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Le président d’Auvergne : “Je ne me présenterai pas en 2015”

ENTRETIEN – Alors que Rhône-Alpes-Auvergne devient la deuxième région de France, le président de l’actuel conseil régional d’Auvergne, René Souchon, revient sur ce qu’il estime être “un mariage de raison”.

René Souchon concède que cette union ne générera pas d'économies dans un premier temps et "coûtera même de l'argent", insistant sur l'importance de la réforme des conseils départementaux et des intercommunalités. Il confirme que le siège régional sera à Lyon, et les commissions permanentes à Clermont-Ferrand.

Lyon Capitale : Rhône-Alpes et Auvergne fusionnent. Pour vous, c’est un mariage d’amour ou un mariage forcé ?

René Souchon : C’est un mariage de raison. Ni Rhône-Alpes ni l’Auvergne n’ont demandé cette fusion, mais la réforme est en route. Aujourd’hui, j’accepte cette alliance et je veux que nous puissions en tirer le meilleur. Trois options se présentaient à nous : une fusion Auvergne-Rhône-Alpes, une association Auvergne-Limousin ou un regroupement Auvergne-Limousin-Centre. Personnellement, je privilégiais cette dernière option, construite autour des régions du massif Central. Dans ces trois régions, les densités de population sont similaires, autour de 50 hab/km², tandis que Rhône-Alpes dépasse les 140 hab/km². Il y a donc des gestions assez différentes pour les compétences transport et formation.

Finalement, cette fusion est-elle salutaire ou pas ?

Cette réforme territoriale est une bonne chose. Avec la fusion, Rhône-Alpes-Auvergne deviendra la 2e région de France et la 7e en Europe. En termes de population, nous serons plus gros que certains des pays de l’Union européenne. Nous allons gagner en visibilité à l’international et c’est un point primordial. Mais la réforme des régions n’est que le premier étage de la fusée. Le rapprochement des régions, en soi, ne générera pas d’économies. Il coûtera même dans un premier temps. Les économies, elles vont se faire sur les conseils généraux et les intercommunalités. L’enjeu est là. Il ne faudrait pas que les parlementaires, notamment les sénateurs, dénaturent le texte et limitent les transferts de compétence des conseils généraux vers la région. Mais, avec le Sénat, on n’est jamais sûr de rien…

À la marge, des départements auvergnats pourraient-ils quitter selon vous la région ?

Le Cantal pourrait demander son rattachement à Midi-Pyrénées. Les habitants du sud du département notamment sont plus proches de cette région. Ils n’ont rien à voir avec Lyon. Les temps de parcours pour rallier Aurillac aux stations de ski sont considérables, presque 8 heures. Mais ce départ du Cantal – et éventuellement de l’Allier – n’est pas inéluctable. Nous pouvons trouver des solutions, notamment en maillant le territoire avec des antennes de région délocalisées et significatives. Il faudra également penser à utiliser les nouveaux moyens de communication.

Le numérique est une voie dans laquelle la région a énormément investi. Vous diriez que c’est aujourd’hui le plus gros cadeau que vous déposez dans la corbeille de la mariée ?

C’est une voie dans laquelle nous nous sommes fortement impliqués. L’Auvergne arrive aujourd’hui avec une avance très importante sur Rhône-Alpes en matière de numérique. Nous avons mis en place un important plan de raccordement du haut débit. En 2017, tout le monde en Auvergne, y compris les fermes isolées [y aura accès]. Nous installons actuellement 9 000 km de fibre optique. Nous avons investi 980 millions d’euros dans le développement du numérique, car nous avons décidé d’en faire un important levier pour le développement de l’Auvergne.

En dehors du numérique, quels sont les autres atouts que l’Auvergne apporte avec elle ?

Nous apportons également notre expertise dans certains domaines universitaires, mais aussi le domaine de la santé et de la nutrition, un axe fort du développement à Clermont-Ferrand. Nous avons des collaborations fortes déjà depuis plusieurs années avec Rhône-Alpes sur des dossiers importants comme le Cancéropôle Rhône-Alpes-Auvergne. En matière d’agriculture aussi, nous allons beaucoup apporter. Nous pouvons amener une méthodologie éprouvée dans ce domaine. Il ne faut pas oublier que l’Auvergne est aussi le pays de Limagrain, un des plus grands groupes d’Europe en matière de semences et de produits céréaliers.

Le siège de la région sera-t-il à Lyon ou à Clermont-Ferrand ?

Le siège sera forcément à Lyon, c’est incontestable. En revanche, les commissions permanentes siégeront à Clermont-Ferrand. Au-delà du symbole que cela représente, on ne va pas déplacer 400 fonctionnaires à Lyon. Ça n’aurait pas de sens ! Nous avons une nouvelle organisation à décider rapidement et à mettre en œuvre. Le 21 juin, le président Jean-Jack Queyranne sera présent à l’inauguration de l’hôtel de région de Clermont-Ferrand. Ce sera l’occasion de montrer qu’il n’est pas là en conquérant, mais que Rhône-Alpes est un partenaire à égalité de droits et de devoirs.

Personnellement, briguerez-vous la présidence de Rhône-Alpes-Auvergne en 2015 ?

S’il faut rassurer sur ce point, non, c’est certain, je ne me présenterai pas.

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