Après l’affaire Fillon, après la défaite de leur camp au premier tour de la présidentielle, après le ralliement de trois d’entre eux au gouvernement d’Emmanuel Macron, plusieurs ténors nationaux LR étaient ce mardi soir à Jonage, devant un peu plus de 500 personnes, pour lancer la campagne des législatives.
Laurence Fautra, Brice Hortefeux, Philippe Cochet, Philippe Meunier, Laurence Balas, Nora Berra, Bernard Accoyer, Michel Forissier, Michel Terrot, Françoise Grossetête, Élisabeth Lamure, Gilles Gascon, Natacha Bouchard, Étienne Blanc. De nombreux élus LR étaient réunis à l’espace Agora de Jonage, ce mardi soir, autour de Bernard Accoyer, Christian Jacob, Laurent Wauquiez et François Baroin pour resserrer leurs rangs avant la campagne. “Il n’y a jamais eu autant de ministres à la fois sur la commune de Jonage”, s’est amusé Lucien Barge, le maire de la ville, en préambule. Très vite, Michel Forissier, le sénateur-maire de Meyzieu, a mis les pieds dans le plat en annonçant le thème de cette réunion publique : marquer la différence LR/En Marche, attaquer le gouvernement d’Emmanuel Macron et les anciens élus du parti Les Républicains qui l’ont rejoint. “Certains de nos amis – d’ailleurs j’ai oublié leurs noms – sont aujourd’hui au gouvernement et ont oublié que la politique était un travail d’équipe”, a débuté M. Forissier. “Macron, c’est la théorie du genre adaptée à la politique : il dit que tout le monde est pareil (…) La seule qualité des candidats de La République en Marche est de n’avoir jamais rien fait en politique. Alors que ce soir sur cette scène il y a des gens qui ont fait des choses en politique”, a-t-il poursuivi.
Mais les deux têtes d’affiche de la soirée étaient bien Laurent Wauquiez et François Baroin. Le premier, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, a choisi de conserver son mandat et de ne pas briguer la députation en son nom. Le second, sénateur et président de l’Association des maires de France, a été désigné chef de file du parti pour la campagne des législatives. Deux hommes désignés comme l’avenir des Républicains qui incarnent aussi deux courants politiques au sein du parti : une droite plus dure pour le premier, quand le second est plus centriste. “Chacun sait que nous ne partageons pas tout sur tous les sujets avec Laurent Wauquiez, a reconnu en préambule François Baroin. Mais nous nous respectons profondément et puissamment. Dans la campagne, je suis heureux de l’avoir à nos côtés pour faire vivre nos convictions, notre projet.”
Quelques mots pour la région
Comme Gérard Collomb qui vante son “modèle lyonnais”, Laurent Wauquiez met en avant son bilan régional. “La vraie droite est celle qui travaille contre le travail détaché et nous ne nous laisserons pas faire par ceux qui nous disent que ça ne respecte pas les libertés publiques. Ici, nous ferons ce que nous voulons parce que c’est priorité à nos entreprises”, a-t-il déclaré en référence à la clause “Molière” mise en place par la Région, critiquée par l’opposition et la préfecture. Il a aussi félicité Étienne Blanc, son premier vice-président au conseil régional, pour avoir “remis de l’ordre dans les finances de la région” : “Nous, on a fait 130 millions d’euros d’économie en un an. Si toutes les administrations françaises font comme nous, on remet à flot notre pays en cinq ans.” Il s’est aussi félicité d’avoir refusé de financer l’Institut français de civilisation musulmane. “Nous avons assumé nos valeurs parce qu’il n’y a pas de compromission à avoir avec le communautarisme”, s’est-il justifié. “Ici, on est dans une belle et grande région. Ici, c’est une terre de résistance. Ici, on ne renonce pas à nos valeurs. Ici, personne n’a trahi pour les dorures des palais. Ici, ce ne sont pas les petits milieux parisiens encore ivres de leur victoire qui dicteront leur loi”, a-t-il conclu sous les hourras du public.
Wauquiez et Baroin : deux droites, vraiment ?
On s’attendait à une prestation good cop/bad cop sur scène pour contenter tous les courants du parti, mais les deux élus se sont montrés plus proches qu’il n’y paraissait. Sur la sécurité, la justice, l’économie, ils ont tous deux voulu affirmer la différence entre leur parti et En Marche. Avec deux angles d’attaque principaux : le “matraquage fiscal” des ménages avec l’augmentation de la CSG et le communautarisme. “Aujourd’hui, élus de droite vont être les complices et les alibis du plus grand matraquage fiscal fait en France”, a lancé Laurent Wauquiez. “Le choc fiscal sera proportionnellement plus lourd que ce qui a été fait par Hollande depuis cinq ans”, a renchéri François Baroin.
