Vice-président en charge des Finances, Jacky Darne a agité le spectre de la Grèce pour justifier un contrôle des dépenses et une hausse de l'autofinancement. Mais pour l'opposant Baptiste Dumas, la communauté urbaine "mène grand train".
Avec sa voix grave et un brin monocorde, Jacky Darne présente le compte administratif de la communauté urbaine, avec humilité. Tout au long de son exposé, il s'échine à relativiser ses bons comptes. Le ton est donné dès l'entame, avec sur l'écran projecteur la carte du Grand Lyon à droite, celle de la Grèce à gauche. "Je ne voudrais pas tirer une gloire excessive" des rentrées fiscales supérieures que prévu, prévient le vice-président aux Finances. Plus tard, évoquant le niveau particulièrement bas des taux d'emprunt (2,72%), il précisera : "nous n'y sommes pour rien". Mais pourquoi cet accès de modestie ?
Une marge de 3,6%
La réponse est sur l'écran : le Grand Lyon ne veut pas connaître les affres de la Grèce. Le vice-président en charge des Finances craint que la crise non résolue de ce pays puisse avoir "une influence sur nos financements de demain". L'élu veut donc limiter le recours à l'emprunt. Et pour ce faire, il faut tenir les dépenses et contenir les demandes d'élus. En particulier celle de Baptiste Dumas (UMP) qui avait parlé d'une "cagnotte" du Grand Lyon, appelant à des baisses d'impôts (lire ici). Ce lundi, certains élus se sont aussi engouffrés dans la brèche, comme Yves Fournel (groupe GAEC) qui souhaite un coup de pouce pour le logement social et les transports publics. Des propositions qu'autorise la situation plutôt saine des finances du Grand Lyon.
Les comptes présentés vont dans le bon sens. Les recettes de fonctionnement progressent fortement (+3,9%) tandis que les dépenses de fonctionnement sont largement sous contrôle (+ 0,6%). Une marge significative se dégage (+3,6%) mais Jacky Darne la relativise. "L'objectif est d'avoir un point d'écart", précise-t-il. L'autofinancement croît de 41,5 millions d'euros, atteignant 310 millions d'euros.
67 agents supplémentaires
Parmi les recettes, la fiscalité directe a augmenté de 44 millions d'euros de plus que la prévision initiale. Une surprise que les services du Grand Lyon ne savent pas trop expliquer. Parmi les hausses, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (+ 1,2%) et le péage du périphérique nord (+10%). Par contraste, les dépenses sont sous contrôle. Seules se relèvent les charges de personnel (+3,2%), avec 67 agents nouvellement recrutés (soit 4672 salariés au total). Une évolution que regrette Max Vincent (centristes et démocrates) qui prône une réorganisation des services et un redéploiement des effectifs. Pour Thomas Rudigoz (centre gauche) en revanche, ces embauches "répondent aux besoins générés par nos investissements".
Les investissements net ont justement progressé de 177% depuis 2002, s'établissant à 385 millions d'euros. Les premiers postes : la station d'épuration de la Feyssine (30,7 millions d'euros), celle de St-Fons (27,5 millions d'euros) puis le tunnel de la Croix-Rousse (25,6 millions d'euros).
A l'inverse de Jacky Darne, Gérard Collomb a le triomphe moins modeste. Le président de la communauté urbaine souligne que l'endettement est stable : de 1,186 milliard d'euros en 2001, il s'établit à présent à 1,200 milliard d'euros. En considérant l'inflation, "il a en fait diminué", en conclut-il, s'adressant à la presse. En réalisant cette prouesse, le président fait tourner les calculettes de ses services. Et une heure plus tard, en conseil communautaire, il annonce un montant en euros constant, incluant la hausse des prix : 1,186 milliard d'euros en 2001, 1,012 milliard aujourd'hui.
Collomb pour la continuité dans le changement
Baptiste Dumas (UMP) attaque en parlant du rétroprojecteur. Lui aussi voudrait y avoir droit, pour montrer de beaux graphiques. Mais Gérard Collomb n'a jamais accédé à sa requête, pas plus ce lundi que les autres fois. Alors l'opposition distribue des feuilles. L'élu villeurbannais évoque "une dramatisation qui n'est qu'un leurre" pour continuer "de mener grand train". "Jamais le Grand Lyon n'a ponctionné autant d'impôts", souligne-t-il. Il revient sur sa marotte : les programmes non réalisés. il y voit "une incapacité à exécuter les projets", "un goulot d'étranglement". "Deux tiers des investissements actuels seront lancés au cours du prochain mandat, entre 2014 et 2020", avance-t-il. Pour réponse, Gérard Collomb défend la continuité entre les mandats. "On part toujours des projets des prédécesseurs et leur imprime sa propre marque", philosophe-t-il. Et de comparer la situation à un marin qui donnerait un méchant coup de barre et qui finirait "dans les rochers". Comme ceux, sans doute, des rives grecques.
Entre description et analyse, je trouve cet article indigent.