Mais une nouvelle norme oblige les mairies à remplacer le message parlé par le son d'une clochette. C'est une "mise en danger de la vie d'autrui", s'insurgent les associations d'aveugles.
"C'est comme si votre GPS faisait bip bip pour vous indiquez votre route". Georges Masson et Lise Wagner, deux aveugles lyonnais de l'association Point de vue sur la ville n'en démordent pas : les maires ne doivent pas appliquer la norme édictée par le ministère des transports qui prévoit de remplacer les messages parlés des feux piétons par une clochette. Dans le Grand Lyon, 300 carrefours sont équipés de feux sonores. Jusqu'en 2002, le feu vert piéton comme le feu rouge émettaient un message parlé : "le feu piéton est vert pour traverser la rue Servient" ou, au contraire, "le feu piéton est rouge...". Mais en avril 2002, le ministre des transports de l'époque, le communiste Jean-Claude Gayssot a signé un décret qui oblige les feux verts piétons à être équipés non plus d'un message parlé mais d'une "ritournelle" qui ressemble fort au son d'une clochette. Les communes ont jusqu'en 2012 pour se mettre au diapason en remplaçant le message par le son.
Depuis, les associations d'aveugles se battent pour faire changer la norme. Mais les lettres aux ministres successifs n'ont pas abouti. Du coup, en cette période électorale, l'association lyonnaise Point de vue sur la ville a décidé de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui, dans le but aussi de faire réagir les politiques à Paris comme à Lyon. Selon l'association, cette "ritournelle" pose trois problèmes. Tout d'abord, la clochette se confond avec le bruit ambiant (travaux, circulation, sirènes,...). Ensuite, ce son est très proche du signal du tramway qui, contrairement à la clochette du feu, indique aux piétons de ne pas traverser. Enfin, ce signal sonore ne peut pas s'appliquer aux carrefours complexes dotés d'un îlot central puisqu'ils nécessitent des indications géographiques précises.
"On a édicté cette norme sans tenir compte de l'avis des principaux intéressés, explique Georges Masson, le vice-président de Point de vue sur la ville. Qu'on nous mette des messages intelligibles ou un jour il y aura un accident grave".
Contrairement aux maires de certaines villes comme Le Havre ou Nice qui font de la résistance active, Gérard Collomb, même s'il se déclare contre cette norme, a décidé de l'appliquer tout en maintenant les anciens feux le plus longtemps possible. Quant à Dominique Perben, il estime aussi que la norme doit être changée. Il ajoute que s'il était élu, il arrêterait sa mise en place. "A l'époque où il était ministre des transports (de mai 2005 à mai 2007) on l'avait mis au courant par courrier, précise Georges Masson. Mais il n'avait pas donné suite".
Les commentaires sont fermés