Le PS a-t-il un plan sur les retraites ?

Pascale Crozon, Jacky Darne et Jean-Louis Touraine ont présenté ce lundi les propositions socialistes pour réformer les retraites. Parmi elles, le maintien d'un départ possible à 60 ans, l’imposition des revenus du capital et l’augmentation des cotisations sociales. Mais des ambiguïtés demeurent...

Y a-t-il une alternative à la réforme actuelle des retraites ? La question, posée notamment au PS, 1er parti d’opposition, n'a pas vraiment trouvé de réponse jusqu'à maintenant. A la veille d'une grande journée de grève, la fédération du Rhône convoquait la presse pour démontrer le contraire. Oui les socialistes ont des propositions. Deux parlementaires, Pascale Crozon et Jean-Louis Touraine, et le premier secrétaire départemental, se sont collés à l'exercice. Sans cependant convaincre complètement.

"Ce texte n’est pas juste, pas efficace, pas durable", attaque Jean-Louis Touraine. Ce lundi, le Sénat a voté un amendement qui permet aux mères de famille ayant eu au moins trois enfants de partir en retraite à 65 ans sans décôte. Ce n'est pas assez pour les socialistes. "Pour notre génération, les femmes suivent souvent leur mari et même sans enfant, elles sont pénalisées dans leur carrière", expose Jean-Louis Touraine. Cette dernière concession gouvernementale n’entamera donc pas la détermination du PS à s’opposer ce mardi à la réforme des retraites. Le PS sera bien aux côtés des manifestants, et même parmi eux : 500 militants roses figuraient dans le cortège, le 23 septembre dernier. "Nous pensons que le gouvernement ne cédera pas", confie toutefois Pascale Crozon.

Faire payer le capital

Pour convaincre de sa bonne foi, le PS s’engage à abroger la réforme du gouvernement, s’il revient aux responsabilités en 2012. Revenir à la retraite aux 60 ans, soit. Mais comment assurer la pérennité de notre système de retraite par répartition ?

Jacky Darne a souligné que l'effort de financement des retraites "porte essentiellement sur les salariés". Or le PS entend mettre à contribution les revenus du capital et instaurer une taxe sur les banques et des prélèvements sur les bonus, les stock-options, la participation salariale. Au total, ces recettes s’élèveraient à 19 milliards d’euros en 2025 et 28 milliards d’euros en 2050. A cela s’ajoute une augmentation des cotisations salariales et employeurs de 0,1 point chaque année, entre 2012 à 2021. Au final, le régime de retraite afficherait un excédent de 7 milliards d’euros en 2050, selon le document qui nous a été remis. Mais souligneront ses détracteurs, ce plan revient à alourdir les prélèvements obligatoires et à renchérir le coût du travail.

Deux questions restées en suspens

De plus, le texte socialiste ne lève pas deux tabous. D’abord l’allongement de la durée de cotisation fixée à 41 ans en 2012. La mesure est brièvement évoquée. Sera-t-elle mise en œuvre ? "Oui", lâche Jacky Darne du bout des lèvres. "Ce n'est pas un problème pour les socialistes qu'un cadre travaille jusqu'à 65 ans". En revanche, « tous les travaux pénibles doivent donner lieu à des majorations pour chaque année d'activité ». L’autre tabou concerne l’harmonisation des systèmes de retraite, souhaitée par le PS. "Au point de faire table rase des régimes spéciaux ?", a-t-on demandé à Jacky Darne. "Oui, à condition de prendre en compte la pénibilité". Dans des conditions différentes de l’approche gouvernementale.

Le texte actuel propose en effet que seuls les salariés justifiant une incapacité de 10% puissent continuer à partir à 60 ans. "Il ne s'agit pas de pénibilité, mais de personnes malades, handicapées", observe Pascale Crozon. Jean-Louis Touraine a rappelé le scandale de l'amiante, qui a déclenché des cancers. "Qu'est-ce que cela veut dire ? Continuez de travaillez, quand vous aurez votre cancer, on vous prendra en charge ?". Pour les parlementaires socialistes, ce texte "est l'un des plus durs en Europe".

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