Le syndicat de transport menace de ne plus desservir 7 communes extérieures à son périmètre, dont Genas, Vaugneray et Grézieu. Un arrêt qui pourrait être effectif d'ici à septembre 2012. En cause : le coût élevé de ces lignes, au regard de la participation financière de ces territoires. Le Département - qui devrait quitter le Sytral d'ici à la fin de l'année - en profite pour leur faire une offre concurrente, qui passe par un syndicat périurbain. Mais les usagers devraient y perdre au change.
C'est un courrier, venu rompre la trêve estivale. Le 30 août dernier, le Sytral écrivait à Genas, ainsi qu'à Brindas, Chasselay, Grézieu-la-Varenne, Pollionay, Ste-Consorce et Vaugneray. De façon lapidaire, la missive dénonçait la convention tarifaire qui liait ces collectivités au syndicat de transport. Celles-ci sont desservies par des bus TCL, bien que non adhérentes au Sytral. Leurs entreprises ne sont donc pas soumises au versement transport (1,75% de la masse salariale), comme le sont celles qui appartiennent au périmètre du Sytral, même si elles s'acquittent d'une "tarification spécifique, dite suburbaine". En rompant cette convention tarifaire, Bernard Rivalta agite le spectre de l'arrêt de ces lignes de bus qui pourrait intervenir en septembre 2012.
Perte pour le Sytral : 9 millions par an
La situation particulière de ces 7 communes avait été abordée par le rapport de la chambre régionale des comptes du 23 mai dernier. Il soulignait notamment le manque à gagner pour le Sytral : "la contribution des communes ne compense pas le surcoût lié à leur desserte (…) Le non assujettissement des entreprises implantées dans ces communes conduit à l'absence de perception d'environ 9 millions d'euros par an, alors que les conventions passées avec ces communes ne procurent au Sytral qu'une recette d'environ 75.000 euros". Evoquant le bus n°68, Jean-Pierre Jourdain, président de la communauté de communes de l'Est lyonnais (CCEL), parle d'une "ligne déficitaire financée par le Grand Lyon". "On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre", renchérit Michèle Vullien, numéro deux du Sytral, favorable au changement. Pour se défendre, le maire de Vaugneray fait notamment valoir que le Département, qui dispose de la compétence transports interurbains, contribue au financement de ces lignes spécifiques via sa participation au Sytral.
Pour survivre, le Sytral devra s'étendre
Le sujet n'est pas seulement financier, il est aussi politique. La chambre régionale des compte estime que "pour des raisons d'intérêt financier, de cohérence, d'égalité devant l'impôt (tant pour les entreprises que pour les contribuables) et de qualité de service rendu à l'usager, il serait nécessaire que le Sytral s'élargisse s'il doit perdurer". La recommandation est impérative : "La dévolution, par la communauté urbaine, de la compétence transport au profit d'un syndicat dont l'aire de plein exercice continue à recouvrir très exactement la sienne n'apparait guère justifiée". En clair, pour survivre, le Sytral devra s'étendre à des territoires n'appartenant au Grand Lyon. Voilà qui explique aussi sa volonté d'intégrer ces 7 communes.
Les conditions posées à l'Est lyonnais
Les discussions avec Genas avaient pourtant bien commencé. En octobre 2010, un schéma de desserte est même adopté par la communauté de communes de l'Est lyonnais (comprenant Genas). Mais selon le président de la CCEL, les discussions ont capoté quand Bernard Rivalta et Gérard Collomb "ont posé un ultimatum et conditionné leur proposition à l'adhésion préalable au pôle métropolitain", actuellement en gestation et qui comprendrait le Nord Isère, la plaine de l'Ain et St-Etienne. Condition exprimée lors d'un déjeuner houleux en juin et qui n'a pas été posée aux communes de l'Ouest.
L'enjeu pour le président de l'agglomération qui guigne la tête de cette future organisation est d'absorber l'Est lyonnais pour mieux contrôler l'aéroport St-Exupéry. Or le maire de Genas ne veut pas entendre parler du pôle métropolitain. "Je ne peux pas engager mes 12.000 habitants dans un système que je ne connais pas", plaide Daniel Valero. Des réserves qui exaspèrent Michèle Vullien, numéro deux du Sytral. "Le pôle métropolitain, ce n'est pas un service à la carte : l'un pioche les transports, l'autre la culture, un autre les sports. On ne peut vouloir être dedans et dehors".
Contraintes supérieures pour l'usager
Certaines collectivités, à l'instar de Brindas, sont inclines à rejoindre le Sytral. "Pour l'instant, c'est ce que je préférerais", confie Christiane Agarrat, maire UMP (photo ci-contre). Et tant pis si ses entreprises devront mettre au pot ? "Il faut que les entreprises pensent aux usagers et à leurs salariés qui prennent souvent les transports en commun. Certaines se plaignent de ne pouvoir recruter faute de lignes de bus", justifie l'élue. D'autres municipalités hésitent. C'est pour les assister dans leur choix que le préfet pilote des groupes de travail.
