Anissa Khedher, la candidate LREM dans la 7e circonscription, aborde le second tour en ballottage favorable face au Républicain Alexandre Vincendet. Mais, sur les réseaux sociaux, son nom est surtout associé à une compilation devenue virale de ses hésitations lors d’un débat sur TLM.
Dans la dernière ligne droite avant le second tour des législatives, Anissa Khedher, la candidate de La République en Marche dans la 7e circonscription, vit un pic de notoriété dont elle se serait bien passée. D'une certaine manière, elle est devenue la risée du Web, victime d'un bad buzz alimenté par ses adversaires politiques et ceux du nouveau président de la République, Emmanuel Macron. Un montage vidéo de sa prestation lors d'un débat de premier tour organisé par TLM tourne en boucle sur le Web. Les réseaux sociaux fleurissent depuis le soir du premier tour de vidéos peu flatteuses des candidats de La République en Marche. Anissa Khedher est entrée dans cette boucle en milieu de semaine. La vidéo a été visionnée plus de 350 000 fois sur YouTube en quelques heures. Plus tôt dans la semaine, c'est une candidate d'Indre-et-Loire qui avait eu droit à une compilation, dans un style très éloigné de la bienveillance prônée par Emmanuel Macron. D’ailleurs, la candidate a refusé tous les débats de second tour qui lui ont été proposés cette semaine.
Des paravents dans les écoles
La prestation d'Anissa Khedher sur le plateau de TLM n'entre pas dans les standards des débats politiques. La candidate En Marche lit ses fiches et se montre approximative sur de nombreux points. Sur la transparence dont elle fera preuve à propos de sa réserve parlementaire (une enveloppe dont disposent les députés pour financer des projets dans leur circonscription), elle répond : "Je ne sais pas." Questionnée sur la manière dont se mettra en œuvre la promesse de diviser par deux le nombre d'enfants par classe dans les écoles en zone Rep+, Anissa Khedher propose de "mettre des paravents" pour doubler le nombre de salles de cours. Les autres candidats qui ont participé au débat nous ont raconté une ambiance surréaliste et leur malaise. Ils confient ainsi ne pas avoir osé l'attaquer trop violemment, craignant de la voir s'effondrer. "Elle a fait un malaise, elle ne se sentait pas bien. Elle n'a pas osé dire qu'elle voulait annuler sa participation au dernier moment", expliquent les équipes locales d'En Marche pour justifier sa prestation incertaine.
“Pas notre meilleure candidate”
"C'est sûr que ce n'est pas notre meilleure candidate", admet un autre candidat de La République en Marche. Dans son propre parti, le sujet Anissa Khedher fait aussi naître un malaise. "Elle est devenue avec cette vidéo le symbole de l'expression “Avec l'étiquette En Marche on fait élire des chèvres”. C'est assez dérangeant pour nous", raconte un Marcheur de la première heure. Les Républicains attaquent Anissa Khedher depuis le début de la campagne sur le thème de "la candidate téléguidée par la mairie de Bron". Ce que ne contredisent pas les Marcheurs de la 7e circonscription : "C'est Annie Guillemot qui a soufflé son nom à Gérard Collomb. Il faut quand même se rappeler que Guillemot est une proche d'Aubry et qu'elle a fait la campagne de Benoît Hamon. Elle a volontairement choisi quelqu'un qui n'a pas une personnalité. Elle a fait en sorte que personne n'émerge dans sa ville en étant élu député. Comme Anissa Khedher cochait toutes les cases (femme, diversité, société civile), elle a été investie." Un choix d'autant plus facile qu'après avoir déclenché l'ire de Jean-Paul Bret, le maire PS de Villeurbanne, en investissant Bruno Bonnell face à Najat Vallaud-Belkacem, Gérard Collomb a veillé, pour préserver sa majorité à la métropole, à ne pas étendre la fronde des socialistes à l'Est lyonnais. Ce choix n'a pas été démenti par les électeurs, qui ont placé Anissa Khedher largement en tête au premier tour. Elle obtient d'ailleurs un meilleur score qu'Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle dans cette circonscription. Mais son débat chaotique sur TLM occulte tout sur la Toile.