EXCLUSIF - Le président du conseil général a reçu vendredi après-midi une lettre de Jean-François Carenco. Elle lui demande de se conformer aux recommandations de la chambre régionale des comptes et de quitter le syndicat de transport lyonnais. Michel Mercier pourrait mettre la question à l'ordre du jour de la séance départementale de ce lundi matin.
Vendredi après-midi, Michel Mercier a reçu un courrier du préfet. Une lettre dont les élus parlent depuis quelques jours. La teneur est connue de tous : il enjoint le conseil général de quitter le Sytral. C'est la date qui intéressait les uns et les autres : le président du Département la recevrait-il avant lundi matin ? C'est alors que s'ouvrira l'assemblée départementale, à 9h30. Il pourrait dès lors faire passer en urgence une délibération, mettant en application ces recommandations.
Le préfet enjoint le Sytral de grossir
Évoquant le Sytral, Jean-François Carenco affirme qu'il "est nécessaire que son périmètre de transports urbains soit élargi à de nouvelles communes ou à des groupements compétents en matière de transports urbains et que le Département s'en retire". Le préfet reprend l'argumentaire développé par la chambre régionale des comptes, dans son rapport du 23 mai dernier. Les magistrats s'interrogeaient sur la présence du Département dans le Sytral alors que "les limites du périmètre de transport urbain lyonnais se confondent avec celles de la Courly". En clair le Département doit quitter le Sytral.
Mais ce n'est pas tout : "pour des raisons d'intérêt financier, de cohérence, d'égalité devant l'impôt (tant pour les entreprises que pour les contribuables) et de qualité de service rendu à l'usager, il serait nécessaire que le Sytral s'élargisse s'il doit perdurer". C'est cette injonction qui est à l'origine des tentatives de Bernard Rivalta d'intégrer des communes hors Grand Lyon, et notamment la communauté de communes de l'Est lyonnais comprenant Genas. Sans cet élargissement, le Sytral devrait disparaître et devenir le service transport de la communauté urbaine, au même titre que le service propreté. Le préfet ne dit pas autre chose.
Michel Mercier est bien décidé à mettre en application cette recommandation. Le fera-t-il dès lundi prochain ? Connaissant l'existence de cette lettre, Bernard Rivalta a abordé le sujet, lors du comité syndical de ce jeudi. "Ce n'est pas la première fois" que pareille injonction est faite, a-t-il relativisé. Maniant le chaud et le froid, il a semblé accepter la sortie du conseil général : "On ne retient pas les gens contre leur bonne volonté", a-t-il lancé. "Si le département sort, on fera un syndicat mixte fermé avec certaines communes", imagine-t-il. Certaines collectivités sont prêtes à le rejoindre, comme Brindas.
Rivalta menace de tout mettre sur la table
Le président du Sytral assortit cette apparente sérénité d'un ton violemment comminatoire. Il ne se contentera pas de la participation financière du Département. Comme pour tout divorce, il mettrait tout sur la table. La dette du Sytral, qu'il entend dès lors partager - Thierry Philip, président du groupe socialiste au conseil général, chiffre la part départementale à 400 millions d'euros. Le patrimoine ensuite qu'il ne semble pas du tout vouloir fractionner mais tout récupérer. Les dépenses d'entretien de ce patrimoine aussi, comme les tunnels du métro lyonnais. Dans ce grand déballage, il aussi parlé des transports scolaires, gérés par le Département mais dont la partie urbaine est prise en charge par le Sytral.
Collomb imagine le retour des diligences
Bernard Rivalta brandit une menace : l'accès au territoire de l'agglomération par les lignes du Département. "Il faut l'accord du propriétaire de la voirie, c'est-à-dire du Grand Lyon", avance-t-il. Or certains sites, "comme Part-Dieu ou Vaise" sont déjà surchargés. D'où l'hypothèse de les exclure de ces pôles d'échange. Gérard Collomb lui a emboité le pas, illustrant son propos. Il imagine déjà les usagers de T3, "faire 500 mètres à pied" pour prendre leur car. "Il vaudra mieux remettre des diligences pour faire le lien entre les territoires", a-t-il ensuite plaisanté. Bernard Rivalta met enfin sur la table les "accords historiques" de tarification pour éviter aux voyageurs de s'acquitter d'un double ticket, l'un pour les cars départementaux, l'autre pour les bus du Sytral.
Un syndicat départemental qui prend le Sytral en tenaille
La sortie du Département du Sytral n'est pas le seul sujet de la missive du préfet. Il pousse aussi "la création d'un syndicat de transport (dit syndicat SRU) composé du Département, du Sytral élargi en sa qualité de principale autorité organisatrice de transports urbains mais aussi, si elles le souhaitent, de la communauté d'agglomération de Villefranche-sur-Saône" et des communautés de communes ayant établi un périmètre de transports urbains. Cette superstructure viserait notamment à "une coordination des services (…) permettant la délivrance de transports uniques ou unifiés".
Le préfet s'emploie ainsi à faire la synthèse entre Gérard Collomb qui veut surtout voir le Sytral perdurer et Michel Mercier qui entend créer une organisation concurrente au Sytral, formant un anneau autour de l'agglomération lyonnaise. Dans se proposition, Jean-François Carenco rassemble les deux. Toutefois, cette instance nouvelle non seulement coordonnerait les différents systèmes de transport, mais elle organiserait les déplacements pour les zones (rurales) où aucune autorité organisatrice existe. Une vision critiquée par Gérard Collomb qui estime que "plus on multiplie les autorités de transports, moins le système est satisfaisant pour l'usager".
Enfin, Jean-François Carenco plaide pour "la mise en place d'un syndicat mixte associant la région, préfiguration de ce que devrait être l'organisation des transports à l'échelle métropolitaine, à l'instar de qui existe en région parisienne". Son expression est ambiguë, et il semble difficile de dire si sa vision correspond à celle de Gérard Collomb qui veut mettre sur pied un syndicat métropolitain des transports.