Le Front national ne place qu'un candidat sur 14 au second tour de l'élection législative dans le Rhône. Même les circos dites "gagnables" ont échappées aux têtes d'affiches locales, dans un département traditionnellement peu favorable au parti frontiste. Les critiques envers le système ne masquent pas la démobilisation des électeurs, notamment dans des places fortes du FN.
Que les rêves de "majorité parlementaire" évoqués dans l'euphorie de la présidentielle paraissaient loin ce dimanche soir à la fédération FN du Rhône. Au niveau national le parti frontiste aura même du mal à atteindre les 15 députés élus, synonyme de groupe parlementaire à l'Assemblée nationale. Les résultats de ce premier tour d'élections législatives, annoncées difficiles, confirment le caractère peu fertile du Rhône pour le Front national. Avec des scores largement inférieurs à ceux observés au premier tour de la présidentielle.
Même dans circonscriptions les plus favorables (9e, 11e et 13e), les candidats frontistes ne verront pas le second tour. Quant aux quatre circonscriptions lyonnaises, le FN y conserve des scores faméliques, entre 4% et 7% (9% dans la 6e, à Villeurbanne). La seule bonne nouvelle de la soirée est venue de la 14e circonscription, où Damien Monchau (17,61%) devance Benjamin Nivard de la France Insoumise (14,51%) de 800 voix et sera opposé au député sortant Yves Blein (36% sous l'étiquette En Marche) au second tour. Mais ses chances de victoire sont plus que ténues.
Le FN manque la triangulaire dans les 9e et 11e circonscriptions
De mauvais scores au regard de la percée de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle donc. Avec une forte déperdition des voix FN. A Décines et Jonage où Marine Le Pen était arrivée en tête au soir du 23 avril, le Front national divise son score par trois. Une tendance qui se confirme dans tous l'est lyonnais, à Corbas, Meyzieu et Mions notamment, où le parti frontiste perd plus de la moitié de ses voix par rapport au premier tour de l'élection présidentielle.
Idem dans le Beaujolais, sur la 9e circonscription, où Christophe Boudot arrive troisième avec 15,59% des voix. Le chef de file du FN au conseil régional ne parvient pas à convertir les bons résultats de Marine Le Pen à la présidentielle (24%), sur ce territoire où elle talonnait Emmanuel Macron au premier tour. Défaite amère pour Antoine Mellies sur la 11e circonscription également. Le candidat FN arrive là aussi troisième, avec 14,65% des voix. Son parti perd plus de la moitié de ses voix par rapport au premier tour de la présidentielle, dans un territoire où sa présidente ne rendait pourtant qu'un point à Emmanuel Macron le 23 avril.
"Pas assez parlé aux électeurs de droite"
Cette large démobilisation de leurs électeurs, les tête d'affiches locales du FN l'attribuent à la forte abstention pour ce scrutin législatif, 50,49% dans le Rhône, soit plus d'un inscrit sur deux. Une abstention qui a pourtant souvent servi le parti frontiste. "On ne gagne jamais rien, les électeurs se disent que ce n'est pas la peine de se déplacer", avance Muriel Coativy. Pourtant c'est dans une circonscription à 64% d'abstention, que l'on trouve le seul candidat FN à accéder au second tour - Damien Monchau dans la 14e donc.
La secrétaire départementale du FN n'oublie pas de pester contre "le système, l'absence de proportionnelle, la nécessité de faire 12,5% des inscrits pour se maintenir". Même son de cloche chez Agnès Marion. "Macron a promis la proportionnelle, j'espère qu'il aura le courage de le faire" , glisse la conseillère régionale. Sur les faibles résultats de son parti, "la métropolistation nous fait perdre des voix, avance-t-elle, car les petits villages où l'on votent bien FN se vident" . Enfin, Antoine Mellies regrette "la cacophonie" et la "stratégie nationale" de son parti. "On n'a pas assez parlé aux électeurs de la droite", déplore-t-il.
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