Sur le communautarisme, gimmick des meetings de droite, les deux élus ont parlé de Najat Vallaud-Belkacem, l’ex-ministre de l’Éducation nationale, candidate aux législatives à Villeurbanne. “Nous avons connu cinq ans de déconstruction de notre pays avec Najat Vallaud-Belkacem. Une destruction volontaire, une idéologie méthodique qui déteste la famille, qui refuse le travail, qui nourrit le communautarisme, qui veut un monde sans nation. Cette idéologie, c’est celle de Macron. C’est le successeur du quinquennat qui vient de s’achever”, a déclaré Laurent Wauquiez sous les huées de la salle. Même discours du côté de François Baroin, qui dit “souhaiter, au fond, que Najat Vallaud-Belkacem soit punie par les citoyens durant les législatives pour ce qu’elle a fait en tant que ministre”, avant de marteler, paraphrasant Gambetta (“Le cléricalisme, voici l’ennemi”) : “Le communautarisme, voilà l’ennemi.” Le président de l’Association des maires ruraux de France a aussi attaqué le nouveau ministre de l’Écologie : “Nicolas Hulot est l’inverse de ce que l’on croit. Il considère que les agriculteurs sont des jardiniers. Nous, des entrepreneurs qu’il faut aider. Il considère que les chasseurs sont des gens dangereux. Nous, les plus fins connaisseurs de la nature.” François Baroin a promis de “ne pas fermer Fessenheim”.
Se différencier d’En Marche
Les deux élus sont ensuite revenus sur le départ de membres de leur parti vers En Marche et sur l’élection d’Emmanuel Macron. “L’élection présidentielle a été le malentendu le plus terrible et cruel de l’histoire politique récente. Les Français ont voulu renverser François Hollande et ont élu son héritier. On nous a volé la présidentielle, mais on ne se laissera pas voler notre majorité”, a débuté Laurent Wauquiez. “Depuis quelques semaines, dans tous les milieux, les petits dîners en ville, on dit qu’il faut apporter une majorité à Emmanuel Macron. Mais ici il y a une droite de conviction et nous ne fusionnerons jamais avec En Marche”, a-t-il poursuivi. Laurent Wauquiez a tout de même concédé que Les Républicains “voteront évidemment les lois qui correspondront à l’intérêt de la France, mais resteront libres et ne prêteront pas allégeance, parce que nos valeurs ne seront jamais à vendre, nous ne serons pas les porteurs d’eau d’un projet néfaste pour la France”. Quant aux départs d’élus LR, le président du conseil régional a cité le général de Gaulle : “La forêt s’est éclaircie, bonne nouvelle.” François Baroin estime pour sa part qu’“il est indispensable d’avoir un échange qui ne se résume pas à EM/FN”. Il a critiqué au passage l’annonce d’Emmanuel Macron de vouloir gouverner par ordonnances au début de son mandat. “Manuel Valls est mort sur le 49.3, ce sera pareil pour le Gouvernement avec ses ordonnances”, a-t-il prophétisé.
Paroles de militants
Michel, retraité
“Cette réunion m’a rassuré après l’élection présidentielle. Il était important de parler du projet d’Emmanuel Macron parce que personnellement je suis retraité et ce qu’il veut faire sur la fiscalité m’inquiète. S’il faut choisir entre En Marche et le FN, je ne choisirai aucun des deux.”
Katy et Michel, retraités
“On connaissait déjà Wauquiez, c’est l’homme fort de la région. Il est pas mal ce jeune. Il a déjà du poids nationalement et il est fidèle aux Républicains. On n’aime pas du tout En Marche parce qu’ils sont contre la famille. Nous sommes tous les deux retraités et on sait que l’on va prendre une claque avec la CSG. Et Macron ne dit rien sur l’immigration, sur la sécurité et les fichés S.”
Clément, lycéen, militant Jeunes Républicains
“Cette réunion représentait un nouvel espoir. Pour trouver une majorité pour gouverner. Ce rassemblement était aussi rassurant parce qu’il a montré que notre famille est unie. Laurent Wauquiez et François Baroin représentent vraiment ces politiques qui agissent. On le voit dans la région. C’est d’ailleurs pour les élections régionales que je me suis engagé pour la première fois en politique, derrière Laurent Wauquiez.
“Pour le moment, En Marche fonctionne, mais parce qu’il y a tromperie sur la marchandise. C’est une façade, une mode, qui va vite se démoder. Entre le FN et En Marche, je les laisserai se débrouiller entre eux et je m’abstiendrai.”
Alain, Marie et Jaqueline, retraités
“En Marche, c’est tout et n’importe quoi. Emmanuel Macron va taper sur les classes moyennes, ce qui va s’ajouter à ce qui a été fait depuis cinq ans. Ce soir, les élus, à l’image de Laurent Wauquiez, ont montré une énergie très forte. Ici, le président du conseil régional est très populaire, parce qu’il fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait, que ce soit sur les économies ou le fonctionnement. Entre le FN et En Marche, on ne choisira pas.”
Marie Guyon, conseillère municipale du 4e arrondissement
“Ce soir, l’objectif était de fédérer la grande famille des Républicains. Il faut tout de même rester prudent parce qu’à droite tous les candidats n’ont pas le charisme de Laurent Wauquiez ou François Baroin. Concernant une possible alliance avec le Front national, comme l’a évoqué Marion Maréchal-Le Pen, il est un peu prématuré d’en parler. Il faut d’abord se concentrer sur les législatives, chaque chose en son temps.”
'Paroles de militants' : 'Michel, retraité' ... 'Katy et Michel, retraité'... 'Alain, Marie et Jaqueline, retraités' Heureusement que vous avez rééquilibrer avec un jeune lycéen....
'Je t'aime, moi non plus' et quand tu te seras planté aux législatives, moi suppléant, je redeviendrai député si je peux reprendre les rennes LR...