Dans la nuit de lundi à mardi, des militants du Front National devaient placarder un peu partout dans Lyon des affiches aussi polémiques que provocatrices. Le drapeau algérien colore une carte de France bordée de minarets, le tout sous le regard d'une femme voilée. Le slogan, “Non à l'islamisme“, comme les dessins, risquent de créer la polémique à moins d'une semaine du premier tour des élections régionales.
Mardi matin, le long des axes routiers vous avez peut-être croisé peut-être des affiches de campagne électorale provocatrices et polémiques. Lundi soir, des militants du Front National avaient en effet prévu de placarder une centaine d'affiches dans Lyon. Jusque-là, rien de bien anormal. Mais c'est le message véhiculé par le parti d'extrême-droite qui risque de faire polémique. Bruno Gollnisch, candidat du FN en Rhône-Alpes, a décidé de reprendre une affiche déjà placardée en PACA le mois dernier où Jean-Marie Le Pen, le numéro 1 du parti, est candidat. Sur fond de drapeau algérien, l'affiche convoque tous les clichés qui font débat actuellement. On retrouve ainsi une femme voilée, des minarets et un slogan très direct : “Non à l'islamisme“. Cette affiche est très largement inspirée de celle de l'Union démocratique du centre (UDC, le parti suisse de droite qui appelait à voter contre les minarets chez les Helvètes). “Je n'attaque pas la liberté de culte des musulmans mais l'islamisme. Dimanche, lors d'un débat dans la Loire, une ménagère me disait qu'elle avait acheté du poulet dans un magasin et qu'elle a ensuite découvert qu'il s'agissait d'un produit halal. À Villeurbanne, le Quick ne propose que des sandwichs halal. Il faut refuser le fait que l'on tente de nous imposer un mode de vie inspiré de la charia“‘, explique le candidat du Front National en Rhône-Alpes.
Des actions en justice en perspectives
L'affiche déjà placardée en Provence-Alpes-Côte-d'Azur fin février n'avait pas du tout été du goût d'associations comme la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) ou le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). Elles avaient demandé à ce que l'affiche soit retirée immédiatement. L'Union démocratique du Centre qui avait sorti cette campagne lors du referendum helvète sur les minarets a porté plainte pour plagiat. Bruno Gollnisch reste assez serein quant à d'éventuelles poursuites judiciaires : “la carte de France sur fond de drapeau algérien nous l'avons reprise d'un tee-shirt qui se vend à Marseille depuis des mois“. Et le numéro 2 frontiste de rappeler que ce tee-shirt n'a pas été interdit ou condamné pour appel à la haine raciale ou à la discrimination. Il ne présentait pas non plus des minarets en forme de roquette et une femme voilée. Pour Alain Jakubowicz, président lyonnais de la Licra, il s'agit d'une “incitation manifeste à la haine. Cette affiche crée volontairement la confusion entre Islam et islamisme. C'est une stigmatisation. Nous avons lancé une procédure à Marseille pour faire retirer ces affiches et nous le ferons partout ailleurs“. À Lyon, les plaintes devraient arriver en même temps que les affiches.