SÉRIE (12e circ./14) – Dans le cadre de la campagne des législatives, les candidats du Rhône répondent au questionnaire envoyé par Lyon capitale : quelles propositions de lois voteront-ils s'ils sont élus à l'Assemblée nationale ? Lesquelles soumettront-ils eux-mêmes au Parlement ? Matthieu Chauvin nous répond. Il est candidat Solidarité Liberté Justice Paix dans la 12e circonscription du Rhône (Cantons d’Irigny, Oullins, Sainte-Foy-lès-Lyon, Tassin-la-Demi-Lune).
A 49 ans, Matthieu Chauvin est réalisateur. Lors des élections régionales de 2010, il a été tête de liste Sud-Est.
Lyon Capitale : Êtes-vous pour ou contre le mariage homosexuel ? Et l'adoption par des couples homosexuels ?
La société reconnaît le mariage parce qu’il permet de constituer une famille et d’accueillir les enfants dans un environnement stable dans lequel ils trouvent les références féminines et masculines nécessaires à leur épanouissement. La famille est pré-existante à l’Etat et celui-ci n’a pas autorité pour définir une réalité qui le fonde. Or, les homosexuels ne peuvent ni constituer une famille ni accueillir naturellement des enfants. C’est pourquoi l’immense majorité d’entre eux ne demande pas le mariage. Les personnes homosexuelles sont une très petite minorité (0,30% des Français en 2007 selon l’Inserm http://csf.kb.inserm.fr/csf/PDF/HOMOFemmes.pdf). Seuls quelques petits groupes militants peu représentatifs demandent une telle loi. Priver un enfant du modèle de l’altérité homme/femme est un véritable crime contre sa personne. Les spécialistes de l’enfance sont quasi unanimes à reconnaître que l’homoparentalité est douloureuse et destructrice pour l’enfant. A quoi sert l’adoption ? A satisfaire des adultes en mal d’enfant ou à servir avant tout l’intérêt d’enfants en situation difficile ? Je ne laisserai pas des idéologues et des démagogues jouer avec l’avenir d’enfants déjà frappés par la perte de leurs parents naturels et que certains voudraient sacrifier à leurs propres désirs de parentalité. Les partisans de l’adoption homosexuelle tendent à considérer l’enfant comme un objet.
Êtes-vous pour ou contre la surtaxe Hollande de 75% pour les revenus au delà d'un million d'euros annuel ? Souhaitez-vous créer des exceptions pour certaines professions (sportifs, artistes…) ?
Je suis pour une simplification de la fiscalité et une complète refonte fiscale. Cela peut faire plaisir de taxer les riches mais l’impact de cette mesure sera minime. Au nom de quoi faire une exception pour les artistes et les sportifs ?
Souhaitez-vous une intervention de l'État pour limiter la hausse du prix de l'essence ?
L’Etat n’a pas le pouvoir de fixer le prix du pétrole, mais il peut agir sur les taxes. Or, ces taxes représentent une part importante du budget de l’Etat. Nous ne pouvons pas, en période de crise budgétaire, amputer les ressources du pays. Développons des carburants alternatifs avec des taxes plus légères.
Pensez-vous qu'il faille réduire l'immigration légale en France ?
On sait tous que l’intégration aujourd’hui ne fonctionne plus et que l’immigration ne constitue plus aujourd’hui la force d’enrichissement culturelle et sociale qu’elle a été dans notre histoire. Il est urgent de penser l’intégration dans la durée et de nous donner le temps de construire cette intégration. C’est pourquoi je pense que le problème est moins une question de chiffre que de politique. Avant de parler de chiffre, il faut définir clairement ce que la France attend et demande à ces personnes qui viennent sur notre territoire et qui n’ont pas vocation naturelle à y rester si elles ne s’approprient pas notre culture. Il est normal qu’un pays puisse décider qui est le bienvenu chez lui et fixe des règles fondées sur la réciprocité et le respect mutuel. L’immigration n’est pas un dû et tout étranger doit admettre qu’il est accueilli. Cet accueil lui donne des droits à condition qu’il respecte les fondamentaux du vivre en France. C’est pourquoi je suis favorable à un contrat qui fixe les conditions réciproques de l’accueil. Il faut aussi mieux distinguer l’immigration économique de l’immigration temporaire liée à une situation de persécution, qu’on appelle le droit d’asile, et qui doit être plus largement ouvert, tout en restant lié au maintien des causes de cet asile.
Êtes-vous pour imposer un écart maximum de 1 à 20 dans la rémunération des salariés des entreprises publiques ? Des entreprises privées ?
