Mais la gauche, défaite dans l'Est Lyonnais, garde quelques espoirs à Lyon et Villeurbanne.
1. Une élection sans enjeu
Beaucoup de citoyens ne sont pas allés voter, mais au fond pourquoi l'auraient-ils fait? Le débat sur les contenus politiques est plié. Patiemment pendant cinq ans le candidat Sarkozy a réussi à imposer ses thèmes jusque même dans le camp adverse. Les 53% d'électeurs qui ont voté pour lui ont dit clairement quelle politique ils voulaient. Allaient-ils changer d'avis avant même que ce projet soit mise en oeuvre? Quant à la gauche, elle n'a pas convaincu avec son pacte présidentiel. En politique, il n'y a pas d'oral de rattrappage. C'est une élection où le camp gagnant et le camp perdant sont déjà connus avant l'ouverture des scrutins. "Pourquoi ne pas l'avoir organisée en même temps que la présidentielle?" demande Gérard Collomb dans Lyon Capitale.
2. Un effet baleine : les gros poissons ont mangé les petits
Tous les petis partis sortent laminés, mais aussi les " moyens " : le PCF, les Verts, le F.N. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la démocratie, d'autant que leurs thèmes de prédilection ont été pillés par les gros, ce qui montre à quel point leur contribution au débat public était essentielle : écologie, justice sociale, identité nationale. On va vers configuration politique en parti unique prétendant tout couvrir de la droite à la gauche en passant par le centre, et qui affirme que tous les débats sont possibles mais à l'intérieur de son propre camp. Ouverture à l'intérieur et fermeture à l'extérieur.
3. Un paysage politique en plein bouleversement
Face à une majorité trop pléthorique et trop diverse pour être tenable dans la durée, tout le reste du paysage politique est en chantier. Un centre dédoublé entre un nouveau centre qui n'a pas d'adhérents mais aura des élus et un centre MoDem plein d'adhérents mais n'aura pas ou peu d'élus. Un parti socialiste qui n'est plus d'accord sur rien et va devoir tout remettre à plat, son projet et ses pratiques. Un parti communiste et une extrême gauche qui ne survivent décidément pas à leur inorganisation. Des Verts déboussolés par l'universalisation du thème écologique. Et un FN dont on vient de vider le compte en banque idéologique. Une seule certitude, une recomposition politique profonde va se faire. Paradoxalement, c'est la politique de Nicolas Sarkozy qui en sera l'élément moteur.
4. Municipales : Perben repasse en tête
Le chassé croisé entre Dominique Perben et Gérard Collomb ne fait que commencer. Même s'il est difficile de tirer des conclusions d'un premier tour de législatives, deux tendances semblent se dégager : Dominique Perben, qui n'a pas réussi à se faire élire dès le premier tour, doit encore faire ses preuves. Mais la droite semble reprendre l'avantage à Lyon. Elle est notamment en tête dans le décisif 4e arrondissement, où devrait se jouer les municipales. Cela peut encore changer dimanche prochain, en fonction des reports de voix du Modem. Le résultat du duel Muet-Hamelin à la Croix-Rousse sera donc observé de très près, quartier par quartier.
5. Le Grand Lyon bascule à droite
Si Gérard Collomb conserve de bonnes chances de garder la mairie en mars prochain, il aura beaucoup de mal à rester président du Grand Lyon. En 2002, déjà, il n'avait dû son trône qu'au ralliement de "petits élus" de droite. Mais depuis, la plupart des bastions de gauche dans l'Est-Lyonnais semblent avoit basculé à droite. Si cela se confirme aux prochaines municipales, Collomb devra déployer des talents exceptionnels de négociateur de couloir pour garder la présidence du Grand Lyon, où sont concentrés l'essentiel des pouvoirs et des moyens.
6. Mammouths en voie de disparition
Dimanche prochain, il pourrait ne rester que trois députés élus au siècle dernier dans le Rhône : Michel Terrot (UMP), élu depuis 1986, André Gerin (PC), élu depuis 1993, et Bernard Perrut (UMP), élu depuis 1997. Tous les autres "mammouths" sont sérieusement menacés. Le cas de Jean-Jack Queyranne (PS) est le plus impressionnant : élu pour la première fois en 1981, soit il y a 26 ans, il est en ballottage défavorable. A Lyon, Jean-Michel Dubernard (UMP), élu depuis 1986, est aussi menacé, même s'il a nettement plus de chances de s'en sortir. D'autres, comme Robert Lamy (UMP) ou Jean Besson (UMP), avaient pris les devants en ne se représentant pas. 2007 restera donc comme l'année de la nouvelle génération, avec les Havard (ou Braillard), Meunier, Verchère, Guilloteau...
7. Où sont les femmes?
Dans l'assemblée sortante, ce n'était déjà pas terrible : sur 14 députés du Rhône, on ne comptait que 3 femmes. Dans la prochaine Assemblée, ce sera encore pire : il y en aura, au mieux, une seule ! Anne-Marie Comparini (UDF) est en effet déjà éliminée, pour Martine David (PS) c'est tout comme... Il ne reste plus que Pascale Crozon (PS) à Villeurbanne, qui a une petite chance. Mais il faut dire que l'UMP n'a investi aucune femme.
Par Pierre Gandonnière et Raphaël Ruffier-Fossoul