanctionnée si nous n'en avions pas fait. Je me dirais, bon, voilà, ça peut être dans la nature des choses. Ce n'est pas une question d'orgueil, c'est que nous, on a vraiment, au-delà de ce que je vous disais, de tous les dispositifs qu'on a mis en place. Par exemple, on a mis en place des séances d'architecte conseil tous les mois pour accompagner chaque promoteur qui fait un projet sur Saint-Genis-Laval. Ça, c'est un travail extrêmement qualitatif qui demande du temps. J'ai embauché trois instructeurs à la mairie pour pouvoir accompagner les projets et faire aussi des projets qui soient qualitatifs et qui s'insèrent dans le tissu Saint-Genois, qui est quand même une ville à la campagne. Je rappellerai juste qu'on a aussi 54% de la commune qui n'est pas constructible parce qu'on a la chance aussi d'avoir encore de l'agriculture à Saint-Genis, c'est une ville à la campagne. On a aussi deux espaces naturels sensibles. Donc en fait, c'est tout ça aussi qu'on veut garder. C'est une qualité environnementale et une qualité esthétique aussi des projets.

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