La pensée chrétienne considère que "tout travail mérite salaire" et donc que plus le travail comporte de responsabilité, plus il comporte de rémunération. Fixer arbitrairement un ratio ne me semble pas nécessaire. Il est beaucoup plus important de définir le juste salaire de chaque personne qui travaille. Car tout salarié préfère recevoir un meilleur salaire que de voir le sien baisser et se contenter de la satisfaction morale de voir aussi baisser celui de son dirigeant. Ce genre de proposition est de la poudre aux yeux destinée à surtout ne pas poser la vraie question du juste salaire pour chacun. Un trop grand écart entre les hauts et bas salaires nuit à la cohésion de l’entreprise. Le deuxième scandale des rémunérations des dirigeants se trouve dans tout l’arsenal de stock options qui déconnecte complètement le travail et sa rémunération.
Êtes-vous pour ou contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ?
Le droit de vote des étrangers membres de l’Union Européenne existe déjà, Il existe de nombreuse façon de participer à la vie d'un pays ; notamment par l'action associative qui est grande ouverte aux étrangers. Je suis opposé au vote des étrangers non-membres de l’UE.
Pensez-vous qu'il faille conserver Hadopi ? Si non, par quoi souhaitez-vous la remplacer ?
Produire un objet culturel est un travail qui doit être rémunéré. Les droits d'auteurs sont la rémunération différée du travail de création. Hadopi est difficile à appliquer mais marque cette légitimité qu'ont les artistes à vivre de leur travail. Il faut trouver de nouveaux modèles économiques, mais la loi doit protéger la rémunération du travail des artistes ; il faut travailler cette question avec le monde de la culture.
Êtes-vous pour ou contre une aide publique à la construction de mosquées ?
C’est aux musulmans de France de financer la construction de leurs lieux de culte comme le font les chrétiens, les juifs et les autres religions. Mais vous posez une question très importante : quelle doit être la relation entre l’Etat et les religions ? Nous nous enfonçons dans une déformation de la laïcité, qui devrait-être une neutralité bienveillante de l’Etat en matière religieuse, vers une religion d’Etat qui veut faire de l’athéisme la seule expression religieuse autorisée dans le domaine public.
Êtes-vous pour ou contre le retour à la semaine de 5 jours à l'école ? Si oui, préférez-vous que la nouvelle matinée de classe soit le mercredi ou le samedi ?
Le problème de l’école n’est ni le nombre de jours ni le nombre de professeurs mais la nature de l’enseignement que l’on veut dispenser, et plus largement le rôle social de l’école. Alors que des classes entières d’élèves arrivent au brevet sans comprendre ce qu’ils lisent, on mesure les limites, pour ne pas dire l’irresponsabilité, des approches chiffrées. Il faut une politique de reconstruction de l’école, qui passe par plus de liberté. Pour que l’égalité des chances puisse être respectée, il faut instaurer le chèque scolaire qui permet aux parents de choisir sans contraintes financières l’école de leurs enfants.
Êtes-vous pour ou contre l'encadrement des loyers ?
Pour moi la vraie question se trouve dans la mission du logement social. Il est totalement choquant que le logement social soit d’une part presque attribué à vie, et d’une autre totalement inaccessible aux personnes qui en ont le plus besoin. On ferme le logement social à ceux dont on n’est pas certain qu’ils pourront payer leur loyer. Cette mesure explique pourquoi chaque jour des familles entières sont jetées dans la rue. L’Etat n’a pas vocation à donner un logement aux gens, ce n’est pas sa mission, par contre il doit pouvoir répondre aux détresses des Français ! Plutôt que d'encadrer le prix des loyers, je souhaite une politique du logement social qui soit cohérente.
Êtes-vous pour ou contre l’énergie nucléaire ?
Il se produit un accident majeur tous les vingt ans, à l’échelle historique un accident nucléaire en France est probable. Mettre en danger son pays et sa population pour produire de l’énergie est irresponsable. Il faut donc sortir du nucléaire, d’autant plus que cette énergie n’est pas inépuisable. Mais il faut le faire sans idéologie. Aujourd’hui, les technologies alternatives ne sont pas encore vraiment opérationnelles. Il faut donc avant tout travailler à être les premiers dans ces technologies d’avenir et maintenir nos centrales le temps qu’il faudra. Nous devons éviter l’idéologisme des Verts avec leur politique en faveur des panneaux solaires. Les panneaux actuels sont très polluants, sans filière de recyclage et de faible durée de vie. Leur impact écologique est négatif.
Êtes-vous pour la légalisation de l’usage de cannabis ?
On essaie de libérer les personnes du tabagisme, de l'alcoolisme, pourquoi légaliser le cannabis ? Je suis opposé à tout ce qui rend l’homme esclave.
