L'abstention, la faute des adversaires

57% des électeurs rhônalpins n'ont pas voté ce dimanche. Tous les partis politiques l'ont regretté avant de pointer du doigt la responsabilité de leurs adversaires dans ce taux d'abstention record.

Les candidats de ces élections régionales ont disputé un match de ping-pong, dimanche soir dans les salons de la préfecture, pour désigner le fautif de cette abstention record. Pour Europe Écologie, elle a deux raisons. La première est très politique : "la réforme des collectivités territoriales qui annonce la disparition de la région sous sa forme actuelle a jeté le discrédit sur cette élection". La deuxième est un testament de campagne, la dernière pique du candidat Meirieu contre le président actuel de la région. "Ce taux d'abstention fait aussi partie du bilan de Jean-Jack Queyranne", a commenté le leader d'Europe Écologie.

La faute à Queyranne

Un argument aussi entendu du côté de l'UMP. "Je suis déçue par le taux d'abstention, c'est l'ennemi de tous scrutins. Nous y voilà, au bout de six ans de mandature, Jean-Jack Queyranne n'a pas réussi à populariser cette instance", attaquait Nora Berra, tête de liste de la droite dans le Rhône. Pour Françoise Grossetête, l'abstention est même devenue une raison de croire en ses chances. "Je vais m'adresser à ceux qui n'ont pas voté. Je vais récupérer leurs voix", ambitionne la tête de liste UMP. Parce qu'à droite, tout n'est pas noir dans l'abstention. "Notre électorat ne s'est pas mobilisé ou est allé vers le FN pour un vote contestataire ", glissait Michel Forissier. L'UMP espère recapitaliser à droite pour tenter d'infléchir le cours d'un second tour où le jeu des reports de voix les place loin derrière.

La faute au gouvernement

Pour Jean-Jack Queyranne et les socialistes, l'abstention s'intègre au « vote sanction » de la politique gouvernementale. "J'ai senti chez les rhônalpins que j'ai rencontrés une vraie inquiétude sur l'avenir de leurs retraites, sur la TVA sociale, les services publics", a souligné le candidat socialiste. Il s'adressait à François Fillon et à son gouvernement. Chacun fait son beurre sur l'abstention record. L'UMP est attaqué par le PS et Europe Écologie. Jean-Jack Queyranne l'est par la droite. Le FN a, lui, su mobilisé son électorat et retrouve sa puissance d'avant 2007. Pour Bruno Gollnisch, l'abstention traduit le rejet d'un système qu'il qualifie souvent "d'UM-PS". "Nous, partis politiques, n'avons à intéresser les gens à cette élection", reconnaissait Michel Forissier. Un constat partagé par 57% des électeurs rhônalpins qui sont restés à la maison.

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