Grands vainqueurs des élections locales, les écologistes ont savouré, ce dimanche soir, leur conquête du pouvoir. Elle marque un changement de génération et d'une certaine manière le retour de la gauche. Retour sur une soirée historique.
C’est une victoire qui leur tendait les bras depuis trois mois et un premier tour porteur d’espoirs. Et puis le coronavirus a suspendu le temps. La crise a aussi suscité l’angoisse d’un changement d’aspiration chez les électeurs. La crise économique allait-elle l’emporter sur l’urgence écologique ? Ce dimanche 28 juin, les écologistes ont eu la réponse qu’ils espéraient. Ils ont pu déboucher le champagne, ou plutôt la bière bio seulement rendue amère par une abstention record qui leur vaudra pendant six ans, aux premiers vents contraires, un procès en illégitimité. Mais les voilà ce lundi matin à la tête de la métropole de Lyon et de la ville de Lyon. Ils sont solidement accrochés aux manettes du pouvoir local, et ce pour les six ans à venir. Dans les rangs écologistes, la joie est montée graduellement. À 20 heures, au Ninkasi, Grégory Doucet et Bruno Bernard ont été gagnés par le soulagement à mesure que les premiers retours des bureaux de vote leur parvenaient. La vague du premier tour est revenue avec un peu plus d’ampleur malgré une participation toujours en berne. Peu avant 21 heures, la victoire se dessine nettement pour Grégory Doucet. Ses candidats sont parfois incrédules devant la netteté de la victoire à Lyon. Les gestes barrière et l’abstention atténuent l’euphorie. Grégory Doucet sort dans la rue pour passer un coup de téléphone. Une nuée de journalistes le suit, prémices d’une vie qui va changer pour ce cadre d’une ONG dont presque aucun Lyonnais n’avait entendu parler il y a un an.
Envolées lyriques
À la métropole où les jeux n’étaient pas faits d’avance pour Bruno Bernard au début de cette soirée électorale, il reste des zones d’ombre. Elles sont balayées à mesure que Grégory Doucet prononce son discours de victoire au Ninkasi. Les résultats qui finissent par arriver dans la pièce où s’est enfermé Bruno Bernard laissent entrevoir la possibilité de gagner huit des quatorze circonscriptions métropolitaines. Sur l’estrade Grégory Doucet brode autour de l’espoir, des rêves devenus réalités et d’une tâche qu’il promet d’accomplir avec les habitants : “au milieu des Lyonnais”. Quelques instants plus tard, Bruno Bernard apparaît. “Je serai le prochain président de la métropole”, assène-t-il. Micro en main, il ne s’embarrassera pas de fioritures ou d’envolées lyriques. Son discours à peine terminé, un happening de militants réclamant la prolongation de la trêve hivernale parasite l’ambiance festive.
“Plus chaud que le climat”
Les écologistes convergent alors vers les halles du faubourg où leurs militants les attendent. En vélo pour Grégory Doucet qui s’offre une remontée de l’avenue Jean Jaurès, filmé par les caméras de France 3. À son arrivée au QG des écologistes, il est acclamé par les militants. L’arrivée de Bruno Bernard sera, elle, plus calme. Le coeur des troupes penche pour le maire de Lyon qui a construit avec eux un rapport plus charnel. La température monte au fil de la soirée. “On est plus chaud que le climat”, entonne les militants dans une salle caniculaire. Les candidats devenus élus sont hilares et goûtent à leurs premiers succès électoraux. “À gauche, nous n’avons pas souvent l’occasion de faire la fête”, sourit Elliott Aubin de Lyon en Commun, la liste de Nathalie Perrin-Gilbert. Les socialistes sont heureux. La victoire des écologistes redonne des perspectives à la gauche. “Si nous gérons bien la ville et la métropole, nous ferons de Lyon un exemple pour les combats nationaux à venir”, resituent Renaud Payre, chef de file du PS au premier tour. Les différentes composantes du rassemblement se côtoient sans trop se mélanger.
Génération climat
Le gros des troupes militantes festoie dans un respect dégressif au fur et à mesure de la nuit des gestes barrières. Ils ont souvent moins de trente ans. Grégory Doucet et Bruno Bernard dans leurs discours de ce dimanche soir ont insisté sur cette génération climat qui s’est levé. “En politique, il y a des hauts et des bas et parfois des explosions aujourd’hui, c’en est une. Comme en mai 68. La jeunesse se réveille, la société se réveille”, jubile Pierre Hémon, conseiller métropolitain sortant qui ne se représentait aps. “Ce soir, je ressens la même chose, additionnée, que pour la chute du mur de Berlin et la naissance de ma petite fille”, ajoute-t-il. Durant la campagne, il a guidé, dans l’ombre, Grégory Doucet et profite ce dimanche soir du sentiment du devoir accompli. Béatrice Vessiller, figure historique des Verts dans la métropole, souligne le vent de fraîcheur que fait souffler la victoire de Bruno Bernard : “nous avons un mélange d’expérience et une nouvelle génération qui s’investit. Ce renouvellement est important. Cette vague verte, je la lis au sens d’un besoin profond des électeurs de changement”. Les jeunes têtes de liste de Grégory Doucet à la Ville de Lyon savourent enfin une soirée de consécration que le coronavirus a décalée de trois mois. Ils incarnent ce renouvellement qui sera criant dans les assemblées métropolitaines et municipales. La plupart n’ont jamais été élus. Comme Grégory Doucet d’ailleurs. Bruno Bernard n’avait, lui, plus de mandat depuis 2014. Ce dimanche soir, il est revenu par la très grande porte.
Un indicateur à ne pas négliger, les Verts ont triomphés surtout dans les grandes agglomérations, Les "ruraux" seraient ils plus clairvoyants ? Verdir les villes c'est reconstruire Paris à la campagne. Quant à mettre en doute la thèse des prédicateurs du réchauffement c'est extrêmement rétrograde quand bien même rien n'est démontré face à la théorie des cycles de Milankovitch. Enfin afficher un non évènement comme l'affaire du siècle le nombre de votants parle de lui même. Ce résultat aura surtout permis à certaine liste de se barbouiller en vert et d'emporter le scrutin, reste à vivre avec.
Pas de liste EELV dans les petites villes : 80% des maires élus au 1er tour sont non-encartés (DVG ou DVD). Difficile donc de qualifier les ruraux de plus (ou moins d'ailleurs) clairvoyant : argument à revoir...
analyse le score obtenu , compare aux votants , les "élus" ne sont pas légitimes c'est se satisfaire de peu de chose. Polémiquer est inutile , mais hors des grandes villes avec quelquefois des scores minables ils sont aux décisions.
C'est la conséquence d'un désintérêt pour la démocratie, mais cela ne rend EELV illégitime pour autant. Est-ce qu'il est préférable d'être élu largement avec 1/3 des votants ou être élu à quelques voix près avec une large participation ?