Les Dialogues (Presque) Imaginaires > Episode 6 : Collomb / Ségolène

Régulièrement, au gré de l’actualité et des différentes prises de position, retrouvez sur lyoncapitale.fr un feuilleton passionnant. Parce que, comme l’écrivait Paul Auster dans La chambre dérobée, "chacun sait que les histoires sont imaginaires. Nous savons qu’elles ne sont pas vraies même quand elles nous disent des vérités plus importantes que celles que nous pouvons trouver ailleurs". Dans ce sixième épisode (presque) imaginaire, Ségolène Royal, qui défile aujourd’hui à Lyon avec 200 militants socialistes, croise Gérard Collomb à Bellecour et entame la discussion.

Ségolène Royal : Ah, Gérard, ça fait plaisir de te voir. Depuis tout ce temps… Tu as une mine resplendissante !

Gérard Collomb : Tu n’es pas mal non plus, tu n’es pas mal. Je voulais juste te dire… Ne sois pas vexée, mais la manif vas-y mollo hein, pacifique.

SR : Tu vas pas t’y mettre toi aussi ?! Tout juste si ce n’était pas moi qui courais d’une manif à l’autre pour casser les vitrines ! Alors que j’étais à Venise.

GC : Je sais, je sais. Mais cette petite plaisanterie c’est pas donné, une manif ça va mais trois manifs bonjour les dégâts ! Cent commerces dégradés, des scènes de pillage inouïes, des bagnoles incendiées… Enfin c’est ce qu’on m’a raconté parce que moi aussi j’étais en voyage.

SR : Ne me dis pas que tu étais à Venise !?

GC : Non, ça j’ai déjà fait, avec deux couples d’amis. Là j’étais à Tokyo. Un aller-retour rapide parce que j’ai dû revenir en cata pour la télé. C’est comme ça, c’est la vie.

SR : Ça c’est pas de bol. En Charente rien à signaler. Du coup j’ai pu tirer quatre jours. Le Rialto, le Pont des Soupirs, on est allé en Vaporetto jusqu’à Murano. Dans l’avion, j’ai même eu le temps de préparer un Pacte pour l'emploi des jeunes, pour lutter contre la "Désespéritude" dans les banlieues.

GC : J’ai vu ça, les militants m’ont raconté ta petite sortie d’hier soir. Ça mange pas de pain, ça mange pas de pain. Tu repars ce soir ?

SR : C’est pas gagné, avec toutes ces grèves... Mais je trouverai bien un TGV, de toute façon c’est surtout un baroud d’honneur, il faut reconnaître qu’on est dans "l’essoufflitude".

GC : C’est pour ça que je suis pas allé au Sénat. C’était déjà plié. Et puis faut que je m’organise, avec la Toussaint qui se profile. Et comme les conneries de Raffarin plus personne s’en souvient, hop ! je me tire. On va quand même pas bosser un jour férié pour payer les retraites. Y en a marre. Avec tout ce qu’on fait. Les gens se rendent pas compte. La critique est facile.

SR : Laisse dire ! Ce qui est bien avec le baudet du Poitou, c’est qu’il se reproduit pas ! Ah ah.

GC : Excellente celle-là, je la ressortirai !

SR : J’en ai une autre : comme dirait Sarko, faut pas se Môquet ! J’ai balancé ça aux militants hier. Ça a fait son petit effet. Après tout, faut pas oublier que le Guytou il l’a écrite à dix-sept ans sa fameuse lettre. Dix-sept ans, pas plus. L’agité du bocal devrait s’en souvenir, lui qui tape toujours sur les jeunes.

GC : Ah, on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans…

SR : On va sous les tilleuls verts de la promenade… Tu sais c’est sérieux, il faut que tous les jeunes se lèvent le matin avec quelque chose à faire. Ils sont désespérés, ils se sentent insultés. Ils me l’ont bien dit hier, c’est la faute des médias qui font le jeu du gouvernement, alors ça part en "cacahouètude". C’est ce qu’ils m’ont dit.

GC : Ouais, ça part en "sucettude" même. Tu rentres ce soir ?

SR : Mais tu me l’as déjà demandé ! Gérard, tu es sûr que tout va bien ?

GC : C’est sûr, je fatigue un peu. Il me faut des vacances. C’est sûr.

SR : Viens avec moi, ça te changera les idées, tu verras du pays ! Demain je fais un sitting pacifique à Clichy-sous-Bois. Ils ont du courage, tous ces jeunes, ils ont du courage. C’est salutaire. Rien n’est pire que le repli sur soi.

GC : C’est gentil mais j’ai déjà réservé pour Shangaï. Une prochaine fois…

SR : Tu sais combien de Miles j’ai accumulés ? Allez : dis un chiffre !

GC : Je sais pas moi… 50 000 ?

SR : Tss ! Tu n’y es pas du tout ! 117 000 ! J’ai un super plan avec la carte Flying Blue !

GC : Tu m’étonneras toujours, Ségolène. Tu fais un saut à la mairie tout à l’heure ?

SR : Je ne te promets rien, je me suis tellement éclatée avec la CGT hier soir devant le Toboggan. On a chanté comme des fous. C’est la lutteu finaleu ! Je crois que je vais y retourner !

GC : Vas-y mollo hein, pacifique. Tu m’expliqueras, pour la carte ?

SR : T’inquiète, Gérard, t’inquiète. Ah qu’est-ce que je m’éclate dans ta ville ! De Lyon faisons table rase ! Foule esclave debout debout ! Le monde va changer de base ! Nous ne sommes rien soyons tout ! C’est la lutteuuu finaleuuu !!! L’internationaleuuu !!! Seraaaa le genre humainnnnnnnnnnn !!!

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