La communauté de communes de l'Est Lyonnais a déjà tranché. Le 19 juillet, au cours d'un vote de principe, ils ont adhéré au nouveau syndicat porté par le Département, qui verrait le jour en 2012 et qui regrouperait les communes hors Sytral. Un choix que les élus présentent comme rétrospectivement naturel. "Excepté Genas, ce sont des communes qui n'ont pas des modes de vie d'agglomération. Or le Sytral sait surtout proposer un service urbain dense", estime Michel Forissier, 1er vice-président du Département.
Cette décision ne sera cependant pas sans conséquence pour l'usager. A l'heure actuelle, un utilisateur des lignes départementales qui voyage aussi sur le réseau TCL peut s'acquitter chèrement d'un abonnement unique de 71,90 euros (qui comprend les 49,10 euros mensuels des TCL et les 25 euros mensuels des lignes départementales) ou d'un ticket unique de 3,10 euros (1,60 euro pour les TCL et 2 euros pour le Département).
Vers une disparition du Sytral ?
Le maire de Genas est prêt à une prise en charge supérieure de la collectivité. Mais les passagers ne pourront pas - sauf accord avec le Sytral - bénéficier de plusieurs arrêts de bus. La question se pose sur leur trajet retour : ils n'auront d'autre choix que d'embarquer au point de départ de la ligne pour rentrer chez eux. Pour le président de la CCEL, l'intérêt est surtout d'atteindre Grange Blanche, avec une connexion au métro D.
Le paradoxe, dans cette affaire, est que ni le Sytral, ni le Département ne sont sûrs de gérer les transports à horizon 2015. S'il ne s'étend pas, le premier est condamné à "rendre" la compétence transport au Grand Lyon. Le second pourrait faire les frais de la réforme territoriale et ne plus soutenir financièrement les transports, que ce soit au Sytral ou au futur syndicat de transport qu'il appelle de ses vœux.
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Atoubus : Genas a-t-elle été punie ?
En attendant un blocus des bus du Sytral, Genas a déjà été punie. Sa desserte a empiré depuis la mise en œuvre d'Atoubus, censée améliorer le service de transport. La municipalité déplore notamment des durées de trajet plus longues sur la ligne principale n°68 (ligne marron sur la carte ci-dessus) du fait de la suppression des lignes directes. "C'est un tortillard. On met 20 minutes de plus pour rejoindre Lyon", affirme une collaboratrice. Il est désormais plus fréquent qu'un passager mette plus d'une heure pour rallier son point d'arrivée. Il encourt donc une pénalité s'il ne s'acquitte pas d'un 2e ticket.
Claudia est élève du lycée Jean-Paul Sartre, seulement distant de 7km de son domicile. Agacée par les problèmes qu'elle rencontre, elle a organisé une pétition qui a recueilli 400 paraphes, déposée avant le lancement d'Atoubus. Avec la suppression des lignes directes, elle peut passer une heure et quart dans les transports chaque soir. "Si cette décision devait être maintenue, elle entraînerait des conséquences graves allant de la perte de l'emploi pour les uns à l'obligation d'utiliser des véhicules personnes pour les autres en alourdissant un trafic urbain déjà trop encombré", s'inquiète la maman dans un courrier. "Quelle image de notre société projetez-vous en appliquant des mesures tellement méprisables !", conclut la missive.
Ces plaintes étonnent Michèle Vullien, administratrice du Sytral, qui confie ne pas avoir connaissance "de remontées provenant particulièrement de Genas". "Le bilan d'Atoubus est globalement très positif", soutient-elle. Elle explique que les observations d'usagers remontent actuellement à la directrice de l'exploitation, qui centralise les doléances. Des améliorations seront ensuite apportées.
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Département : vers une sortie du Sytral d'ici à la fin de l'année
Le rapport de la chambre régionale des comptes a fait l'effet d'une bombe. Les magistrats ont clairement posé la question du maintien du Département dans le Sytral alors que "les limites du périmètre de transport urbain lyonnais se confondent avec celles de la Courly"."Nous ne pouvons pas rester dans le Sytral qui a une seule compétence qui est celle du transport urbain", confirmait Michel Mercier lors de la dernière assemblée départementale. "Il veut en sortir avant la fin de l'année", nous informe un conseiller général. Conséquence : des élus départementaux envoyés par le conseil général ne siègeront plus au conseil syndical du Sytral, comme Georges Barriol, le vice-président. La question de la participation financière du Département est aussi posée (19 millions d'euros), même si la collectivité peut continuer à payer pour une organisation dont elle n'est pas partie prenante.
Il faut un truc plus grand que le sytral genre STIF. Qui englobe d'autres réseaux... De manière à organiser de manière cohérente le transport sur un territoire métropolitain qui est aujourd'hui bien plus grand que le Grand Lyon... C'est le seul projet qui pourra mettre en place une offre de transport utilisable pour tous.Mais bon, ce n'est pas avec les communes de l'Est qui, au fond, ne veulent pas de transports et pas d'urbanisation et l'hypocrisie du sytral que l'on pourra y arriver.
Quel ménage à faire au SYTRAL ! quel mépris des clients ! N'oublions pas que nous payons et à plusieurs titres la place de bus. Je crois que les planqués du SYTRAL devraient commencer à prendre les transports en commun pour comprendre ce que nous subissons; c'est honteux.