REPORTAGE - Dimanche soir, au siège du Front de Gauche à Lyon, l'ambiance était comme la météo : changeante et menaçante. Certains s'attendaient à de meilleurs résultats pour Jean-Luc Mélenchon. Et le score de Marine Le Pen laisse un sentiment d'amertume.
19h45 : les militants du Front de Gauche arrivent progressivement à la fédération départementale du Parti communiste. Entre salutations et discussions sur les résultats, la tension est palpable. Une quarantaine de militants, dont de nombreux jeunes, attendent patiemment les résultats. A 20h, lorsque les premières estimations sont dévoilées à la télévision, les réactions sont partagées. Le score de Jean-Luc Mélenchon est applaudi, même si une certaine déception se fait sentir chez certains. Le score de Marine Le Pen, alors annoncé à 20% des suffrages exprimés, choque.
Dans la foulée, les leaders locaux du Front de Gauche prennent la parole. Danielle Lebail, secrétaire départementale du PCF, commence : "la droite est sévèrement sanctionnée. La gauche est à un niveau historique pour un premier tour. Et le Front de Gauche prend toute sa place. On a été les seuls à mener clairement la bataille contre le FN. Au niveau local, dans les quartiers populaires, Marine Le Pen est derrière Mélenchon. Ces hommes et ces femmes nous ont entendus. Il va maintenant falloir poursuivre aux législatives". Armand Creus, conseiller régional de Gauche unitaire, cherche, quant à lui, à remobiliser les troupes : "On va battre Sarkozy à plates coutures ! Je sais que les militants sont un peu déçus mais il faut retenir que nous avons doublé nos scores."
Mais rapidement, les leaders stoppent leurs discours pour écouter Jean-Luc Mélenchon, qui prend la parole à la télévision. Tout le monde s'approche et écoute, attentif. Les applaudissements fusent. Mais un rire cynique retentit lorsque le leader du rassemblement appelle à voter comme s'il s'agissait de le faire gagner lui.
Plus tard, lorsque Marine Le Pen s'exprime à son tour, une quinzaine de personne écoute l'air dépité, quand Danielle Lebail les interrompt : "Juste pour vous remonter le moral : à Givors on est deuxième ! Le Pen est derrière."
Dans la salle, on cherche, tout au long de la soirée, à se raccrocher aux branches et à relativiser. Comme le rappelle Daniel Baiguini, cosecrétaire départemental du Parti de gauche, "Nous étions annoncés à 3,5% il y a 9 mois. Monter à 12%, c'est énorme ! Bien sûr, cette campagne doit se poursuivre au second tour. Chacun est appelé à faire ce qu'il a à faire pour battre la droite. Une révolution citoyenne est en marche. Les graines que nous avons semées vont germer." Et Danielle Lebail d'ajouter que "le Front de gauche est maintenant au cœur de la gauche. C'était la première révolution citoyenne. La deuxième sera les législatives, où nous continuerons à porter nos idées."
Ouf, pas de chansons paillardes au Front de gauche, le bon gout prolétarien est sauvegardé!