Êtes-vous pour ou contre la réalisation des projets autoroutiers qui concernent l’agglomération : A45, COL, TOP ? Quels sont vos engagements personnels en matière de cumul des mandats ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Il est difficile de se concentrer sur plus d’un mandat à la fois, je suis donc partisan de limitations du cumul des mandats surtout dans le temps en limitant à deux ou trois le nombre de mandats successifs. Mais le plus urgent est d’éviter la professionnalisation de la vie politique. Il faut travailler à des outils législatifs pour faciliter le retour à la vie professionnelle des élus et distinguer les fonctions politiques et administratives, en exigeant des diplômés de l'ENA qu'ils renoncent à un mandat politique pour une certaine durée.
Quels sont vos engagements personnels en matière de transparence sur les rémunérations et les conflits d’intérêts des élus ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Le pouvoir corrompt, c'est pour cela qu'il faut obliger au renouvellement du personnel politique.
Quels sont vos engagements personnels en matière de temps de présence à l’Assemblée nationale ? Pensez-vous qu’il faille une loi pour réglementer cette question ?
Il faudrait surtout voter moins de lois et en abroger un grand nombre pour simplifier notre droit.
Quelles propositions de loi envisagez-vous de faire à l'Assemblée nationale si vous êtes élu(e) ?
Je travaillerai sur quatre sujets qui me semblent essentiels et que votre questionnaire n’aborde pas : la famille, l’école, l’économie sociale, l’accueil de l’enfant. Le parti Solidarité porte des propositions sur ces sujets et je travaillerai à les transformer en propositions de loi. Une loi pour mettre en place le forfait scolaire : qui permet aux parents d’attribuer les subventions publiques à l’école de leur choix. Ce système existe et fonctionne dans plusieurs pays européens. Il garantit le droit des parents à choisir les fondamentaux d’éducation, parmi les établissements qui remplissent leurs obligations en matière de résultats scolaires.
Une loi pour instituer le vote parental : Les décisions politiques prises aujourd’hui engagent l’avenir de nos enfants. Dès lors, il est normal dans le cadre de l’autorité parentale, que les parents puissent voter au nom de leur enfant mineur. Cette mesure est nécessaire pour renforcer le poids des familles dans la société et pour leur donner une reconnaissance sociale plus importante. Concrètement, le vote parental sera donné sous la forme d’une demi-voix par parent et par enfant, dans la limite de deux voix par parent (soit 4 enfants par famille), afin de ne pas instrumentaliser politiquement le nombre d’enfants. Le vote parental n’est pas lié au statut matrimonial mais est une application concrète de l’autorité parentale. Un dispositif d'information, de soutien et d'assistance aux femmes enceintes en détresse. Pour limiter le recours tragique à l'avortement, il est nécessaire soit de déployer des moyens importants pour rattraper un retard de 40 ans. Des dispositifs d'accueil doivent également exister pour l'après-avortement et toutes les souffrances qu'il porte. Conscient qu'il s'agit là d'un combat de très long terme, je m'engage à utiliser ma réserve parlementaire pour lancer un tel dispositif dans la circonscription.
Le développement de l’économie sociale. Et pour finir, la déclaration des droits de l’Homme de 1789 figure dans la constitution, elle est en quelque sorte la charte morale de la République. C’est pourquoi nous estimons nécessaire de proposer deux modifications qui prennent en compte des droits de l’Homme qui ne se posaient pas lors de sa rédaction.
- Modification de l’article 1. La première modification est l’ajout d’une évidence, que les rédacteurs n’ont pas précisée tant cela allait de soi : « Les hommes SONT CONÇUS, naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » Le même ajout sera proposé par la France à la déclaration Universelle des droits de l’Homme : « Tous les êtres humains SONT CONÇUS ET naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
- Ajout d’un article 31. Les évolutions technologiques ont apporté de nouveaux dangers aux libertés. Les radars automatiques qui impriment eux-mêmes les amendes ne sont qu’une préfiguration symptomatique de la façon dont les gouvernements sont tentés de confier aux machines le contrôle des populations, dans une approche déshumanisée de la relation entre autorités et citoyens. Il convient de protéger les citoyens contre les nouvelles politiques sécuritaires. Nul ne devrait être soumis à une répression automatisée, une machine ne peut punir un être humain. S’il est normal d’utiliser les nouvelles technologies pour faire respecter la loi, les dispositifs de répression dans lesquels la décision de condamner n’est pas prise par un être humain de façon individuelle et circonstanciée doivent être interdits. Il sera rédigé comme suit : Article 31 : « Nul ne peut être sanctionné en vertu d’un processus exclusivement automatisé ».