A Vénissieux, le temps d’un meeting lundi 1er mars, Olivier Besancenot a tenté de galvaniser les militants du NPA en réaffirmant le crédo du parti anti-capitaliste : créer des liens entre les mouvements sociaux et la politique.
On prend la même et on recommence. Déjà l’année dernière, la salle Joliot-Curie de Vénissieux avait accueilli le meeting régional d’Olivier Besancenot. C’était pour les européennes. En 2007, c’était les présidentielles. Pour les régionales, le NPA n’a pas dérogé à la règle. Le dispositif de ce meeting du 1er mars est donc bien huilé. A l’entrée, une table de presse à gauche où l’on peut gratuitement piocher dans une sélection des tracts les plus récents. En face, un stand payant avec tapis de souris, t-shirts et collection complète des œuvres made in NPA dont celle du défunt Daniel Bensaïd. L’appel à toutes les générosités et toutes bonnes volontés est constant, y compris à la tribune où la tête de liste pour le Rhône, Catherine Faivre d’Arcier, endosse le rôle d’animatrice de soirée : "venez aider à coller des affiches, votre aide sera précieuse", lance-t-elle aux quelque 400 personnes présentes.
Une grande famille de militants
Avant les interventions d’"Olivier" et "Myriam" (Combet), les militants se succèdent pour rendre compte des "luttes actuelles". Pas plus de cinq minutes chacun. A tour de rôle, l’animatrice les appelle à la tribune, par leur prénom. Gérard nous parle d’écologie. Pour allier la question sociale et la question écologique, il plaide pour des transports en commun gratuits, Train Express Régionaux (TER) y compris. Séverine revient sur les quinze jours de grève, en janvier, à Sanofi-Pasteur "pour pas grand-chose", précise-t-elle. "Seulement une augmentation annuelle de 600 euros alors que l’entreprise a fait un bénéfice de 8,47 milliards d’euros de bénéfice en 2009 et que le plan de restructuration qui supprimera 3000 emplois est maintenu”.
Salim raconte les "Marches contre le chômage et la précarité" de décembre qui ont réuni une centaine de personnes, à Lyon, au plus fort de la mobilisation. Il en profite pour faire une explication de texte : derrière le slogan LCR/NPA "interdiction des licenciements", il faut comprendre, nous dit-il, "maintien du salaire" pour les personnes fraîchement licenciées et "SMIC" pour les autres. Marion du Planning familial clôt la série en dénonçant un gouvernement qui "piétine le service public de la santé". Ce qui a pour première conséquence, selon elle, la fermeture des centres IVG. "On a réussi à sauver celui de l’Hôtel Dieu, à Lyon, qui va être déplacé à l’hôpital Edouard Herriot. Mais trois autres vont fermer, sans compter les restructurations".
Après les mouvements sociaux, les régionales
Myriam Combet, tête de liste pour Rhône-Alpes, recentre les débats sur la campagne. Pour la dernière ligne droite, la candidate de Savoie, ex-conseillère régionale PCF, déroule un exposé rodé, en deux parties. Dans la première, elle dézingue le président de Région socialiste, Jean-Jack Queyranne accusé de ne pas mener une politique de gauche. Le symbole de ce renoncement est, pour elle, d’avoir placer sur ses listes le maire radical valoisien (apparenté UMP) du Grand-Bornand (Savoie), Gérard Perrissin-Fabert. "Queyranne, c’est six années de dérive libérale", annonce-t-elle.
Et elle s’emploie à le justifier. Elle conteste le soutien du conseil régional aux pôles de compétitivité, ce qui revient à faire "profiter le privé de la recherche publique", l’entrée de la Région dans le capital de la chaîne télé Euronews, le financement des lycées privés à hauteur de 15 millions d’euros (pour l’année 2009). Elle annonce aussi l’intention de Queyranne d’ouvrir les TER à la concurrence, notamment dans l’ouest lyonnais.
Pour sa seconde partie, on comprend que la "politique dont on aurait besoin" est tout l’inverse : arrêt des financements des lycées privées et des entreprises et transport en commun gratuit. Mesure qu’elle chiffre à "200 millions à rapprocher des 2,5 milliards de budget annuel". Elle se fait aussi porte-parole de personnels du conseil régional en dénonçant les 15% d’emploi précaire et appelle à la titularisation de tout le monde.
Un Besancenot des mauvais jours
Fin de la campagne des régionales, place au tribun Besancenot. Sans notes, "Olivier", comme on l’appelle ici, se lance dans un grand discours remobilisateur. Lors de sa venue, l’année dernière, l’heure était à la multiplication des mouvements sociaux, chez Continental ou ailleurs. Le NPA pouvait rêver tout haut de la "convergence des luttes". Un échec, constate Olivier Besancenot, un an après. Pour galvaniser les militants, il convoque les anciens qui "seraient descendus dans la rue pour un dixième des dérapages racistes que l’on connaît actuellement" et les 6 000 sans-papiers "en grève depuis six mois". Autant d’exemples à suivre, selon le leader du NPA.
Ensuite, il passe "au truc dont ils ne veulent pas que l’on parle, la crise", sans que l’on sache bien qui est ce "ils". Besancenot lève une partie du voile en parlant des capitalistes pour qui "c’est toujours moins d’impôt et plus d’aides publiques". Naturellement, son cours d’économie est marxiste puisqu’il considère qu’il s’agit d’une crise de surproduction. Cette crise environnementale et économique est aussi sociale. Il annonce les "cinq millions" de chômeurs "si on ajoute toutes les catégories de Pôle emploi". Autant de chômeurs qui pèsent, selon lui, sur les luttes dans les entreprises : "On nous rabâche "si tu n’es pas content, d’autres prendront ta place"".
Dans ce décor morose dressé, il reste une lueur d’espoir pour Olivier Besancenot. “En haut, la droite se déchire entre Villepin et Sarkozy, analyse-t-il. Pour gagner, il faut qu’en bas, on se mobilise comme du temps du CPE". Et la première lutte doit concerner la défense de "la retraite à soixante ans". Il finit par repasser aux régionales : "Nicolas Sarkozy défend son camp. C’est un excellent délégué du personnel. Il faudrait la même chose à gauche". Et il appelle à envoyer des "délégués du personnel" dans les conseils régionaux. En conclusion, Olivier Besancenot revient une énième fois sur la nécessité de se remobiliser : "la révolte n’est pas un plaisir solitaire". Des applaudissements nourris suivent le point final. Mais pas d’International chantée le poing levé. Certainement un signe que le NPA a vraiment le moral dans les chaussettes.
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