Le “modèle lyonnais” de Collomb finalement plébiscité

ANALYSE – En citant Lyon en exemple lors de sa conférence de presse, François Hollande a validé un concept ânonné par Gérard Collomb depuis des années : le “modèle lyonnais”. Cette affaire, qui n’était que lubie d’un notable socialiste rancunier de ne pas voir ses réussites locales plébiscitées à Paris, vient d’être subitement adoubée par le chef de l’État. La construction de la métropole de Lyon, qui verra le jour avant Paris et Marseille, n’est pas une simple reconfiguration institutionnelle. Elle est guidée par une vision idéologique libérale, avec l'attractivité économique et la concurrence entre les territoires pour pierre de touche.

Car cette fameuse politique de l’offre favorisant l’entreprise, cette douce liquidation de l’État providence, cette volonté d’en finir avec l’État social redistributeur, Gérard Collomb la mettait déjà en pratique dans sa ville depuis sa première élection en 2001. C’était ça le “modèle lyonnais”. Faire la ville avec le privé, donner encore et toujours des gages aux chefs d’entreprise, quitte à positionner certains d’entre eux sur des rentes de situation monopolistiques dans l’événementiel, les grands travaux ou l’immobilier.

Acrobaties rhétoriques

Pour Collomb, il s’agit tout à la fois de perpétuer le vieil héritage d’un socialisme saint-simonien et en même temps de gouverner une ville dont les réseaux d’influence – toujours puissants – votent toujours à droite. Ce qui a pour effet de soustraire à l’UMP locale sa clientèle électorale habituelle. Du coup, les cadres locaux du parti de M. Copé sont contraints à des acrobaties rhétoriques quasi gauchistes. Ainsi, Georges Fenech : “Collomb est devenu un serviteur zélé des grands patrons et des grands projets.”

Conséquence politique, Hollande vient, consciemment ou non, de repositionner Collomb au centre du jeu des socialistes, alors que le maire de Lyon conservait une franche distance avec la Rue de Solférino. Au bord de la rupture, même lorsque Martine Aubry en était la première secrétaire après le douloureux congrès de Reims.

Oripeaux socialistes

En assumant un virage économique entrepris depuis longtemps par Gérard Collomb, le président de la République rattrape le camarade Collomb et lui fait endosser le rôle de modèle pour le parti de la majorité présidentielle. Alors que le maire de Lyon fait pourtant des efforts pour se dépouiller de tous les oripeaux socialistes, bannissant même le poing et la rose de ses prochaines affiches électorales.

Dès lors, Gérard Collomb peut-il contribuer à influer durablement sur la ligne politique du PS ? C'est la seule question qui vaille. Il s'y emploie. Tout en donnant l'impression de se désintéresser de son propre parti.

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Lire aussi : “Social-réformisme : Collomb veut liquider l’État providence”

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