Le Conseil d’État appelé à débloquer le dossier Euronews

C’était le gros morceau du conseil communautaire de lundi soir. Le Grand Lyon a décidé d’entrer dans le capital d’Euronews, la chaîne d’information internationale basée à Écully. Cependant “les collectivités locales ne sont pas autorisées à participer au capital d’une société commerciale n’ayant pas pour objet d’exploiter un service local ou une activité d’intérêt général“, peut-on lire dans la délibération présentée aux élus communautaires.

Seul un décret du Conseil d’État pourra autoriser cette participation au capital en en énonçant les “conditions précises et en précisant l’intérêt local retenu pour ce faire“. Ce n’est pas le moindre des paradoxes sur lequel les élus étaient invités à se prononcer : voter une délibération qui pour l’heure est hors-la-loi. La délibération prévoit donc la saisie du Conseil d’État. Les Verts ont voté contre et l’UMP s’interroge sur un dossier que les élus du groupe jugent incomplet puisqu’en l’absence de décret du Conseil d’État, il est impossible d’établir une convention avec Euronews. “Je comprends les réflexions. Il aurait mieux valu présenter un dossier bouclé“, répondra Gérard Collomb avant de poursuivre : “Mais mieux vaut un dossier qui ne soit pas bouclé que d’avoir plus tard des regrets. À force de tergiverser, on finit par perdre toute influence“.

Car la cause est juste d’après Gérard Collomb. L’enjeu consiste à conserver le siège d’Euronews à Lyon. Dans l’esprit du président du Grand Lyon, la chaîne paneuropéenne représente un atout majeur pour la visibilité internationale de l’agglomération. Entrer dans le capital ferait donc cesser “les pressions permanentes de voir Euronews partir ailleurs“, explique Jean-Michel Daclin, vice-président au rayonnement international. Pour ancrer la chaîne à Lyon, le projet consiste à transformer un prêt de 2,56 millions d’euros accordés à Euronews lors de son arrivée en 1993 par le Grand Lyon, la Région et le Département en part de capital, ce qui pourrait représenter 5,4% des actions de la chaîne. Mais également à faciliter son départ de ses locaux d’Ecully - propriétés des trois collectivités - pour le Confluent. Un bail emphytéotique de 18 ans avait été signé au moment de l’implantation de la chaîne à Lyon. La sortie en sera facilitée. Au Confluent, Gérard Collomb promet que l’image de Lyon sera plus présente à l’antenne.

Dans un entretien accordé au Progrès, le directeur général de la première chaîne européenne d’info, Michael Peters, jure que “lors des duplex que nous organiserons régulièrement, il y aura toujours inscrit “En direct de Lyon“ dans une fenêtre. Le monde entier le verra“. On pourra néanmoins objecter à ces pétitions de principe qu’en dépit de leurs implantations respectives, combien de personnes sauraient situer le siège d’Arte (Strasbourg) ou de CNN (Atlanta) ? On tient le pari : très peu… Conserver Euronews à Lyon serait une bonne nouvelle pour Lyon et Lyon Capitale soutient cette implantation. Mais voici l’autre paradoxe de ce dossier : alors que plusieurs capitales européennes rêveraient d’attirer la chaîne vers elles, à Lyon, il se trouve des esprits chagrins pour critiquer le montage du dossier. En cause, la méthode du maire de Lyon qui veut aller vite et sans concertation. Telles étaient les critiques émises à gauche comme à droite dans les couloirs du Grand Lyon hier.

Repères :
Euronews, c’est :
- 6 millions de téléspectateurs hebdomadaires
- 1ère chaîne d’information en Europe devant CNN International (1,7 million) et BBC World (0,8 million)
- 8 langues de diffusion actuellement, une douzaine prochainement avec l’Arabe notamment.
- 300 emplois permanents et une armée de 200 journalistes pigistes
- France Télévision dispose de 25,37% du capital, il s'agit de l'actionnaire le plus important de la chaîne devant la télévision italienne la RAI (22,84%)

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