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©Ville de Lyon

La droite demande (aussi) un budget de rigueur à Lyon

©Robin Favier

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Les élus lyonnais se sont longuement exprimés, lundi 7 novembre en conseil municipal, sur la crise économique qui frappe notre pays, à l'occasion du débat d'orientation budgétaire. Le maire a une nouvelle fois vanté "le modèle lyonnais", faisant fi des critiques de l'UMP et des centristes. Récit.

Rendu obligatoire par la loi avant toute adoption de budget dans les villes de plus de 3500 habitants, le débat d'orientation budgétaire avait lieu hier en fin d'après midi à l'hôtel de Ville de Lyon. Les élus, réunis en conseil municipal, se sont exprimés longuement sur les moyens de remédier à la crise économique et financière subit par la zone euro et par la France. Ils ont commencé par écouter sagement, comme le veut le protocole, l'élu en charge des finances de la Ville. Richard Brumm leur a dressé le portrait express de la situation financière de la Ville de Lyon et ses perspectives pour 2012.

Endettement : - de 775 euros par habitant

"Des charges courantes en faible augmentation, une masse salariale contenue et des frais financiers maitrisés voire en diminution", l'adjoint aux finances de la Ville a commencé par donner les grandes lignes du résultat financier 2011 de la Ville de Lyon. Il a notamment comparé les dépenses aux recettes « dynamiques malgré la crise" grâce à "l'augmentation des bases de la fiscalité directe" dû à l'attractivité de la ville. En effet, l'aire lyonnaise attirant de nouveaux habitants chaque année – c'est mécanique-, ceux-ci paient des impôts dont une partie supplémentaire (taxe d’habitation, taxe foncière, etc) revient chaque année dans les poches de la ville. Cette dernière en profite pour entretenir une épargne brute élevée qui lui permet notamment d'autofinancer ses investissements estimés à 95 millions d'euros cette année. Et de poursuivre son désendettement à hauteur de 20 millions d'euros en 2011 pour une dette globale estimée à moins de 370 millions d'euros, soit "moins de 775 euros par habitants, ce qui est tout à fait remarquable", se félicite Richard Brumm.

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Un budget "prudent" pour 2012

Nonobstant ces bons résultats financiers, l'adjoint aux finances a prévu, pour 2012, un "budget prudent, comme nous l'avons toujours fait depuis 2008", du fait de la conjoncture économique qui pourrait "prévoir des heures plus sombres", y compris à Lyon. L'adjoint au maire se méfie notamment de "la menace de perte du triple A de la France" qui pourraient augmenter la charge des frais financiers du pays et des collectivités locales. Il s'inquiète aussi de la menace de fermeture du robinet du crédit bancaire "freiné par un manque de liquidités des banques". Après l'annonce du plan de rigueur de François Fillon, il envisage enfin "de probables mesures plus drastiques imposées aux collectivités par le Parlement et le gouvernement".

Le taux d'endettement de la France en pourcentage du PIB :

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En conséquence, selon Richard Brumm, il faut donc poursuivre coûte que coûte "les efforts de bonne gestion et prévoir des évolutions exceptionnelles ciblées". L'adjoint aux finances envisage donc un budget 2012 dont les dépenses seront calées une nouvelle fois sur l'inflation, fut-elle très faible, "un effort spécifique sera fait sur certains postes de service public", comme le logement, et une masse masse salariale n'évoluant pas "de plus de 3% d'ici la fin du mandat". "Le poste des frais financiers sera stabilisé" annonce-t-il et "les subventions resteront stables, quelques hausses seront néanmoins admises" en direction, surtout, des clubs sportifs chers à l'adjoint aux sports, Thierry Braillard.

130 millions d'euros d'investissements en 2012

Au final, la Ville de Lyon prévoit 130 millions d'euros de dépenses d'équipements en 2012. Parmi lesquelles la fin du chantier de la halle d'athlétisme de la Duchère qui ouvrira ses portes en septembre prochain. D'autres chantiers seront également lancés, comme celui de la rénovation de la première tranche de la piscine du Rhône réalisée d'ici 2014 (3 millions d'euros pour 2012). Enfin, 3 millions d’euros sont prévus pour l'acquisition du terrain de la future cuisine centrale de Lyon qui sera réalisée avant 2014 à Rillieux-la-Pape. "Les dépenses de fonctionnement du budget 2012 seront limitées, pour mettre l'accent sur l'investissement. Un budget ajusté en dépenses aux capacités financières de notre collectivité", a conclu lundi Richard sans préciser toutefois le montant des dépenses de fonctionnement de la ville.

