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Le programme du PS passé au scanner par des élus lyonnais

Plafonnement des loyers, création de 300.000 emplois avenir, fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG… nous avons fait réagir plusieurs élus sur les mesures phares du projet socialiste pour 2012. Certaines conduisent même à des réserves à gauche, tandis que d'autres entraînent même l'adhésion de l'UMP.

300 000 emplois d’avenir

Le Parti socialiste remet au goût du jour les emplois jeunes des années Jospin. Sous la formule ''emplois d’avenir'', le programme promet la création de 300 000 postes pour les jeunes, dans les domaines de l’innovation environnementale et sociale.

Mesure fondamentale pour les élus socialistes du Rhône, irréaliste pour la majorité présidentielle : le clivage gauche-droite est sur la question de l’emploi, une fois encore, bien réel. Pour Pierre-Alain Muet, député PS, la proposition est tout simplement ''indispensable''. L’économiste en fait la démonstration, chiffres à l’appui : ''620 000 jeunes sont au chômage. C'est la même logique que les emplois jeunes qui ont été un formidable tremplin pour décrocher un CDI. C'est fondamental pour faire redémarrer l'économie, comme en 1997. Leur financement coûtera 3,5 milliards d'euros, ce qui sera financé par la suppression des heures supplémentaires défiscalisées qui ont fait perdre 80.000 emplois''.

Un sentiment que partagent ses homologues de gauche, Thierry Philip, conseiller général PS et Jean-Louis Touraine, député PS, comparant les ''emplois d’avenir'' à un ''sas entre l’activité de personnes non encore sur le marché et le monde professionnel''. Une mesure qui ne convainc pas les élus de droite, ironiques : ''C'est démagogique et suicidaire pour les finances publiques. Veut-on finir comme la Grèce ?'', s’indigne Philippe Meunier, le député UMP, quand son collègue Philippe Cochet, député UMP lui aussi, ne voit dans la disposition socialiste qu’une ''bonne proposition du XXe siècle''. ''C’est continuer à penser que l’emploi public créé de l’emploi pérenne'', soupire-t-il.

Plafonnement de la rémunération de certains grands patrons

Face aux rémunérations élevées de dirigeants de grandes entreprises, le PS propose aux patrons d'entreprises où l'Etat a une participation de montrer l'exemple. Dans ces sociétés, les écarts de rémunérations entre salariés n'excèdera pas un rapport de 1 à 20.

C'est la disposition la plus consensuelle. Pour les élus socialistes, c'est une question de valeur. "Les gens veulent gagner plus car c’est une valorisation, pour être considéré comme meilleur, mais c’est oublier que la valeur humaine n’est pas égale à la valeur marchande’’, philosophe Jean-Louis Touraine. "Ce n’est pas parce que les salaires de certains chefs d’entreprise ont explosé que cela a aidé à la croissance", objecte Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire en charge des grands événements (PS). Et à droite, les réactions sont à l'avenant. Philippe Meunier va même plus loin : "Je suis pour le plafonnement de la rémunération de tous les patrons, même dans le privé. Pendant longtemps, les patrons français ont été les plus mal payés au monde, ils sont à présent les mieux payés. On est passé d'un excès à l'autre". Philippe Cochet soutient le dispositif préconisé par le PS, même si selon lui, c’est prendre le problème "par le petit bout de la lorgnette.’’

Fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG

C'est la base de la réforme fiscale promise par le PS : la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG dans un impôt citoyen plus progressif, prélevé à la source.

Pierre-Alain Muet estime que cette mesure "allégera la pression sur les plus modestes". Mais elle a un corollaire : la réduction drastique des niches fiscales. La justice fiscale est aussi l'objectif de Thierry Philip : "on oublie surtout de dire que la CSG est injuste : en pourcentage, elle est moins élevée pour les salaires les plus importants. A partir de 5000 euros, les personnes payent moins". Mais il souligne aussi que le prélèvement à la source "va permettre à tout le monde de savoir ce qu’il gagne, et de diminuer les frais de collecte". A droite, pas de feu nourri contre une mesure complexe. Philippe Cochet note que la CSG, conçue à sa création pour être provisoire, serait ainsi définitive. A l'inverse, pour André Gerin, député PCF, ce n'est pas assez. "Encore un effort. Il faut une révolution fiscale pour prendre sur le capital".

Plafonnement des loyers

Pour stopper la hausse des loyers notamment au moment de la relocation, le PS souhaite imposer aux propriétaires un seuil maximal.

Selon Nathalie Perrin-Gilbert, secrétaire national au PS en charge du logement, ce serait le conseil d'Etat qui, au 1er janvier de chaque année et après consultations, fixerait un plafond locatif au m2 (hors charge) et par zone. "Cela pourrait amener à baisser les loyers existants dans les villes où ceux-ci sont très élevés. Mais ils ne seraient pas bloqués, ils pourraient augmenter modérément d'une année sur l'autre", précise la maire PS du 1er arrondissement."J’aime beaucoup cette mesure. Pour moi, c’est même l’une des plus importantes. C’est faire en sorte que personne ne soit amené à dépenser plus de 25% de son budget dans le paiement d’un loyer", réagit Najat Vallaud Belkacem.

Cette entorse au libre marché ne convainc pas du tout les élus de droite. "Cette mesure n’est possible que lorsque l’on veut tuer le parc privé. Or le parc privé est le plus grand parc locatif de France. C’est très soviétique et grotesque comme proposition’’, proteste Philippe Cochet. Un argument repris par Philippe Meunier qui imagine déjà les conséquences futures : "Est-ce que l'on veut une économie soviétique avec un marché noir ? Parce que les propriétaires seront alors payés en liquide, de la main à la main".

Combler les déserts médicaux

Dans le domaine de la santé, le PS veut obliger les jeunes médecins à exercer en début de carrière dans les déserts médicaux.

Cette mesure du Parti socialiste n’est pas la plus consensuelle, et fait déjà débat, à droite comme à gauche. Thierry Philip, médecin de formation, met un bémol. ''Je préférerais la négociation plutôt que l’obligation. Il faut absolument négocier car la population de médecin s’est beaucoup féminisée. Ce que je propose c’est une multiplication des maisons de santé qui permettent aux femmes médecins, par exemple, d’y aller deux fois par semaine''.

Une réserve partagée par Jean-Louis Touraine, qui est convaincu de la nécessaire adhésion des médecins au projet et suggère des mesures incitatives, comme ''moins payer pour étudier''. Le conseiller régional Europe Ecologie Les Verts, Etienne Tête ne voit, quant à lui, pas pourquoi les nouveaux arrivants paieraient seuls le ''tribu d'un système fondé sur la liberté d'installation'' et conseille à la place ''une discrimination fiscale pour les médecins installés dans les secteurs où il y a trop de praticiens''. A l’UMP, Philippe Cochet clôt, laconique : ''Je croyais que médecin était une profession libérale''.

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