La France Insoumise accuse Bruno Bonnell d’optimisation fiscale

Candidat du mouvement de Jean-Luc Mélenchon dans la 6e circonscription du Rhône, Laurent Legendre a relayé un jugement de 2011 concernant Bruno Bonnell. Jugement dans lequel la partie adverse avait évoqué une stratégie d’optimisation fiscale concernant l’ex-patron d’Infogrames. Des accusations diffamatoires pour le candidat En Marche à Villeurbanne, qui répond.

La bataille attendue dans la 6e circonscription du Rhône fait bien rage. Après le PS et En Marche, c'est au tour de La France Insoumise de monter sur le ring en cette dernière semaine de campagne avant le premier tour des législatives. Laurent Legendre, candidat investi par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon à Villeurbanne, a exhumé un jugement de 2011 concernant Bruno Bonnell. Jugement relatif à une histoire de pension alimentaire mais dont les "attendus de justice" – qui reprennent les arguments de chaque partie – évoquent une stratégie d'optimisation fiscale de la part du candidat d'En Marche.

“Des méthodes politiques sournoises”

"Bruno X..., homme d'affaires très avisé et très habilement conseillé, a entièrement restructuré son patrimoine, y compris en utilisant judicieusement un endettement qui pourrait être qualifié de colossal, afin d'éluder l'impôt de solidarité sur la fortune d'abord et l'impôt sur le revenu ensuite." Cette phrase tirée des "attendus" fait partie de celles mises en avant par La France Insoumise.

L'intéressé fulmine. Il rétorque que ces "attendus de la partie adverse étaient diffamatoires" et que l'administration fiscale n'a jamais rien trouvé à lui reprocher. Même lorsque sa situation a été contrôlée. Ses différentes sociétés n'ont jamais été épinglées, avance-t-il par ailleurs. "Vous pouvez retrouver les bilans", lance-t-il, dénonçant "des méthodes politiques sournoises" de ses opposants.

"Nous cherchons simplement à démontrer qu'il a su se servir du système en place", oppose-t-on du côté de La France Insoumise. "Il ne s'agit pas d'attaquer pour attaquer, d'ailleurs j'aimerais que l'on ne s'arrête pas sur la partie personnelle du jugement", précise Céline Fratczak, suppléante de Laurent Legendre.

Une société dans un paradis fiscal

Le jugement rappelle par ailleurs qu'après la vente de sa société Infogrames, Bruno Bonnell en a fondé deux nouvelles, qui développent des robots ménagers. Ces dernières sont contrôlées par une troisième société, propriété exclusive de Bruno Bonnell, dont le siège se trouve dans l'Etat américain du Delaware, communément reconnu comme un paradis fiscal.

Le référent du mouvement d'Emmanuel Macron dans le Rhône pour la campagne présidentielle affirme de son côté que cette société n'a jamais eu d'activité. Qu'elle devait lui servir alors qu'il projetait de se lancer outre-Atlantique, ce qu'il n'a pu faire, pour des raisons personnelles. "J'ai eu des sociétés en Allemagne, en Corée – comme un chef d'entreprise qui crée de l'activité et de l'emploi – et qui ont toujours été opérationnelles", ajoute-t-il.

Au-delà de l'opposant politique, La France Insoumise voit en Bruno Bonnell le système qu'elle entend réformer : "C'est une personnalité du système, que souhaite défendre En Marche. Notre projet de l'Avenir en commun de cadrer le système financier." Et de poursuivre : "Si on ne cherche pas à optimiser et que chacun contribue à son niveau, les caisses sont plus remplies et les services publics de meilleure qualité. Nous le répétons, de l'argent, il y en a."

Dénonçant la mise en avant d'une "réalité tronquée", Bruno Bonnell fustige une "stratégie de désinformation qui rappelle les pires années de la politique". Et raille la "panique" de ses opposants. Lesquels lui auraient "rendu service" en lui donnant une occasion de prouver sa probité.

[Mise à jour à 21h10] En réponse aux accusations, Bruno Bonnell a détaillé sa situation patrimoniale par voie de communiqué :

• J’ai quitté Infogrames le 2 avril 2007 avec une indemnité de 2,282,000 euros, somme sur laquelle j’ai payé l’impôt sur le revenu à hauteur de 799,896 euros (ce qui a naturellement été contrôlé par l’Administration Fiscale). Cette somme m’a permis d’investir dans ROBOPOLIS puis AWABOT et de créer sur ces deux sociétés plus de 110 emplois.
• La société BB26 a été créée en mars 2007 dans le Delaware car je comptais y établir la base américaine de mes activités de jeux en ligne. Les aléas de la vie m’ayant forcé à revenir en France en août 2007, cette société est en sommeil depuis.
• Si j’ai des participations patrimoniales dans des SCI pour faire des investissements immobiliers, je n’ai jamais habité dans le Château du Sou (qui n’est plus la propriété de la SCI Château du Sou depuis l’année 2000).
• Ayant relancé de nouvelles activités après mon départ d’Infogrames, j’ai vécu sur mes indemnités et donc je n’ai perçu que très peu de salaires après mon départ pour les années 2007, 2008 et 2009.
• La chute du cours d’Infogrames m’a effectivement placé dans une situation financière difficile, avec un endettement très important, auquel j’ai été en mesure de faire face, grâce à mon travail, depuis 10 ans.
• Toutes les informations sur mes jetons de présence dans les sociétés figurent dans les documents de référence desdites sociétés, jetons de présence bien évidemment déclarés dans mes revenus.
• En rentrant en France précipitamment pour des raisons personnelles en 2007, je n’avais plus comme base que ma maison de campagne du Gard qui n’est en rien un château et dans laquelle je n’emploie aucun "domestique". Seul un couple de gardiens y procède à l’entretien courant.
• Si je n’ai pas payé d’impôt sur le revenu en 2008 et 2009 c’est que, comme la loi l’impose, la pension alimentaire versée à mon ex-femme est incluse dans ma déclaration des revenus et prise en compte pour le calcul de cet impôt.

Lire aussi : (Sondage) À Villeurbanne, Bruno Bonnell devance largement Najat Vallaud-Belkacem

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