Jules Joassard : “La démission de Bruno Le Roux serait digne”

Le responsable de la campagne de Benoît Hamon dans le Rhône déplore l’affaire concernant le ministre de l’Intérieur. Selon l’émission “Quotidien” les deux filles de Bruno Le Roux ont bénéficié, lorsqu’elles étaient lycéennes puis étudiantes, de plus de vingt contrats de travail de collaboratrices parlementaires entre 2009 et 2016, quand leur père était député de Seine-Saint-Denis. Deux de ces contrats interrogent sur la réalité du travail fourni.

Le parquet national financier a annoncé ouvrir une enquête préliminaire sur les emplois des filles du ministre de l’Intérieur, à l'Assemblée, suite aux révélations de l'émission Quotidien. Entre 2009 et 2016, 24 contrats de collaboratrice parlementaire, pour un montant total de 55 000 euros, ont bénéficié aux deux filles de Bruno Le Roux alors qu'il était député de Seine-Saint-Denis.

Si la pratique de faire travailler un ou des membres de sa famille est parfaitement autorisée, deux contrats interrogent sur le travail effectif que les filles de l'actuel ministre ont pu mettre en œuvre. Pour l'un d'entre eux, la fille aînée de Bruno Le Roux était en stage à temps plein en Belgique, tandis que pour l'autre, la benjamine était supposée suivre des cours en classe préparatoire à Paris.

Pour Jules Joassard, responsable de la campagne de Benoît Hamon dans le Rhône, cette affaire représente une "nouvelle ombre jetée" sur la profession qu'il exerce, celle de collaborateur d'élu. "Mes collègues et moi-même consacrons beaucoup de notre vie et faisons beaucoup de sacrifices pour exercer cette profession passionnante et très prenante. Il faut vite interdire de pouvoir embaucher des membres de sa famille, cela paraît tellement évident", estime-t-il.

S'il ne croit pas vraiment à une démission du ministre de l'Intérieur suite à ces révélations, Jules Joassard estime qu'il s'agirait d'une bonne décision : "Que Bruno Le Roux démissionne, ce serait digne. Mais comme François Fillon ne l'a pas fait et que finalement, si la polémique n'est pas éteinte, une partie des gens ont tourné la page, je crains qu'il ne s'accroche. Dans l'idéal, les hommes politiques doivent faire preuve d'exemplarité."

Des déboires nationaux qui entachent le travail des élus locaux

Cette affaire concernant Bruno Le Roux retarde également, selon Jules Joassard, le lancement d'une "vraie campagne" pourtant attendue par les électeurs. "Depuis un mois, la campagne ne démarre pas sur les vrais sujets et sur la présentation des programmes des uns et des autres et qui vont quand même, rappelons-le, engager notre pays pour cinq années, voire au-delà. Je crois que cela, tout le monde le déplore, car quand on ne fait pas la campagne sur les sujets qui comptent et qu'on la fait sur tous ces sujets connexes, personne n'en sort indemne", souligne-t-il, avant de préciser que "la calomnie sur tous les responsables politiques est généralisée et la suspicion ne profite qu'à un seul parti : le Front national, pourtant visé par les mêmes sujets avec les emplois des collaborateurs de Marine Le Pen au Parlement européen. Ce sujet n'a aucun effet sur le FN alors que toutes les affaires qui concernent les autres partis ont un effet délétère sur la campagne et sur la considération des citoyens pour leurs élus."

Conseiller municipal de la commune de Sérézin-du-Rhône, Jules Joassard estime que les déboires des élus nationaux portent atteinte à la réputation des plus petits élus qui entrent en politique plutôt "par dévouement que pour autre chose". "Pour prendre l'exemple du Rhône, dans les 290 communes qui ont chacune entre 1 500 et 3 500 habitants, les indemnités des élus sont symboliques, voire inexistantes. Beaucoup de retraités et d'actifs exercent des fonctions municipales qui sont avant tout un dévouement à leur collectivité et à leurs concitoyens", estime-t-il.

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