Après avoir parcouru près de 3 000 kilomètres, c'est à Lyon que le député-marcheur Jean Lassalle a fait escale. L'occasion d'expliquer sa démarche et de s'inspirer du dialogue inter-religieux de la capitale des Gaules.
C'est à Lyon que "le député qui marche", Jean Lassalle, a posé son bâton de pèlerin dimanche, avant de repartir mercredi. "Une marche républicaine", "un voyage républicain", lui-même ne sait pas précisément comment nommer son périple, mais il en connait le sens. Le 10 avril dernier, le Béarnais s'est lancé dans une aventure aussi surprenante qu’incongrue pour un député. A pied, toujours en chemise et cravate - "il répète qu'il est député pas jogger", rapporte son entourage - , il traverse villes et villages, sillonne chemins et routes à la rencontre des Français.
Il a déjà marché 3 000 kilomètres depuis le début de son odyssée qu'il considère comme un des actes politiques les plus forts de sa carrière. Car à la base de cette démarche, il y a un constat, dont l'élu avait fait part à ses collègues de l'Assemblée à la veille du départ : "Je n'arrive plus à traiter les dossiers liés à mon territoire [...]Nous avons perdu nos repères et notre pouvoir au nom du peuple souverain s'efface".
En résistance
Un constat d'échec de l'action parlementaire ? Non, pas selon le principal intéressé qui estime qu'il lui fallait juste "avoir le courage de dire" ce qu'il ressentait et d'apporter cette idée, plutôt humble, d'avancer vers les autres pour écouter, pour comprendre mais aussi pour "allumer ça et là des petites lueurs d'espoir". Car pour le moment, la politique en France est "grippée" selon lui et a besoin "de renouveau", besoin de nouvelles sources d'inspiration.
Et c'est auprès des Français qu'il compte les trouver. Il ne cache pas son bonheur de ce temps passé à la rencontre de tous ceux qui veulent bien lui ouvrir leur porte. "Je suis conforté dans ce choix d'avoir pris la route, je ne me suis pas trompé", est-il fier d'affirmer. Où cela va-t-il le mener ? Il n'en sait rien, et à vrai dire cela ne l'inquiète pas. "Si jamais cette démarche restait stérile, j'aurais au moins essayé. J'aurais au moins tenté de faire quelque chose d'autre pour faire avancer les choses à ma manière, ne serait-ce qu'un peu". L'homme se dit "en résistance". Il n'a même pas arrêté une date de fin à son périple. "Si je le faisais, à la seconde même, l'effort s'arrêterait et mes jambes seraient coupées", affirme-t-il, lui qui, âgé de 58 ans, n'est pas peu fier de l'exploit physique de sa marche.
Mais comme nul n'est prophète en son pays, Jean Lassalle reconnaît que c'est peut-être chez lui que sa démarche est la moins comprise. "Ils se disent que j'ai toujours été un peu illuminé, mais là c'est un peu loin quand même", sourit-il.
A Lyon, c'est religion
Pourtant, dans sa déambulation, l'homme ne laisse rien au hasard. Il joue de son rôle de député pour se faire ouvrir un maximum de portes, aller là où les citoyens ne peuvent aller.. des prérogatives dues à son statut qu'il regrette d'avoir un peu vues tomber en désuétude.
Jean Lassalle s'adapte aussi à la ville. A Strasbourg, il parle Europe, à Lille "norditude". Et à Lyon ?... c'est religion. "Parce que c'est une ville avec le dialogue inter-religieux le plus approfondi, apaisé et confiant", explique-t-il. "Lorsque la situation en France sera la même qu'à Lyon dans ce domaine, alors nous aurons énormément progressé". Après le Grand Rabbin de Lyon, les représentants des communautés catholiques, protestantes, musulmanes et arméniennes, Jean Lassalle espère repartir avec des pistes, des idées, des réflexions qui viendront s'ajouter aux autres, glanées ça et là. Dès mercredi, il reprendra la route, à pied, direction Saint-Etienne.