La droite veut réduire les dépenses de fonctionnement

Le président du groupe centristes et démocrates, Christophe Gourjeon, a réagi à cette présentation en demandant au maire « de réduire les déficits mais aussi les budgets » en mettant en place "un exécutif resserré, sans cumul de mandat". Il a reproché à Gérard Collomb de s'entourer "de 40 vice-présidents au Grand-Lyon et de 21 adjoints à la Ville".

Denis Broliquier, président du groupe Lyon-divers-droite, a quant à lui demandé au maire "un véritable budget de rupture". "Depuis plus de trente ans, a t-il expliqué, notre pays vit à crédit (…) Aucun homme politique n'a pris l'habitude de fonctionner sans déficit. Les collectivité territoriales doivent faire des économies et se réorganiser pour diminuer les coûts. Le dynamisme des droits de mutation est menacé, les dotations de l'Etat vont baisser (…) La chasse au frais généraux doit être engagée partout, une réorganisation des services est nécessaire. (…) Il faut une baisse des dépenses de fonctionnement. Face à un modèle à bout de souffle, nous vous demandons un vrai budget de rupture pour 2012 !" a martelé le maire Lyon-divers-droite du 2e.

Enfin, Laurence Ballas, conseillère municipale UMP, a reproché au maire et président du Grand Lyon le "peu d'économies" générées depuis "le développement de l'intercommunalité" dans le Grand-Lyon. Elle s'est inquiétée par ailleurs du "taux d'absentéisme très important au Grand-Lyon et à la ville pour raison de santé", "les syndicats se plaignant du manque d'écoute de Gérard Collomb" selon elle. Elle a donnée enfin, des pistes de réflexion pour faire diminuer les frais de fonctionnement de la Ville en cette période de crise.

Le modèle Lyonnais

Gérard Collomb qui a cru s'étouffer en entendant les membres de l'opposition lui donner des conseils pour réduire la facture de la ville a répondu, après l'intervention des groupes, "je suis quand même assez surpris de vos prises de position, le jour même où le gouvernement est obligé de signer un acte de faillite. C'est quand même incroyable !!!". Et le maire d'ajouter : "La droite a eu dix ans pour mettre en place sa politique. Elle l'a fait d'ailleurs, pour quel résultat ? Nous avons perdu 75 milliards d'euros de recettes au niveau national. A Lyon, c'était la même difficulté et pourtant nous nous sommes désendettés". Et le maire de vanter une nouvelle fois son "modèle lyonnais". "Qu'avons nous fait ? Nous avons investi dans l'économie. Cette obsession qu'on a pu nous reprocher à un moment (…) c'est la bonne méthode pour développer une ville. Et je crois que si on pouvait se pencher un peu sur cette méthode au niveau du pays, cela pourrait ne pas lui faire de mal".

Lundi soir, Emmanuel Hamelin, conseiller municipal UMP, ancien député, a réagi aux propos du maire l'accusant de "manipulation" de l'opinion ou "d'ignorance". "Dès que l'on aborde les questions budgétaires, Gérard Collomb compare les finances de la Ville de Lyon à celles de l'État". Or, affirme l'ancien député, "il est impossible de comparer une collectivité à un État. Un État doit gérer des budgets régaliens, défense, affaires étrangères, sécurité, éducation, des budgets sociaux, etc...
Aucun rapport avec un budget local, aussi prestigieuse soit la Collectivité concernée. Gérard Collomb se plait à cette comparaison facile, mais un peu risquée quand on sait que son candidat préféré préside le département le plus endetté de France", la Corrèze. "Dans la logique de Gérard Collomb, cela n'augure rien de bon pour les capacités de François Hollande à gérer le Pays", a terminé l'opposant.

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