Aline Guitard 01

Le PCF va-t-il contourner le vote de ses militants ?

Certains élus communistes ne digèrent pas le vote de vendredi à l'issue duquel une courte majorité de militants se sont prononcés pour une liste de premier tour de Front de Gauche. Ils envisagent une seconde consultation des camarades si les discussions avec les autres composantes du Front de Gauche tournaient court. D'aucuns songent déjà à rallier Collomb.

11 voix ont fait basculer le vote des communistes, vendredi dernier. Malgré tout le poids des élus majoritairement favorables à une union de premier tour avec le PS, les militants ont voté pour une liste autonome de Front de Gauche. Huit conseillers municipaux et d'arrondissement se sont aussitôt fendus d'un communiqué. "Ce n'est pas la fin de l'histoire, nous a confié Roland Jacquet, conseiller communautaire et signataire de l'adresse. Il faut apprécier la situation. C'est une décision qui mène dans le brouillard, une démarche à l'aveugle. On ne se résigne pas à ne pas mener des discussions pour une liste de premier tour de large rassemblement avec la majorité sortante". Autrement dit à une union PS/PCF, comme en 2001 et 2008.

"La démocratie n'est pas à géométrie variable"

Les militants ont mal voté ? Qu'ils revotent ! Une décision difficilement tenable, compte du résultat de vendredi : même serrée, une majorité s'est dégagée. "Chaque adhérent est en droit à débattre, mais la démocratie n'est pas à géométrie variable, prévient Aline Guitard, la chef de file des communistes aux municipales. Le PCF n'est pas un parti où, si l'avis des militants exprimé par un vote ne convient pas à quelques-uns, on les fait revoter".

Elle ne voit qu'un seul motif à revote : l'échec des négociations avec les autres partenaires du Front de Gauche. C'est aussi le scénario envisagé par Roland Jacquet pour lancer une nouvelle consultation. Or ce sont aussi eux qui vont conduire ces discussions : vont-ils poser des conditions intenables à leurs partenaires ? En attendant, certains songent déjà à rejoindre Gérard Collomb. "C'est prématuré mais tout à fait ouvert, envisageable", nous a soufflé l'un d'eux, tout en précisant ne pas avoir "d'impatience particulière" à sortir du bois. Ces élus le savent : ils seraient alors traduits en commission des conflits du PCF.

"Je ne ferai pas partie d'une liste anti-Collomb"

Vice-président au Grand Lyon, Gérard Claisse est apparenté communiste, une position qui lui confère quelque liberté. Comme ses collègues signataires, il défend les réalisations accomplies au cours des deux mandats de Gérard Collomb. A commencer par la politique immobilière de la collectivité : "sur 10 000 logements construits dans l'agglomération, 4800 appartiennent au logement social", explique-t-il. Il évoque aussi la rénovation de la Duchère, la présence de logements sociaux à la Confluence, la participation citoyenne - "j'ai fait 1000 réunions publiques au cours de ce mandat" - les transports - "les axes lourds sont sortis du périphérique" - les baisses du prix de l'eau… "Je ne ferai pas partie d'une liste anti-Collomb", prévient-il.

Car au-delà de la stratégie de la constitution du Front de Gauche, se profile un large rassemblement avec les écologistes d'Etienne Tête et le Gram de Nathalie Perrin-Gilbert, autant dire avec des opposants notoires au maire actuel. C'est la volonté du Parti de Gauche ou de Gauche unitaire. En plus de ce problème de positionnement politique, s'ajoute celui du leadership : Aline Guitard ne semble encline à lâcher la tête de liste (lire ici). "Il y a un enjeu politique d'agglomération : le risque de bascule à droite du Grand Lyon et de la future métropole", ajoute Gérard Claisse. Il se préoccupe du devenir des 5 villes dirigées par des édiles Front de Gauche (Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Grigny, Givors et Pierre-Bénite) où un soutien du PS dès le 1er tour serait le bienvenue.

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