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@ Floriane Salgues

Laïcité : débat houleux dans les rues de Lyon

REPORTAGE - Le controversé débat sur la laïcité organisé par l'UMP a, enfin, eu lieu mardi 4 avril après-midi dans un grand hôtel parisien. A Lyon, devant la permanence départementale de l'UMP, associations de défense des droits de l'Homme et organisations politiques et syndicales s'étaient donné rendez-vous. Leur happening s'est transformé, pendant quelques minutes, en un face-à-face entre manifestants.

''C'est un sabotage ! Arrêtez la musique !''. Dans son porte-voix, le représentant de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI) ordonne aux membres du collectif regroupant une quinzaine d'associations, postés à quelques mètres de là, de bien vouloir couper la sono qui l'empêche de poursuivre son discours. La mobilisation avait pourtant bien commencé, ce mardi 6 avril à 18h, devant le 25 rue Edouard Herriot, siège de la permanence UMP du Rhône.

Liberté, égalité, et... fraternité

Peu avant l'heure du rassemblement, SOS Racisme décorait ici et là, de la main ''Touche pas à mon pote'', la petite barricade installée à l'occasion. Sur la sono passait du Manu Chao. L'happening s'annonçait festif, avec une seule règle à respecter : venir avec une pancarte ''Je suis la laïcité'' ou ''La laïcité, c'est moi''. Le collectif constitué à l'initiative de SOS Racisme et de la Ligue des Droits de l'Homme, parlait d'une même voix, dénonçant ce "faux débat" qui "stigmatise une partie de la population". Juste à côté, le CRI appelait elle-aussi à la mobilisation devant une bannière marquée d'un ''Stop à l'islamophobie'' et un cercueil en carton à la sinistre épitaphe : ''A notre bien aimée et regrettée Mme la République''.

Stéphane Gomez, Président Fédéral de la Ligue des Droits de l'Homme ouvrait la série de discours sur un micro à faible portée en direction des quelque 200 manifestants présents. Il donnait ensuite la parole à Abdelaziz Chaambi, président de la CRI, mégaphone en main et revendications polémiques en bouche. Celui-ci mettait en garde contre une islamophobie rampante, et poursuivait par un ''tous pourris'' à l'intention des politiques. ''La gauche cherche aujourd'hui à se racheter une virginité, mais on se souvient des paroles de Pierre Mauroy en 1982, excluant les musulmans de la réalité française. A gauche et à l'extrême-gauche, on surfe aujourd'hui encore sur la vague islamophobe. Au CRI, on ne fait pas de différence entre Maurice Barrès [NDLR, idéologue de l'extrême-droite] et Nadine Morano et l'UMP !''. Une provocation mal digérée par les associations et les élus politiques en présence qui, malencontreusement, enclenchent la musique.Ironiquement, la chanson Che Guevara retentit, et provoque un petit affrontement vite maîtrisé par la police.

Le rassemblement qui se voulait symbolique a vite perdu son esprit fraternel, dans un climat où chacun parlait sans vraiment s'écouter. La laïcité est une chance, tous l'ont reconnu. Quant à la réalité que le terme recouvre, elle a finalement plus fait débat dans les rues lyonnaises qu'à l'UMP.

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